vendredi 3 décembre 2010

Team America

Trey Parker et Matt Stone : deux noms que les amateurs du politiquement incorrect (et insolent) connaissent très bien pour être les créateurs de South Park, dessin animé atypique s’il en est et pour le moins anticonformiste dans son dessin et, surtout, son humour gras et vulgaire. Le trait stylistique de Parker et Stone est, globalement, de défoncer tout ce qui est sur le passage à coup d’histoires improbables, de personnages antipathiques et de « fuck ». C’est un humour à part : on fonctionne ou on décroche très vite. Moi, j’adhère à 200%

Team America est relativement éloigné de South Park mais garde la même veine agressive et sans pitié. Ici, le trash de la série animée est bien édulcoré (la méchanceté gratuite est surtout basée sur l’ironie et la moquerie, moins sur le besoin de choquer), même s’il subsiste encore quelques séquences de mauvais goût assumé comme celle du vomi infini ou le massacre des acteurs hollywoodiens engagés. La provocation de Team America se situe surtout dans la critique cinglante de tout ce qu’elle touche :

- L’industrie du spectacle (la comédie musicale « Everyone has AIDS ») ;
- Les USA et leur politique belliciste ;
- Les intégristes et autres terroristes ;
- Kim Jong-Il (croqué à la sauce Eric Cartman : impayable !) ;
- Hollywood, ses films bidons (le même canevas, les même invraisemblances) et ses acteurs engagés envers et contre tout ;
- Etc.

En gros, ça flingue dans tous les sens, et dieu que c’est bon.

Il ne faudrait toutefois pas croire que la réalisation est pour autant délaissée. Si le côté bricolé et approximatif de South Park confère à la série (et au film) un charme indéniable, le côté rétro de Team America, avec ses marionnettes dont les ficelles sont apparentes est joliment contrasté avec la beauté visuelle du film (décors, actions, soin des marionnettes), est bien plus agréable à regarder et confère subtilement un charme supplémentaire au film : Parker et Stone s’affirment en tant que sales garnements ayant refusés de grandir et la noirceur du propos est contrebalancée par l’innocence de l’enfance symbolisée par ces jouets.

Allez, histoire de pianiller, disons que le film tire juste un poil en longueur par moments et que l'ironie et le sarcasme ne sont pas toujours clairement définis comme tels, ce qui empêche Team America d’atteindre les sommets du mauvais goût et de la parodie absolue. Au-delà de ça : "Americaaaaaaa... fuck yeah !"

Note : ****

0 Comments: