Cinq longues années que j’attendais le retour de Peter Jackson, cinéaste plutôt sous-estimé à mes yeux alors qu’assez efficace dans l’art de surprendre le spectateur (des films d’horreur décalés à un Seigneur des Anneaux impressionnant, en passant par un faux documentaire quasiment parfait et un King Kong qui me semble plus qu’honnête). Autant dire que son retour à un certain intimisme après sa décennie 2000 (quatre films mais quatre monstres) laissait présager autant d’intérêt que d’incertitude.
Tout commence plutôt bien quand la voix-off s’avère très vite être celle d'une jeune fille morte. Nous sommes alors en droit d'attendre quelque chose dans la veine de Fantômes contre fantômes qui, loin d'être le meilleur Jackson, comportait des idées intéressantes (je suis fan de ce concept de relations humains-fantômes). Mais là où ça a commencé à suinter, c’est quand après 20 minutes de Dawson (non parce que la gamine folle amoureuse du trop rebelle qu’a la classe indienne du bahut, ça va, manquerait plus qu’il écrive des poèm… ah merde il en écrit c’est vrai !), ben il ne se passait toujours rien. Rien, que dalle, du vent, des nèfles, peau de lapin, morpions au soleil, NADA ! Alors c’est sympa les personnages caricaturaux (la jolie famille, la fille trop zarbi genre gothique qui voit des trucs que personne ne voit, le centre commercial visiblement lieu de vie des américains moyens), mais ça gave.
C’est alors que surgit l’homme de la situation : Stanley Tucci. Dans le rôle du méchant, rien à dire, il excelle : caricatural dans la forme, il ne l’est pas dans son jeu, proposant un pervers sexuel tout en retenue, froid, calculateur, bien loin des névrosés qui bavent en voyant une gamine mais bien le pédophile accompli, qui sait patienter dans l’ombre. Chaque scène avec Tucci sera par ailleurs à glacer le sang, tant l’acteur, derrière son allure de ringard de la rue, est le psychopathe total, impliqué et appliqué.
Et c’est là que Jackson nous tue, nous, plus la gamine : le Paradis pour lui, c’est l’enfer pour nous. Sans déc : entre les fantasmes de la pucelle (le portrait du trop sexxxxxxxy boyfriend sur un lac une nuit de pleine lune… ah ben ça y est j’ai vomi), la débauche d’effets LSD et les ficelles narratives grosses comme des cordes d’amarrage (la fille qui vient aider Suzie… Non non, on ne sait pas qui c’est et pourquoi elle est là, non non, sinon on fera semblant qu’on sait pas promis !), le côté au-delà du film ressemble à un patchwork de mièvreries et de kitsch, contrastant totalement (genre yin et yang) de l’ambiance tendue et sombre de la partie thriller du film. Si j’étais mesquin (et je le suis), je dirais même que Peter Jackson devrait changer de lunettes, parce qu’au passage monsieur semble avoir délaisser Weta au profit de geeks de 15 ans s’amusant avec After Effects tant les effets spéciaux sont immondes.
Et ce n’est pas le scénario, très pauvre (les retournements de situation annoncés une demi-heure à l’avance, tirés en longueur… Y a des débiles dans la salle ?) et limite douteux (le message final… gné ?) qui sauvera le film. Un peu le casting, il est vrai : la jeune fille ne joue pas trop mal (il faut dire que son regard est très particulier), Susan Sarandon excelle dans le rôle de la belle-mère à la fuck attitude, Mark Whalberg et Rachel Weisz tentant eux de subsister dans des rôles qu’ils ont parfois du mal à endosser malgré leurs efforts.
Mais c’est donc surtout à Peter Jackson que l’on en veut, ratant son sujet (le deuil, la mort) au profit d’une débauche d’effets qui n’ont rien à faire là (et l’excuse du Paradis vu par une gamine de 14 ans, il peut se la tailler en biseau) et d’une fainéantise sur la moitié du film alors que quand il bosse (les séquences avec Tucci), il atteint de grands moments (où on pardonnerait presque cette manie d’intégrer du DV dans les longs métrages pour le moment). S’il continue comme ça, Jackson ne fera plus de vieux os.
Note : *
dimanche 21 février 2010
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3 Comments:
Tu expliques le film comme je le sentais en ayant vu la BA. Sans moi.
Salut,
Votre blog cinéma est cordialement invité à devenir membre du C.O.B.C.
Nous y organisons également les "Golden Blogs du cinéma" qui récompense les meilleurs blogs cinéma.
Vous pouvez nous retrouver à cette adresse: http://c.o.b.c.over-blog.com/
Toute notre équipe espère vous y retrouver!!
A bientôt.
Bruce Kraft du blog "La Pellicule Brûle".
Ps: désolé pour le vouvoiement mais c'est une machine qui vous parle...mdr!!
Je n'ai pas pris la peine de faire une fiche pour l'instant. Le premier tiers du film m'a intéressé. La suite m'a complètement ennuyé.
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