lundi 2 mars 2009

J'ai vécu l'enfer de Corée (The Steel Helmet)


Il est de notoriété publique que Samuel Fuller était un maître dans l’art des films de guerre, et si on se penche un peu sur ses films on s’apercevra aussi qu’il était doué quand il s’agissait de faire un long métrage avec trois francs deux sous.

The Steel Helmet en est un illustre exemple à mes yeux : comment faire un film de guerre sans pognon, peu d’acteurs et de décors et en plus dans un contexte difficile (le film traitant de la Guerre de Corée et étant réalisé en… 1951, soit en plein milieu du conflit).

Après une magnifique scène d’ouverture, le film va suivre les efforts d’un sous-officier récalcitrant (annonçant de ci de là celui que sera Lee Marvin dans The Big Red One 30 ans plus tard) pour survivre dans un conflit absurde. Une fois encore, les personnages de Fuller sont des stéréotypes mais magnifiquement interprétés et permettant diverses réflexions qui vont au-delà du film de guerre : le racisme, l’abus de pouvoir, la violence…

Mais le plus étonnant pour moi reste la maîtrise totale de Fuller de son récit, capable de faire ressentir la lourdeur de la guerre sans la montrer (les plans de l’attaque finale ne sont que des stock-shots dont le grain de l’image dénote du reste du film). Quand on pense que le film a été réalisé en 11 jours, cela relève de la prouesse.

Fuller ne s’embarrasse pas non plus des codes du genre (patriotisme, film de communauté) mais au contraire s’en moque (les personnages sont individualistes et veulent rentrer aux USA) ; mieux, Fuller dénonce les conditions de vie dans un tel conflit (le simple fait de déplacer un cadavre vous fait exploser une grenade au visage, ou des ennemis n’hésitant pas à se déguiser en femme pour vous tirer dans le dos) et les conséquences dramatiques de la guerre (mort des gens, héros ou non, adultes et enfants). C’est d’autant plus virulent que ce film est, je le rappelle, sorti en plein conflit.

Troisième film du cinéaste et son premier film de guerre, The Steel Helmet confirmait déjà le cinéaste qu’allait devenir Fuller : un artiste franc, direct, sans fioritures et sans tabou, qui sous les ordres d’Hollywood n’hésita pas à exposer les dysfonctionnement d’une Amérique en perdition.

Note : ****

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