dimanche 12 décembre 2010

La classe américaine

Attention : cet artilce n’est pas un artilce sur le cyclimse. Merci de votre compréhension.

Le détournement de film n’est, en soi, ni quelque chose de récent ni quelque chose de rare : Woody Allen lui-même, pour ne citer que lui, s’y était collé en 1966 avec Lily la tigresse. L’intérêt ici est que le détournement passe non seulement par un redoublage mais carrément par un remontage. De ce point de vue, c'est une vraie belle leçon de cinéma, sur la notion de raccords (les regards, les axes, la règle de 180°, etc.) et on pourrait réfléchir au jeu de direction de spectateur (à la Hitchcock), vu qu'ici on finit par se concentrer tellement sur des détails (les acteurs, les dialogues) qu'on en oublie des décors sensiblement différents d'un plan à l'autre. Au-delà de la parodie, c’est donc un geste réflexif et théorique sur le cinéma que lancent les réalisateurs qui ravira tous les amateurs de réalisation pure.

Evidemment l’attrait principal du film, l’humour, reste sujet à discussions. Il faut au moins reconnaître, même si on n’aime pas le film, que le décalage total est largement assumé (l'intervention de Orson Welles qui n’aime pas qu’on plagie Citizen Kane, les dialogues devenus cultes comme « Tu baises les ménagères bien tu dois avoir le cul qui brille mais c’est pas ça qu’on appelle la classe ») même si à la longue, le film s'essouffle un peu et tourne vite en rond. On sent que les réalisateurs, dans leur grand délire, se sont avant tout fait plaisir (comme la séquence avec Charles Bronson en indien et les chips) et ont assemblé comme ils le pouvaient les séquences entre elles.

Cela étant, je suis particulièrement fan de l’exploit qui consiste à être allé chercher les authentiques comédiens de doublage de l'époque des personnages détournés : Raymond Loyer (l'acteur de doublage attitré de John Wayne, pas vraiment habitué à ce genre de doublage parodique) et Roger Rudel (la voix familière et nasillarde de Kirk Douglas et Richard Widmark) entre autres, ainsi qu’une brochette de trublions fort sympathiques (Alain Chabat, Dominique Farrugia, Jean-Yves Lafesse, Marc Cassot ou Lionel Abelansky).

Grand n’importe quoi qui s’assume et leçon de mise en scène, La classe américaine / Le grand détournement est un de ces films cultes qu’il faut absolument avoir vu au moins une fois dans sa vie, ne serait-ce que pour avoir un minimum de classe. Et le train des injures des détracteurs ne fera que rouler sur les rails de l’indifférence des fans. Monde de merde.

Note : ***

1 Comment:

dasola said...

Bonjour Bastien, jamais entendu parler de ce film. Je n'ai pas compris de quoi il s'agissait. Je vais faire mes recherches. Bonne soirée.