lundi 11 septembre 2006

La Guerre des Etoiles (Star Wars : A New Hope)


1977. Devant un cinéma, des centaines de spectateurs trépignent d’impatience. Certains sont là pour revoir le même film une cinquième fois. De mémoire, le patron du ciné local ne se souvient pas d’un tel engouement. Il faut dire que ce n’est pas n’importe quel film qui est projeté : il s’agit de Star Wars !

Sorti sur une petite trentaine de copies, Star Wars attira immédiatement les foules et devint un véritable phénomène de société. En quelques mois, il atteignit la barre des 100 millions de dollars de recettes aux Etats-Unis, devenant le film le plus rapide de l'histoire d'Hollywood à réaliser cet exploit commercial. Depuis, il s'est maintenu aux sommets du box-office avec 461 millions de dollars de recettes sur le sol américain et 798 millions de dollars récoltés dans le monde. Il a même réussi, indirectement, à créer une culture Star Wars, où dominent la Force et où dont les adeptes apprennent à parler le wookie et confectionnent des sabres lasers. En 1978, le film remporta sept Oscars (Meilleurs son, musique, montage, costumes, effets visuels, décors et effets sonores), et fut également nominé dans les prestigieuses catégories de Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur scénario et Meilleur second rôle masculin (Alec Guinness). Un honneur rare pour les films de science-fiction, souvent ignorés par l'Académie des Oscars. Le film remporta également dix Saturn Awards (les Oscars du fantastique) la même année. Il fut à l’origine d’ILM, devenue depuis LA référence incontournable en matière d’effets spéciaux (avec à son palmarès une trentaine d’Oscars et des films comme Backdraft, Abyss, Terminator 2, Starship Troopers, En pleine tempete, Pearl Harbor, La Momie, la saga Jurassic Park, Men in Black, Harry Potter à l'école des sorciers, Signes, Gangs of New York ou Minority report…). Mais pourquoi diable Star Wars a-t-il connu un tel succès ?

Peut-être pour son univers. George Lucas n’a en effet pas fait les choses à moitié : il s’agit d’un des plus grands mélanges de genres dans le monde du cinéma. Star Wars, c’est de la science-fiction, du space opéra, du western, de l’action, du romantisme, de la comédie, du suspens, de l’initiatique… Le tout extrêmement travaillé et référencié : Lucas n’a pas hésité à s’adjoindre les services de spécialistes en mythologie pour faire son film ! Il faut dire que nombre de mythes, contes et légendes sont présents dans le film, presque autant que les inspiration cinéphiliques et littéraire. En effet, ce n’est plus un secret que Lucas s’est inspiré de La Forteresse cachée d'Akira Kurosawa, dont il avoue être un grand admirateur, de John Carter sur Mars d'Edgar Rice Burroughs, de Flash Gordon d'Alex Raymond, de Metropolis de Fritz Lang (auquel le design de C-3PO rend hommage), de L'Odyssée d'Homère, des oeuvres de William Shakespeare ou encore du Seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien, dont certains éléments narratifs ont clairement été intégrés au récit, ainsi que de Triumph of the Will de Leni Riefenstahl. Le design des costumes, armes et vaisseaux de la saga renvoie quant à lui directement à divers styles militaires. La tunique des Jedis reprend le style des amples kimonos japonais, tandis que l'armure et le casque de Darth Vader sont clairement inspirés de l'armure des samouraïs. Les uniformes de l'empire descendent pour leur part directement des uniformes nazis, alors que les combinaisons orange des pilotes rebelles évoquent les combinaisons de l'US Air Force. Enfin, l'arme des Jedis, le sabre laser, contribue à renforcer l'aspect "chevaleresque" de ces combattants. Enfin, Lucas rendait célèbre des inconnus (auquel tout le monde pouvait s’identifier) comme Mark Hammil, Carrie Fisher ou Harrison Ford, tandis que mythique Alec Guiness servait de second rôle important. Il est incroyable de noter d’ailleurs toutes les anecdotes et légendes qui entourent le casting : Jodie Foster et Sissy Spacek ont failli incarner la princesse Leïa, tandis que Burt Reynolds, Nick Nolte, Christopher Walken et Richard Dreyfuss avaient un temps été considérés pour incarner Han Solo ; enfin, concernant les acteurs, Lucas voulait Orson Welles dans le rôle de Dark Vador et Toshiro Mifune dans le rôle d’Obi-Wan Kenobi.

Peut-être pour son scénario, qui en plus de mélanger les genres et d’être travaillé, abordait des thèmes universels : amour, amitié, initiation, relation père-fils entre Luke et Obi-Wan… Il y a dans l’histoire de Star Wars quelque chose d’enfantin mais aussi quelque chose de terriblement adulte, ce qui permet au film de toucher tous les publics possibles. Et il faut compter sur le travail précis de chaque personnage, très élaboré pour permettre l’identification : Luke l’apprenti Jedi, Leïla la princesse courageuse, Han Solo l’aventurier cynique, Darth Vader le méchant indestructible… Autant de personnage qui provoque la sympathie (ou l’antipathie) de manière équivoque.

Peut-être finalement pour la musique de John Williams. Y a-t-il musique devenue plus incontournable ? Sur un thème unique, Williams a créer une émotion, un son reconnaissable et surtout une possibilités quasi infinies de variation (comme le prouveront les futurs partitions à venir des autres épisodes) et qui parvient à capter à merveille l’esprit du film, et à s’attacher aux images de façon à ce qu’on ne sache plus les dissocier.

Néanmoins, les détracteurs existent bel et bien. Paul Schrader, par exemple, disait : « La guerre des étoiles, c’est le film qui a bouffé l’âme et le cœur d’Hollywood. On lui doit la vague des bandes dessinées à gros budget, et la mentalité qui va avec. » Peut-on lui donner tort ? Star Wars a fondamentalement changé le cinéma américain, qui a du revisiter ses standards du divertissement. Du coup, le cinéma indépendant en a subi les dommages collatéraux. Star Wars a également, avec Les dents de la mer, créé le concept de « blockbuster », et a surtout lancer la mode des produits dérivés (pour l’anecdote, Lucas refusa une partie de son salaire pour avoir les droits de l’exploitation de ces produits dérivés : plusieurs centaines de millions de dollars furent la récompense de ce pari risqué…). Star Wars fut donc, bien malgré lui et Lucas, le coup décisif qui transforma Hollywood non plus e industrie cinématographique mais en machine à fric.

En dépit, Star Wars mérite mieux que sa réputation de film culte : c’est tout simplement un grand film. Il restera le fondateur de la saga la plus célèbre de l’Histoire du cinéma, et ne sera réellement battu que par l’épisode qui le suivra, L’empire contre-attaque. Mais là, c’est une autre histoire…

Note : ****

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