lundi 19 septembre 2005

La rose pourpre du Caire (The Purple Rose of Cairo)


Immense film du génial Woody Allen que cette Rose pourpre du Caire.

Tout commence donc dans un New-York des années 30, en pleine crise socio-économique où Cecilia trouve refuge à une vie triste et un époux exécrable dans un cinéma de quartier. Mais voilà qu’un jour, un héros de film sort de l’écran et enlève Cecilia…

Vous l’aurez compris, Allen privilégie cette fois le fantastique pour lancer son histoire. Pas de philosophie, pas de métaphysique, pas de sexe, même pas de Woody acteur dans ce film, simplement une histoire d’amour.

Enfin, des histoires d’amour pour être précis. En effet, il y a d’abord l’amour entre Cecilia et le cinéma, auquel elle se rend tous les soirs ; il y a ensuite l’amour entre Cecilia et Tom Baxter, le personnage sorti de l’écran ; il y a surtout l’amour de Woody Allen pour le cinéma d’antan.

Il est difficile de ne pas observer l’amertume de Woody Allen dans ce film : lui qui rejetait à l’époque les cassettes vidéos (et aujourd’hui, son animosité s’est tournée vers le support DVD…) estimait qu’un film ne pouvait, ne devait être vu qu’au cinéma, dans cette ambiance feutrée et où chacun oubliait sa vie l’espace d’un film. C’est ainsi que durant tout le film, le cinéma tient une place prépondérante dans la vie des gens.

Bien sûr, Allen est et reste un comique, et les moments drôles sont légions dans ce film ; on retiendra peut-être plus particulièrement ces disputes entre public et acteurs à l’écran ne pouvant continuer le film sans leur collègue : original et jubilatoire !

Par moments également, Allen pose une réflexion sur le cinéma en général : que serait un film sans acteurs ? Les scénaristes sont-ils vraiment les dieux des films ? Un rôle peut-il compter tant que ça dans la suite de la carrière d’un acteur ? Des questions auxquels Woody ne nous convie pas toujours mais auxquelles il répond avec tant de grâce et d’humour qu’on lui pardonne. Là où Woody nous pousse à bout, c’est dans son final : toute cette histoire était-elle réelle ou Cecilia s’est-elle simplement endormie durant le film pour se réveiller au film suivant ?

Dans leurs rôles, les acteurs sont tout simplement fabuleux : Mia Farrow en spectatrice acharnée et rêveuse est sublime ; Jeff Daniels dans un double rôle quasi-opposé est génial, à la foi personnage fictif à l’esprit aventurier et acteur un peu opportuniste ; enfin, Danny Aiello en époux sauvage et libertin est le stéréotype même de l’immigré Italien des années 30, mais un stéréotype tourné à la sauce Woody ce qui le rend plus caricatural et drôle que méchant.

Reste donc Woody Allen à la plume et à la caméra, aussi habile et maître de son art dans l’un comme dans l’autre ; c’était encore la belle époque d’Allen et ça se sent. On regrettera juste de ne pas le voir à l’écran cette fois…

Un film magique et poétique, nostalgique et comique où le talent de Woody Allen est, une fois de plus, confirmé ; ce qu’il faudrait maintenant, c’est qu’il refasse des films de cette trempe…

Note : ****

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