vendredi 28 mars 2008

Pitch Black


Parfois ce sont les films les plus discrets qui font vite parler d’eux : preuve en est avec le succès surprise d’un film inattendu, Pitch Black.

Petit retour en arrière : en 2000, David Twohy, illustre inconnu, décroche un budget de 23 millions de dollars pour porter à l’écran les aventures d’un mec du nom de Riddick, qui tombe malgré lui sur une planète peuplée de créatures affamées qui ne sortent que la nuit et, pas de bol, ça va justement être la nuit pendant un très long moment quand Riddick arrive là-bas. « Pitch Black repose sur une idée que je trouvais fascinante parce qu'elle nous plonge au coeur de l'enfance et de nos phobies nocturnes", explique le producteur Tom Engelman. "Je me souviens très bien de ma première frayeur, lorsque j'avais cinq ans. Je me suis réveillé dans le noir, dans une pièce étrange que je ne connaissais pas... j'étais terrifié. Je suis tombé du lit et j'ai couru à travers la maison en hurlant, poursuivi par toutes sortes de monstres et de démons. Lorsque j'ai lu le scénario la première fois, j'ai retrouvé cette peur lointaine que nous avons presque tous connue ». A sa sortie, le succès est de taille : 53 millions de dollars dans le monde, un succès plus énorme encore en vidéo et le lancement d’une suite intitulée Les Chroniques de Riddick nettement plus fournie côté budget.

Pourtant, rien n’explique véritablement un tel engouement : Pitch Black est un film de science-fiction comme on en a déjà vu des dizaines, s’inspirant de-ci de-là de succès comme Alien ou Starship Troopers. Le casting n’a rien de phénoménal non plus (à l’époque, Vin Diesel n’est pas encore connu) et la réalisation est de facture assez classique. Alors d’où vient le succès ?

Mystère complet. Peut-être du fait que le récit, bien qu’archi-connu, est construit de la bonne manière, comme Jaws, avec l’élimination progressive des humains, en distillant une ambiance assez sympa bien qu’en rien transcendantale.

Il y aussi la réussite absolue des effets spéciaux, qui constituent quand même l’essentiel du film, et notamment des créatures : croisements improbables entre un requin-marteau et un ptérodactyle, sont l'œuvre du Français Patrick Tatopoulos, designer sur Independence Day, Godzilla, ou I, robot. Du propre aveu de John Cox, chargé de la création des monstres : « Je n'ai jamais rien vu de plus terrifiant que ces créatures ! Elles mesurent 2,40 mètres de haut, avec des bras longs de 1,20 mètre et des ailes de 2,40 mètres d'envergure. Mais la tête est probablement la plus effrayante avec son énorme gueule, prête à tout dévorer ».

Enfin, une fois n’est pas coutume, rendons justice à Vin Diesel qui porte le film entier sur ses épaules : charismatique, physique et assez ambigu pour intriguer le spectateur, son personnage de Riddick reste sans doute l’une de ses plus belles composition avec celle d’Il faut sauver le soldat Ryan. Il faut dire qu’il a souffert le bougre : le premier jour par exemple, ses lentilles spéciales restèrent collées, et il fallu l’emmener chez l’ophtalmo le plus proche (en Australie, cela signifie trois heures !) pour l’aider ; une autre anecdote veut qu’il a réellement jouée la scène de la dislocation d’épaule ; enfin, il a également été victime d’une crise de claustrophobie alors qu’il jouait dans une chambre d’effets spéciaux. Quelques épreuves qui lui ont néanmoins permis de se révéler au monde entier et de devenir une star.

Film sympa mais sans grande envergure (mais était-ce son intention ?), Pitch Black reste dans le genre divertissement un agréable moment de détente, avec parfois quelques moments très réussis qui, hélas, se fondent trop vite dans la masse pour élever le film au panthéon des grands films de science-fiction.

Note : ***

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