Jean-Pierre Mocky, c’est un peu comme le poumon de brebis farcie à la sauce à la menthe : on le digère ou pas. Il faut dire que le loustic s’est illustré dans bon nombre de critiques, pas toujours très subtiles, des travers de la société. Alors quand il se frotte à l’Eglise et en particulier Lourdes et son univers plus capitaliste qu’ecclésiastique, on est en droit de s’attendre à du lourd.
Et ça, on n’est pas déçu, c’est du lourd. Enfin, du lourdingue devrais-je dire : peut-être que le film a fait son petit effet à sa sortie mais aujourd’hui, l’humour gras, pataud et pas drôle ne fait plus mouche. Pire, il est aussi drôle que la messe du dimanche sur France 3, y a qu’à voir. Au-delà des caricatures poussées (le curé belge, la bohémienne qui s’habille à la Esmeralda de Notre-Dame de Paris) et des personnages mal croqués (le petit malfrat, l’inspecteur des assurances, le beau et jeune prêtre et la prostituée convertie), le scénario est bien lent et long pour dire… ben pas grand-chose en fait. Quelques idées vachement cyniques sont bien présentes pour détendre le tout (la secte des chaises roulantes) mais ça s’arrête là.
Côté acteurs, on a déjà vu mieux aussi : Poiret est aussi crédible en voyou que ne le serait Ponce Pilate dans un remake de La mélodie du bonheur, Serrault en fait des tonnes et Moreau en Marie Madeleine à la date fraîcheur dépassée est transparente. Un trio de choc qui choque surtout par sa faiblesse de jeu, acteurs ayant perdu la foi vis-à-vis d’un film dont ils ont du sentir le potentiel gâché.
Et ce n’est pas la réalisation qui rattrape le tout. Autant Mocky peut parfois être inspiré (sa manière de filmer la cité dans A mort l’arbitre m’avait plutôt surpris) autant ici, le film est aussi passionnant que la traversée du désert d’Abraham version longue. C’est plat, sans audace, sans vie même, ressemblant parfois plus à un téléfilm qu’à un vrai long métrage de cinéma. Si on pourrait encore comprendre ce problème dans les films récents du cinéaste (qui, il est vrai, est loin de connaître l’aisance d’un Spielberg pour monter ses projets), à l’époque il avait de l’argent donc pouvait faire mieux.
N’en déplaise aux fans de Mocky, j’affirme que ce film n’a rien de drôle, tout au plus fait-il sourire de temps à autres (et parfois malgré lui, ce qui est quand même un poil embêtant). Quand on imagine quel film aurait pu être réalisé sur ce sujet, on a encore plus mal. Au royaume de la critique les lourdingues n’ont définitivement pas leur place.
Note : *
vendredi 9 juillet 2010
Subscribe to:
Publier les commentaires (Atom)
2 Comments:
je déteste les films de Mocky et celui-là n'échappe pas à la règle
Je ne goûte guère Mocky qui à mon avis sous couvert d'une vague anarchie libertaire me semble la plupart du temps particulièrement conformiste.Sauf à la rigueur quelque-uns de ses premiers films.Il est vrai que je n'ai pas vu ses... 30 derniers films.
Post a Comment