dimanche 1 mai 2011

Faites le mur (Exit Through the Gift Shop )

Artiste contemporain subversif et paradoxalement acclamé, Banksy signe avec « Faites le mur ! » un premier film à l’image de ses œuvres picturales : trouble, drôle et délicieusement grinçant.

Je connaissais un peu Banksy avant de voir le film, mais pas outre-mesure. Disons que ses œuvres me plaisaient beaucoup en plus de tout le mouvement qu’il représente peut-être parfois malgré lui. Bref, voilà qu’un beau jour, un vidéaste du nom de Thierry Guetta décide de faire un documentaire sur Banksy… Sauf que les rôles vont bien vite changer, et Banksy va alors réaliser un documentaire sur Thierry Guetta, devenu le street artist le plus bankable de l’année ! Une sorte d’arroseur arrosé… Mais si en l’occurrence l’arrosé, c’était le public ?

Il n’y aurait rien d’étonnant à découvrir que Faites le mur est un canular, une histoire montée de toutes pièces par Banksy pour critiquer le monde de l’art et la célébrité à outrance de nos jours. Après tout nous parlons de Banksy, dont le talent réside à détourner les objets pour en créer d’autres à la critique à peine plus qu’explicite. Il n’est donc pas impossible que son documentaire soit en réalité un documenteur, où Banksy, tel un Duchamp des temps modernes, met en exergue l’incompétence des critiques d’art et les dérives du système capitaliste voulant faire du moindre petit artiste une source financière exploitable.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : Faites le mur n’est pas un portrait de Banksy ou de Mr Brainwash mais bien un rapide mais complet panorama, via des rushes tournées par Thierry Guetta des années durant, du « street art », art de l’ombre trop vite mis en avant et ayant perdu sa vocation première : transformer le paysage urbain sans se soucier de l’argent que cela peut rapporter. Incisif, Banksy l’est en permanence, encore plus quand il explique la naissance de Mr Brainwash : c’est parce qu’il était nul derrière la caméra que Banksy a proposé à Thierry Guetta de se lancer dans le street art. Et de faire devenir un artiste sensé rester dans l’ombre une vedette internationale.

Documentaire ou canular, qu’importe : Banksy est parvenu à entrer dans le monde du cinéma par la grande porte.

Note : ****

1 Comment:

Wilyrah said...

On m'en a dit beaucoup de bien. Tu confirmes.