jeudi 18 novembre 2010

Dracula

Les fidèles de ce blog le savent : je suis un grand fan de la période « cinéma fantastique » de la Universal dans les années 30, et de la naissance (ou de l’apothéose) des grands monstres du septième art : Frankenstein, l’homme-invisible, le loup-garou, le fantôme de l’opéra et, bien sûr, le plus séduisant de tous : Dracula.

Qui n’a pas vu Dracula de Tod Browning ne peut prétendre avoir vu Dracula au cinéma. Non pas tant parce qu’il constitue l’une des premières apparitions officielles du vampire au cinéma, mais bien parce que le mythe du suceur de sang passe obligatoirement par Bela Lugosi, par son « I am… Dracula », par son jeu théâtral (notamment le fameux regard) et par son charme vénéneux. Chaque minute à l’écran est un bonheur de cinéphile, tant il frôle constamment le sur-jeu sans jamais y céder.

Par ailleurs, Tod Browning est un cinéaste majeur qu’il ne faut pas sous-estimer. Si sa réalisation ici prête à sourire plus d’une fois quand il utilise des effets spéciaux (les chauves-souris sont ridiculement niaises), elle est néanmoins délicate quand il s’agit d’illustrer un manoir en ruine, la beauté d’une actrice ou la tension d’un duel psychologique entre Dracula et Van Helsing par exemple. Sans être extraordinaire, la mise en scène de Browning est rythmée, va à l’essentiel et permet au film de ne pas lasser le spectateur et de le tenir en haleine de A à Z.

Hélas… On peut être fan des décors, de Bela Lugosi, de ce charme qui se dégage de ces films fantastiques des années 30, il faut bien admettre que ce Dracula de Browning, si réussi soit-il, souffre d'une très sérieuse concurrence. Sans les énumérer tous, il y a bien évidemment l’angoissant et toujours surprenant Nosferatu de Murnau (où Max Shreck est bien plus flippant que Bela Lugosi, certes dans un registre moins glamour). Il y a le sulfureux Cauchemar de Dracula, où Christopher Lee efface largement la performance de Lugosi en matière de vampire raffiné et angoissant. Enfin, il y a le baroque Dracula de F.F. Coppola, pour ne citer que ces trois références là.

Du coup, quand on repense à tout ça, Dracula a pris un sacré coup de vieux, et ne possédant pas la richesse thématique de films comme Frankenstein ou L’Homme-invisible, il n’a pu traverser les âges de la même manière. N’en déplaise : il reste un classique agréable à regarder et divertissant. En soi, voilà qui est largement suffisant.

Note : ***

PS : la nouvelle bande sonore composée par Philip Glass, que l’on peut trouver sur le dvd, prouve quant à elle 2 choses : 1/ Glass est un génie et 2/ la musique joue un rôle énorme dans l'ambiance d'un film. A la fois contemporaine et évoquant ces musiques de films muets, elle colle parfaitement au film et lui confèrerait une étoile de plus si je devais noter le film en en tenant compte.

2 Comments:

ideyvonne said...

Ah Lugosi dans le 1er Dracula, c'est vraiment quelque chose d'innoubliable! D'ailleurs il est sur mon blog (suffit de taper son prénom+nom dans le moteur de recherche) et tu pourras même le voir avec un sourire "normal" dans des photos en N&B...
Pour ce film je mettrai une mention spéciale aux décors et à l'athmosphère qu'il dégage. Une belle réussite pour l'époque qui a dû en faire pâlir plus d'un et plus d'une!

dasola said...

Bonjour Bastien. Que Philip Glass soit un génie est une évidence. Il transcende chaque film dont il fait la musique: The Hours par exemple. Sinon, je n'ai jamais vu ce Dracula. Il faudrait que je remédie à cette lacune. Et il faut noter que Bela Lugosi a été enterré paraît-il avec son costume. Bonne soirée.