mardi 6 septembre 2005

Le Doulos


Le troisième polar de l’immense Jean-Pierre Melville voilà ce qu’est Le Doulos.

C’est peut-être avec ce film que Melville a véritablement posé les bases de son futur style, lequel allait influencer des dizaines de cinéastes à travers le temps et le monde, de John Woo à Quentin Tarantino…

On retrouve ici en effet tous les ingrédients des grands films de Melville : amitié, mensonge, trahison, jeux des apparences, aspect américain du film, final froid et obligatoire, autant de thèmes et d’ingrédients qui ont fait le succès de Melville.

A l’affiche, que du beau monde : Jean-Paul Belmondo, Serge Reggiani, Michel Piccoli, Jean Desailly… Bref que du lourd ! Et il faut absolument souligner l’excellente qualité de leurs interprétations, dirigées visiblement d’une main de fer par Melville. Belmondo, en particulier, ressort du film en véritable élément fondateur de la qualité » du film tant son interprétation est sublime.

Ce serait pourtant une erreur monumentale de limiter le film à ses acteurs ; la réalisation de Melville est en effet incroyable ! Tout d’abord par ce souci de coller aux polars grande époque des USA ; fenêtres en guillotine, stores en lamelle, imperméables et chapeaux, cigarettes, armes à feu, bistrots, bureaux de police tout a été pensé par Melville pour coller au plus près de l’univers des grands films noirs ; preuve indéniable avec un sublime noir et blanc, magnifié par une photographie exceptionnelle qui souligne à merveille les ombres des acteurs, conférant ci et là une symbolique parfois extraordinaire.

Bien sûr, à la caméra aussi Melville reste impressionnant, maître de son espace et de ce qui s’y passe. Un très bel exemple est cette scène au commissariat où Belmondo se fait interroger par Desailly : la séquence n’est qu’un simple plan filmé en panoramique mais l’effet devient tel que, comme Belmondo, on fini par avoir le vertige de la situation. Effet réussi maître Melville.

Le scénario aussi est grandiose, jeux de faux-semblants qui ne cesse de surprendre ; on pense le film fini après 1 heure, mais surgit alors un retournement surprenant ; cette fois à 1h20 le film est vraiment fini mais non, il reste le dénouement final, auquel on s’attend un peu mais qui fini quand même par surprendre…

Même si tous les aspects du film n’ont pas forcément bien vieillis (les voitures devant les écrans de studio qui défilent, risible), Le Doulos reste quand même plus de 40 ans, après sa création, dans le genre polar français, que dis-je, dans le cinéma français en général, un chef-d’œuvre intemporel et immortel, d’inspiration américaine et shakespearienne qui annonce avec brio les futurs Samouraï, Cercle rouge ou Un flic ; Le Doulos, où le génie à l’état pur.

Note : ****

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