mercredi 20 septembre 2006

Tideland


Ah ça, on l’attendait le retour du déjanté Terry Gilliam ! Après l’avortement douloureux de The man who killed Don Quixotte, après le trop convenu Frères Grimm, on attendait un Gilliam comme on les aime vraiment, un dingue de l’imaginaire, un taré de l’image, un loufoque du scénario ! Hélas, Tideland ne tient que la moitié de ses promesses.

Terry Gilliam déclare à propos de Tideland : "C'est la rencontre de « Alice au pays des merveilles » et de « Psychose ». C'est l'histoire d'une enfant qui se construit comme elle peut en dépit d'une grande souffrance. C'est une fable de survie dans des circonstances plutôt étranges." Ok, le mélange est des plus troublants… et des plus fascinants. Mais si l’hommage rendu à Hitchcock est à la hauteur (l’effrayante maison abandonnée, cette manie taxidermiste des dingues en puissance…), celui rendu à Lewis Carroll est un peu en dessous des espérances. Bon, il y a bien quelques idées par-ci par-là, mais dans l’ensemble, on s’attendait à quelque chose de vraiment fascinant, d’étrangement fantastique. Mais même le coup du terrier de lapin n’est pas exploité, alors…

Et c’est dommage car Terry Gilliam semble retrouver un pu de sa forme, même si l’échec de The man who killed Don Quixotte semble l’avoir traumatisé pour toujours, puisque moins fou et plus accessible qu’auparavant (il est donc fort à craindre de ne plus jamais assister à un nouveau Brazil…). Gilliam a toujours son sens du cadrage et de la composition, certains plans ressemblant vraiment à des tableaux un peu impressionnistes. Mais pour le reste, c’est plus vraiment ça : le rythme n’est pas là, si bien qu’1h45 semble durer bien plus longtemps. La mise en place de l’action est assez rapide, j’en conviens, mais ça traîne, ça traîne…

D’autant que certains éléments nous font vraiment poser des questions. Si on apprécie les délires de Gilliam, certains trouvent ici une image un peu trop malsaine. On en ri bien un peu, mais la nécrophilie et surtout la pédophilie ambiante à certains moments ne sont pas des plus appropriés pour ce récit qui tient assez de la fable pour enfants, je trouve…

Mais le film n’est pourtant pas un échec total. Comme cité précédemment, Terry Gilliam est loin d’être mauvais une caméra à la main, et ici ce sont surtout les acteurs qui impressionnent, même si la jeune Jodelle Ferland écrase tout. Si jeune et déjà si douée ! A elle seule, elle vaut le déplacement, petite fille perdue dans un univers étrange, mélange de réalité et de cauchemar, cherchant à se construire elle-même. Déjà étonnante dans Silent Hill, cette jeune demoiselle d’à peine 12 ans semble être la valeur sûre de demain.

Terry Gilliam à propos de Tideland : "Avec ce film, mon enjeu était de retrouver mon enthousiasme de cinéaste. J'espère que les spectateurs seront surpris, déroutés, séduits et émus. Si nous avons bien travaillé, il y aura des rires, de l'émotion, et peut-être les gens en sortant verront-ils le monde et les autres un peu différemment..." La volonté de bien faire était donc là. Dommage qu’on ne parvienne pas toujours à la hauteur de ses ambitions…

Note : **

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