samedi 3 mars 2007

Saw 3


Saw 2 avait le mérite d’innover en opposant non plus deux ahuris dans une salle de bain un peu poussiéreuse mais bien 8 pantins dans une maison qui ressemble à un kot d’étudiant un lendemain de baptême. Alors, que propose le troisième opus ? Que dalle, c’est bien simple. Enfin si allez : cette fois, ce n’est plus qu’une seule victime (d’où l’intrigue qui se pose lorsqu’on voit les deux premières exécutions, sans lien avec le reste du film) qui n’a plus une seule épreuve pour sauver sa peau mais une quantité d’épreuves pour sauver son âme et, accessoirement, la vie de personne qui ont foutu la sienne en l’air. Je ferai l’impasse sur le final qui, en raisonnant un peu, vous apparaîtra dès la fin de la première moitié du film…

Le reste ? Comme le précédent film, le scénario tient sur une feuille de charge, celle des exécutions morbides à faire vomir Charles Manson et sa famille. De ce côté-là, il faut bien reconnaître que les tortures sont de loin les plus glauques de la série, cette espèce de « trépanator » qui consiste à tordre à 180° les membres ainsi qu’en bouquet final votre petite tête. Une chose est sûre : si les scénaristes n’ont aucun sens de la narration (flash-back inutiles, mauvaise gestion du temps, ellipses incohérentes) ils ont le goût du morbide crados.

Surtout que la mise en scène de Bousman (no comment sur ce nom symbolique) ne sauve absolument pas le récit : ça bouge tout le temps, ça zoome, ça dézoome, ça accélère, ça contourne l’action, bref ça se veut « djeun’s » en filmant façon clip mais en réalité, c’est bel et bien la mise en scène qui file le mal d’estomac et pas ce qui se passe à l’écran. Le clou du spectacle vient lors d’une séquence de trépanation, étonnamment sobre mais voyeuriste, plus hard encore que les jeux de Jigsaw… un comble. En parlant de Jigsaw, cette fois c’est décidé Saw n’a plus son charme : comment oublier ce pantin lugubre sur son tricycle ? A nouveau, le manipulateur diabolique est montré visage découvert, pire alité à cause de son cancer ; franchement, ça vous effraie vous un mec de 60 piges à ras de prier pour ne pas se pisser dessus avant qu’on lui apporte un urinoir ? Moi pas.

La seule bonne idée du film réside en fait dans sa promotion : alors qu'une campagne de dons du sang a accompagné la sortie du long métrage, une affiche a été imprimée à partir du sang du comédien Tobin Bell, interprète du machiavélique Tueur au puzzle. Une fois obtenus l'accord du comédien et les recommandations de la Santé Publique (port de gants et de masques obligatoire pour les imprimeurs et designers), l'affiche a donc été élaborée à partir d'une mixture mêlant hémoglobine et encre rouge. Imprimée à 1 000 exemplaires, l'affiche obtenue a été vendue aux enchères, dont les profits ont été reversés à la Croix Rouge.

Maintenant la véritable angoisse du film, le truc qui fout réellement les jetons : au terme du week-end de la sortie américaine de Saw 3 (meilleur démarrage de la franchise avec 34,3 millions de dollars de recettes), le studio Lionsgate a officialisé Saw 4 ! Prévisible vu la fin du film, mais quand même celui qui va se coltiner le scénar… le pauvre…

Note : 0

0 Comments: