mercredi 15 septembre 2010

Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre

Astérix n’a pas vraiment eu de chance au cinéma en matière de film « humain » : après un premier Astérix contre César catastrophique, pas drôle et aussi mal joué que mal filmé, et avant un Astérix aux Jeux Olympiques franchement pathétique et insultant envers les fans, le film de Chabat a connu un sort étrange. Dans un premier temps libre de tout mouvement, Chabat s’est ainsi vu « rejeté » par Uderzo selon la rumeur, se sentant trahi des libertés prises par l’ancien Nuls (alors qu’il a aimé le troisième film mais bon), ce qui a coûté la vie d’Astérix en Hispanie prévu par Jugnot dès 2003 et mis fin à la présence de Clavier dans le rôle du Gaulois…

Pourtant, ayant grandi comme beaucoup avec le petit moustachu à la potion magique, je trouve que Chabat a été d’une fidélité exemplaire à la BD originale (certains plans provenant directement de la BD) tout en réussissant à être une œuvre personnelle du cinéaste. On retrouve tous les ingrédients de l’univers de base (les caractères d’Obélix et Astérix, les pirates, la tête en l’air de Numérobis, la fourberie cartoonesque d’Amonbofis) et l’humour absurde de Chabat, tant au niveau visuel (le combat de kung fu, les références cinématographiques de Pulp Fiction à Jurassic Park) qu’au niveau des dialogues (« Le druide s’appelle… Téachix… - Panoramix ? – Ouais c’est ça, je savais bien que c’était un truc large… »). Les fans de tous bords trouveront donc leur bonheur ici, surtout si comme moi ils aiment les deux humour à la fois ! Il est juste dommage que par moments Chabat veuille trop en faire et se perd dans des séquences un peu longues, pas forcément conformes au reste du film (la séquence « I feel good ») mais dans l’ensemble, c’est du grand n’importe quoi maîtrisé.

Le point fort d’une comédie réside souvent dans ses acteurs : ce sont eux qui donnent le rythme et le ton d’une scène, et les meilleurs dialogues n’auront aucun impact si l’acteur joue mal. Chabat le sait, et a donc su s’entourer de comédiens impeccables : on pourra sans doute discuter de Jamel Debbouze et de son style dans ce film (pas moi : je trouve qu’il apporte une touche non-négligeable et fort drôle au film) mais on ne pourra nier que Gérard Darmon en Amonbofis est tout simplement irrésistible. Les seconds couteaux sont tout aussi bons : Clavier et Depardieu en héros relégués au second plan restent plus que corrects, Dieudonné en général sans mémoire des noms, les petits clins d’œil des Robin des Bois, Chantal Lauby ou Pierre Tchernia ou surtout Edouard Baer en scribe prolixe et confus, tous sont à leur place. Et comment ne pas parler de Monica Bellucci, idéale en Cléopâtre caractérielle, avec ses magnifiques fe… euh ses splendides se… bref son nez ! Quel nez !

Une vraie belle grosse production française, preuve que finalement l’Hexagone en est capable parfois, et une leçon en soi : c’est justement en évitant de concurrencer les Américains dans leur domaine (ce qu’a vainement tenté Langmann avec le troisième film) mais bien en s’inscrivant dans une culture et tradition française (l’humour Chabat et Debbouze n’étant pas facile à exporter car jouant beaucoup sur la langue et le phrasé) qu’Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre a réussi à attirer autant de monde et se créer un réel capital sympathie auprès de toute une génération de spectateurs. Par Toutatis, Chabat a amplement mérité de pulvériser Boxoffis !

Note : ****

3 Comments:

ideyvonne said...

j'aime beaucoup ta phrase "c'est du grand n'importe quoi maîtrisé" et l'article montre tout à fait cette maîtrise qu'a eu Chabat avec toutes les nombreuses références ciinématographiues, musicales et autres...
Pour moi, ce film n'est pas un film culte mais une ANTHOLOGIE du cinéma français. Un vrai coup de Menhir, heu de maître!

neil said...

J'ai beaucoup aimé aussi cet épisode, le seul valable en effet. Les dialogues sont irrésistibles et les seconds rôles de qualité. Mis à part Jamel, Clavier et Depardieu, y a rien à jeter pour moi.

Anonyme said...

Je dirais la même chose que Neil.

Cet Astérix est le meilleur que j'ai vu. Les autres sont particulièrement mauvais surtout lorsqu'on met au casting Dubosc et Rousseau.

Si ce n'est pas Chabat, je n'irais pas voir le prochain ...