samedi 3 février 2007

Cinéastes à tout prix


Faire du cinéma est le rêve de milliers de personnes, mais du rêve à la réalité, le passage est souvent délicat voir impossible. Pourtant, il existe toujours des cinéastes indépendants (et croyez bien que le terme n’est pas usurpé) qui n’ont cure du système et font les films qu’ils veulent. C’est ce qu’a voulu illustrer Frédéric Sojcher dans son documentaire Cinéastes à tout prix.

Intentions du réalisateur : « Je suis fasciné par la ténacité des cinéastes, qui pendant des dizaines d'années ont consacré tout leur temps libre, toute leur énergie, toutes leurs économies à leurs films. Mon documentaire veut approcher cette fièvre du cinéma. Quoi de plus universel que la passion ? Pas besoin d'être cinéphile pour être touché par l'exaltation, la persévérance obsessionnelle et la profonde humanité de ces Cinéastes à tout prix (...) J'ai choisi trois cinéastes, alors qu'il y en a sans doute d'autres qui auraient pu faire partie du documentaire. Je n'ai aucune ambition encyclopédique. Je ne filme que des cinéastes qui m'ont touché, en tant que personnes. Je souhaite communiquer le plaisir que j'ai eu à les rencontrer, l'intérêt pour un cinéma insolite qu'il m'a fait partager. »

Ce qui fascine probablement le plus dans ce documentaire n’est pas tellement son sujet que les protagonistes qu’il présente : trois allumés, faisant des films avec de vraies armes (parce que les fausses coûtent trop cher…) ou des maquettes de soldats de plomb (parce que refaire l’armée de Napoléon, c’est pas évident…) mais dont la passion pour le cinéma est si forte qu’aucune critique, aucune contrainte ne les arrête. Vedettes du Festival de Canne (un petit festival belge qui projette ce genre de films, à ne pas confondre avec le Festival de Cannes), ces « artistes hors normes » sont touchants car sincères, sans arrière-pensée capitaliste où seul le plaisir de faire un film compte, quitte à y passer des années.

Bien qu’elle soit ponctuée d’interviews intéressantes (les points de vue de Benoît Poelvoorde, Bouli Lanners et le célèbre entarteur Noël Godin), la démarche de Sojcher est aussi louable que classique. Pas une grande faute en soi mais on aurait aimé voir un documentaire plus envolé, plus trash à la manière des films qu’il présente, bref un bonne grosse claque qui aurait secoué le monde du cinéma. Le simple portrait de déjantés fan de la pellicule perd ainsi un peu de son impact, et c’est bien dommage.

Mais on ne va pas se plaindre de toute manière, le bonheur de voir que des cinéastes pareils existent étant un véritable régal. L’envie de découvrir leurs films devient subitement très forte, et le respect qui en découle est total. Le mot de la fin revient sans doute à l’anticonformiste Jean-Jacques Rousseau : « Si j'avais eu les moyens de Spielberg, j'aurais fait mieux. S'il avait eu mes moyens, jamais il n'aurait fait du cinéma. »

Note : ***

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