mercredi 15 décembre 2010

The Kid

Bien qu’il ait joué/réalisé un nombre incroyable de films auparavant, Le Kid est considéré comme le premier « vrai » film de Chaplin dans la mesure où il est son premier long métrage (« Six bobines de bonheur » soit une heure, précisait l’affiche de l’époque). C’est aussi un film intéressant car le style Chaplin s’y trouvait totalement étalé : un mélange plus ou moins réussi de burlesque et de mélodrame.

Visuellement d’abord : Chaplin est et reste un maître incontestable en matière de burlesque. Sa capacité à faire ce qu’il veut de son corps est tout simplement épatante : la scène de la bagarre est à ce titre édifiante, où comment face à un adversaire le malmenant Chaplin transforme son corps en véritable feuille morte virevoltant sous les coups. Mais au-delà du corps (plutôt le domaine de Buster Keaton, nettement plus athlétique), c’est dans le gag que Chaplin s’est surtout illustré. Une scène est très drôle de ce point de vue, celle de l’arnaque entre le Kid et Charlot : tandis que l’un brise les fenêtres à coups de pierre, l’autre vient les réparer en passant « par hasard » jusqu’à ce qu’un policier les démasque. Jubilatoire, cette séquence est aussi l’illustration du vrai point fort du film : l’association Chaplin et Jackie Coogan.

Ce petit bonhomme, haut comme trois pommes, est réellement épatant, tant dans la farce que dans l’émotion, et occupe tout simplement le devant de la scène, au détriment même de Chaplin ce qui n’est pas rien. Rien d’étonnant quand on voit le naturel de l’enfant et son talent qu’il ait été le partenaire préféré de Chaplin au cours de sa carrière comme le cinéaste l’avouait lui-même.

Ceci dit, le Kid m’a un peu déçu en le revoyant, car j’en avais un meilleur souvenir : Chaplin joue beaucoup trop sur le mélo facile (la bonne bouille du gamin, les violons, la misère noire de noire mais le bonheur d'être réuni plus fort que tout) et l'humour ne fait pas toujours mouche. Le scénario est fort léger et tiré par les cheveux (bien tombé que la mère devienne star puis se rend EXACTEMENT dans le quartier de son gamin : du mélo en plein j’vous dis) et ne contient à mes yeux pas assez de scènes marquantes (contrairement aux autres films de Chaplin) pour s'illustrer. A noter aussi cette scène de trop car trop longue et en rupture assez nette avec l’ensemble du film : le rêve de Charlot où il se voit dans un quartier peuplé d’anges avant que de petits démons viennent semer la zizanie.

Alors certes, la volonté de Chaplin était certainement de proposer un divertissement mais aussi une œuvre plus personnelle, détachée du burlesque et se dirigeant vers la comédie dramatique qu’il mettra du temps à maîtriser. Une ébauche honorable mais le meilleur était encore à venir.

Note : ***

3 Comments:

ideyvonne said...

C'est marrant, je trouve aussi que la scène avec les anges n'est pas terrible et qu'en plus on ne sait pas trop ce qu'elle vient faire dans le film.
Sinon, tout le reste du film est du Grand Art.Certes, c'est du cinéma "théâtral" mais c'était de mise à cette époque! "le Kid" aura permis à Chaplin de se replonger dans son enfance et d'exorciser plus ou moins ses démons et c'est en cela que le film est émouvant.

Vincent said...

Yeah Charlie c'est la mascotte de not' blog ! http://www.asbaf.fr/

dasola said...

Bonjour Bastien, bonne année 2011 (en retard). J'espère que tout va bien. Concernant The Kid, Chaplin a tourné un film un peu trop mélo mais cela reste en effet honorable. Le gamin est très bien. Bonne après-midi.