mardi 25 mars 2008

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe... Sans jamais oser le demander (Everything you always wanted to know about sex... But were afraid to ask)


Woody Allen n’a jamais fait mystère de sa fascination burlesque pour le sexe. Alors comment s’étonner de voir apparaître dans sa filmographie le film à sketchs Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe… sans jamais oser le demander ?

Inspiré du livre d’éducation sexuelle de David Reuben, le film se divise en 7 chapitres : (1) Do Aphrodisiacs Work?, (2) What is Sodomy?, (3) Do Some Women Have Trouble Reaching Orgasm?, (4) Are Transvestites Homosexuals?, (5) What Are Sex Perverts?, (6) Are the Findings of Doctors and Clinics Who Do Sexual Research Accurate? et (7) What Happens During Ejaculation? A l’origine, on trouvait aussi un huitième segment, What Makes a Man a Homosexual?, où Woody Allen interprétait une araignée normale, et Louise Lasser une veuve noire ; après qu’ils aient dansé sur une toile, l’araignée faisait l’amour et la veuve noire mangeait l’araignée. Cette séquence fut coupée au montage car Allen ne trouvait tout simplement pas de fin qui le satisfaisait. Dommage…

Observons le film par segment :

(1) On commence par un Woody Allen en grande forme, où ce dernier (qui interprète un bouffon à la cour) est épris (sexuellement, cela s’entend) de la Reine. Par chance, son aïeul va intervenir et lui conseiller d’utiliser des produits aphrodisiaques pour séduire la belle. Dès ce segment, nous savons que le film va être placé sous l’accent de la parodie de genre. Ici, c’est clairement la tragédie shakespearienne et Hamlet qui sont visés. Misant tout sur le comique de situation, Allen fait pourtant preuve de classe dans le monologue, et s’offre même le luxe, fait assez rare pour être souligner, de conclure son film par une fin loin du happy-end.

(2) Le deuxième segment se moque plus ouvertement du mélodrame contemporain. Le docteur Ross, interprété par Gene Wilder (le rôle fut un temps proposé à Laurence Olivier), tombe ainsi follement amoureux de sa patiente… qui n’est autre qu’une brebis ! La zoophilie est donc au rendez-vous, si ce n’est que personne ne semble en avoir cure et considère la brebis comme une maîtresse normale. On retrouve les éléments-clés du mélodrame (la famille bourgeoise éclatée par un scandale, le mari qui sombre dans la misère et l’alcool) mais l’humour ne fait pas toujours rire, et on finit par se lasser. Sans doute le segment le plus sombre.

(3) Pour la troisième partie, Woody se réserve encore le beau rôle : celui d’un séducteur italien, macho et incapable de faire jouir sa femme. Il y a du cinéma italien en crise là-dessous, celui d’Antonioni par exemple, tourné à la rigolade, ou celui de De Sica, rendu plus sérieux. Le sketch tourne un peu en rond, mais voir Allen en stéréotype même de l’Italien séducteur est tout simplement plaisant.

(4) Le quatrième morceau, sans doute le plus bâclé, met en avant un père de famille qui, chez les futurs beaux-parents de sa progéniture, voit son goût du travesti dévoilé. Un peu drôle, mais le sketch ne décolle jamais réellement.

(5) En cinquième position, on retrouve une parodie des émissions télés plus débiles les unes que les autres, typiques des années 70 où des candidats derrière leur buzzer doivent trouver les déviances sexuelles des invités. Pas franchement drôle au premier degré, la critique de la télévision et le côté kitsch aujourd’hui (et même encore d’actualité dans la recherche du détail intime d’inconnus) restent pourtant très sympas.

(6) Le meilleur arrive à la fin. D’abord, ce sixième segment, qui se moque des films fantastiques sauce Frankenstein et autres invasion de monstres géants. Totalement décalé (le monstre s’avérant être un sein géant), il s’agit certainement du deuxième meilleur moment du film…

(7) … car le meilleur, le voici : le sketch final, où le fonctionnement interne d’une éjaculation ! On pourrait craindre le pire, mais Allen a beaucoup de pudeur et, surtout, beaucoup d’imagination : c’est ainsi qu’une relation sexuelle est décrite comme le fonctionnement d’une immense machine. Ceux qui comme moi ont grandi avec la série Il était une fois… l’Homme comprendront ce que je veux dire, et seront d’autant plus séduit par ce dernier chapitre (le plus long du film) où maître Allen nous fait l’honneur de jouer le rôle d’un spermatozoïde ! Enchaînant gag sur gag, allusion sur allusion et offrant, en clin d’œil gratuit, Burt Reynolds, ce dernier moment de bravoure clôture le film en beauté.

Film inégal donc, globalement bien fait mais dont les sketchs sont loin de tous se valoir (ce qui diminue considérablement son plaisir), Tout ce que vous avez toujours… est un divertissement sans grande prétention, comme l’étaient Prends l’oseille et tire-toi ! et Bananas auparavant. Woody Allen se faisait la main à ce moment-là ; quand on voit la suite, aucun regret.


Note : **

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