jeudi 15 septembre 2005

Conversation secrète (The Conversation)


Un film quasi-inconnu et pourtant essentiel dans la filmographie de Francis Ford Coppola que cette Conversation secrète.

Voici donc Harry Caul, pro de l’écoute discrète, engagé pour espionner un couple dans la rue. Se rendant compte que les conversations sont banales, Caul se met à douter, et en analysant plus profondément la bande il découvre la préparation d’un meurtre…

Difficile de ne pas faire le rapprochement avec l’affaire du Watergate à travers cette attaque de l’espionnage auditif ; en faisant cela, Coppola montre qu’il se désintéresse de la politique, que seul son art compte : c’est l’explosion d’une liberté artistique fondamentale initiée par John Cassavetes dans la même décennie.

Dans le rôle de Caul, on retrouve un Gene Hackman magistral, tout en paranoïa et intériorisation : spécialiste de la communication, Caul n’est qu’un être introverti incapable de rester zen en public, de s’intéresser aux autres ni même d’aimer. Au fil du film, le voici plongé dans le doute, dans la douleur du passé, dans une paranoïa profonde et aigue : grâce à ce Harry dans tous ses états, Gene Hackman trouve probablement le meilleur rôle de sa carrière.

Dans sa réalisation, Coppola n’innove pas beaucoup… en apparence. Si les néophytes accuseront une mise en scène classique pour ne pas dire académique, on pourra au fil des visions remarquer ça et là des plans d’une incroyable maîtrise, à la fois intelligents et sophistiqués, symboliques et réglés au millimètre. Coppola se lance aussi souvent dans la métaphore, faisant souvent interagir l’endroit où se trouve Caul avec son état d’esprit ; un plan fantastique à cet égard reste ce plan final, où Caul joue du saxophone dans son appartement qu’il vient de réduire en miettes : le parallèle avec son état d’esprit (autodétruit) est flagrant et sublime, convenant parfaitement avec la métaphore d’un final relativement surprenant et tout à fait symbolique vis-à-vis du mode de vie de Caul…

Dans ce film sur la communication, Coppola souligne une forme exacerbée d’autisme des gens dits « normaux » ; la sociologie, thème de prédilection pour Coppola, e voit donc au centre de ce film qui, comme cité plus haut, à une connotation politique flagrante.

Un immense chef-d’œuvre donc, film phare et intense, peu spectaculaire et intelligent (bref en marge de la plupart des films de ce style) qui prouvait une fois de plus le génie de Coppola ; Cannes ne s’est pas trompé en l’honorant d’une Palme d’Or, aux spectateurs actuels de lui rendre hommage en le redécouvrant avec un œil qui a également besoin de voir des bons films américains de temps en temps…

Note : *****

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