jeudi 19 mars 2009

L'étrange histoire de Benjamin Button (The Curious Case of Benjamin Button)


Comment conclure cet avis ? Tout simplement en disant que David Fincher, si brillant le considère-je, doit pouvoir allier ses deux casquettes de réalisateur, le trublion et le posé, pour pouvoir prétendre réaliser son chef-d’œuvre. En dépit, ce film à Oscars m’a laissé un goût de trop peu dans la bouche…

Je suis également heureux de voir que David Fincher arrive petit à petit à maturité, d’un point de vue cinématographique, misant plus sur les ambiances et la photographie que sur les effets spéciaux ou autres effets de style pour raconter ses histoires. Hélas, il y a tout de même ici un côté un peu trop académique, pour ne pas dire plan-plan, qui ne laisse que la place aux acteurs et à l’histoire pour défendre le film. Hors, comme je l’ai dit, ce ne sont pas des bases des plus solides.

Je m’attendais à un autre jeu de la part de Brad Pitt, également. C’est un acteur que l’on a souvent sous-estimé, qui démontre avec l’âge un choix subtil de ses films. Hélas, ici, peut-être étouffé par un maquillage certes bien fait, je ne l’ai pas trouvé au meilleur de sa forme, même s’il reste intéressant. Tel n’est pas le cas, par exemple, de Cate Blanchett qui m’a réellement séduit.

Le second point négatif est la durée qui me semble également excessive : le film aurait tout aussi bien pu durer 2h, en supprimant des scènes inutiles ou, du moins, trop longues (la scène de combat naval, fort réussie au demeurant, est trop anecdotique et pourtant trop longue).

Premier point négatif, cette touche hollywoodienne, le scénariste de Forrest Gump s’attardant trop sur l’aspect mélodramatique du film et usant parfois de ficelles narratives assez grosses pour parvenir à créer l’émotion. Il y a quelque chose de faux là-dedans, de non-sincère qui me dérange un peu. Dommage car le processus narratif (un seul point de vue, celui de Benjamin) est globalement respecté et bien utilisé.

David Fincher est pour le moins surprenant : quand on considère la saga Alien inchangeable, il parvint à imposer un style et un univers propre en se démarquant des présences pourtant colossales de Scott et Cameron au même poste précédemment. Puis avec Se7en il redéfinit le polar urbain et le film de serial killer hollywoodien, le dépoussiérant un grand coup. Avec Fight Club, il réalise un brûlot anarchiste comme film de commande. Avec Zodiac, il prend enfin tout le monde à contre-pied, lui monsieur ILM, avec un récit de plus de 2h40 où quasi rien ne se passe, où les effets spéciaux sont minimisés. Evidemment Benjamin Button était attendu au tournant, et hélas si de bonnes choses en émergent, j’avoue en être relativement déçu. Dommage.

Note : ***

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