samedi 3 mars 2007

Saw


Le succès inattendu de 2004 que ce Saw.

Il faut dire que le film débute très bien : après avoir été préalablement drogué, un pauvre quidam se réveille enchaîné dans une salle de bain désaffectée. En face, un autre inconnu dans la même situation, et au centre, un cadavre baignant dans son propre sang, une arme à la main. C’est alors que Jigsaw, serial killer sans vraiment l’être, annonce la couleur : l’un des deux détenus devra tuer l’autre pour pouvoir survivre. « Let the game begin ! »

A noter que Saw est un premier film, indépendant de surcroît. Au programme donc : acteurs peu ou pas connus, décors limités, b.o. composée par les soins d’un ami des réalisateurs, budget très serré donc peu d’effets de style… Sauf qu’ici, le sort en a décidé autrement ! Ayant Danny Glover en tête d’affiche, musique composée par un membre des Nine Inch Nails, esthétique très travaillée, effets visuels clipesques… Rien n’a été laissé au hasard pour ce film qui à la base était un projet « direct to video ».

Voici donc comme transformer un thriller relativement basique en grosse claque. Le secret est de mélanger une foule de référence, histoire de séduire autant les cinéphiles que les amateurs du genre. C’est comme ça que dans un esprit et une esthétique très Seven, James Wan distille ça et là les références aux grands polars et autre films d’horreur, le plus souvent signés Dario Argento, ainsi qu’un final digne d’Usual Suspects, forcément diminué par le fait que le film ait une suite…

Il n’empêche que malgré ça, les acteurs ne sont vraiment pas top, hormis Danny Glover, sans doute parce qu’il est le plus expérimenté. C’est dommage d’ailleurs, étant donné que le reste du film vole assez haut.

Il y a en effet la réalisation, digne d’un professionnel du genre. Tout en s’inspirant de Sevn donc, James Wan parvient à s’en détacher, chose rare, pour imposer un petit monde personnel. Bien sûr, certaines erreurs auraient pu être évitées, de même que le montage du film se la joue « clipesque » pour être à la mode, mais en définitive, on retient plus l’ambiance angoissante du film. Sans oublier cette facilité à nous transformer, nous spectateurs, en témoin voyeuristes des scènes de crime sans pour autant que l’on s’en sente coupable. Ce qui peut s’avérer effrayant.

Reste le scénario qui, malgré plusieurs incohérences, parvient à tenir le spectateur de bout en bout, sans tirer forcément sur la longueur. L’atrocité des jeux de Jigsaw est d’ailleurs particulièrement travaillée, et pousse à redéfinir la notion du Mal : Jigsaw est-il vraiment un meurtrier, étant donné qu’il ne tue personne ? Ou sommes-nous nous-même des êtres maléfiques ayant besoin d’être remis dans le droit chemin (comme cette junkie redevenue clean après avoir survécu…) ?

Un premier film surprenant donc, qui ne méritait peut-être pas tout le bruit que l’on en a fait, mais qui méritait assurément de ne pas passer inaperçu.

Note : ***

1 Comment:

copa738 said...

Grosse claque pour ma part également ! Du gore, de la psychologie, de l'angoisse, un scénario haletant, une réalisation très "clippesque" (comme tu l'as déjà dis) et une bonne musique punk font de ce "Saw" un chef d'oeuvre d'un sadisme encore jamasi égalé.