samedi 16 septembre 2006

Le Village des Damnés (Village of the Damned)


Il y a de ces films qui, l’air de rien, sont des petits classiques. Dans le domaine du fantastique, il convient de saluer le petit bijou qu’est Le village des damnés.

Film anglais au petit budget, le film provoqua sa petite dose de frayeur à l’époque pour une raison très simple : cette fois, ce n’était plus des loups-garous, des vampires ou autres monstres qui effrayaient la populace, mais bien des enfants ! De charmantes têtes blondes (et ce n’est pas une image) capables de lire dans vos pensées et, pire, de les contrôler.

Wolf Rilla prend donc le pari d’effrayer avec des enfants, et il faut reconnaître que ça marche. Beaucoup d’éléments jouent en sa faveur ; d’abord, ce ne sont pas monstres ordinaires, même s’ils auront leur quota de frayeur par après (La malédiction, par exemple). Mais l’élément qui, inconsciemment, peut faire peur, est probablement le profil des enfants : blonds aux yeux bleus, un esprit sain et savant dans un corps sain… Eh oui, c’est l’archétype même de l’Aryen comme le désirait Hitler. Le film n’est jamais séparé de la Guerre que de 15 ans, et les traces du nazisme sont encore là… Rilla en profite donc pour attaquer les extrémistes, et tenter de convaincre que laisser faire une race supérieure s’avérerait dangereuse pour l’homme. A noter tout de même la pudeur de Rilla, qui ne filme jamais une mort de face (que ce soit le suicide au fusil d’un fermier ou l’immolation d’un vieil homme venu tuer les enfants…)

Le film est très britannique dans son ensemble : décor de village presque typique, amour d’un certain milieu rural… Le noir et blanc est également superbe, très contrasté mais qui laisse pourtant apparaître les éclairs de rage des enfants quand ils manipulent les gens…
Les acteurs, sans être exceptionnels, ne déshonorent pas le film. Le trio principal (George Sanders, Barbara Shelley et Michael Gwynn) sonne juste, mais ce sont bien les enfants qui ont toutes notre attention, et en particulier le jeune Martin Stephens, redoutable meneur de la troupe, duquel émane un sentiment étrange, mélange de fascination et de terreur. Pour son âge, il jouait de manière remarquable, bien dommage qu’il n’ait plus rien fait par la suite…

Dommage cependant que le film, pourtant de courte durée, mets un certain temps avant de réellement démarrer. Le passage où le village se voit endormi est un rien trop long, ce qui contraste avec la relative rapidité de la suite (les enfants n’étant vraiment importants qu’à partir de la moitié du film…) Il y a aussi ce sentiment de fin bâclée, trop facile, où on s’attend à un retournement de situation qui, finalement, n’arrive pas. Reste alors un goût d’inachevé, presque de la tristesse de voir une telle fin pour un tel film.

Il n’empêche que le film, dont John Carpenter réalisera un remake avec Christopher Reeve et Kirstie Alley, garde 46 ans après sa réalisation, ce petit charme de discret de film, certes petit mais diaboliquement culte.

Note : ***

0 Comments: