vendredi 27 mai 2011

Les yeux de sa mère

Un jour, je serai cinéaste. Bon, le cinéma en Belgique, pas facile facile ; je m’expatrierai donc en France. Je ferai ce qu’appellent les artistes « de l’art » et le public « les films chiants » : du cinéma d’auteur.

Tout d’abord, je me ferai pas chier à utiliser un pied à ma caméra : rien de tel que la caméra à l’épaule, comme le cinéma-vérité de Morin et Rouch, une liberté totale de mouvement, comme la Nouvelle Vague. Et rien à foutre si du coup mon image en perpétuel mouvement file plus la nausée que n’impose une marque esthétique forte.

Puis je parlerai d’une famille explosée par la rancœur et le mal-être des membres. C’est bien ça, la famille en froid, ça c’est jamais vu. Enfin, si, y a de temps en temps des amateurs comme Wes Anderson qui en font de grands films, mais en France, pas besoin d’humour quand on peut être mélodramatique. Puis ce serait quand même cool d’avoir un personnage borderline, moralement et sexuellement, tant qu’à faire.

Alors pour m’assurer les bonnes grâces du public, je prendrais une grande actrice, style Catherine Deneuve, qui est toujours au top de son talent. Je prendrais aussi un acteur bien « d’auteur », comme Nicolas Duvauchelle. Et peut-être que je prendrai Géraldine Pailhas, à mi-chemin entre les deux publics. Et tous seront de bon niveau.

Et même que je ferai croire au spectateur, dans une première moitié du film, à un thriller se mettant doucement en place, à un film français qui trouve enfin son style sans copier les Américains ni sans virer dans le pathos et la caricature des films français habituels. Et puis alors, dans la seconde moitié, je céderai, et je ferai comme les autres. Et ce sera bien dommage.

Note : **

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