lundi 27 avril 2009

A Very British Gangster


Attention, documentaire !

Non mais je tiens à préciser car moi-même, en regardant le film, le doute m’a assailli plus d’une fois. Pas tant par son sujet (encore que…) que par sa mise en scène très pop (esthétisme soigné, b.o. admirable avec majoritairement des morceaux du groupe Oasis) avec en bonus des mouvements de caméra faits à la grue (du moins semble-t-il).

Mais A Very British Gangster est bel et bien un documentaire sur Dominic Noonan, parrain de la mafia locale de Manchester. Son quotidien, son autoportrait (le journaliste intervenant peu) fait avec sincérité (il admet son homosexualité), une certaine dérision et une intelligence rare (il parvient ainsi à faire comprendre qu’il est l’auteur de plusieurs méfaits sans jamais l’avouer directement). Mais il y a au-delà du portait sociologique d’une mafia « familiale » une dimension sociale plus importante : à travers Dominic Noonan, c'est toute la misère de la sous-classe ouvrière anglaise qui résonne, les laissés pour compte de l’époque Tony Blair quand il fait, lui, le gangster, le boulot que devrait faire le gouvernement ou la police. Il n'en est pas pour autant un Robin des Bois moderne : vol, extorsion, racket, kidnapping et torture, meurtre sont ainsi des éléments de sa vie, pour ne pas dire de son quotidien. Et quand il offre un feu d’artifice aux enfants du quartier, c’est dans l’ambition non-avouée de recruter de futurs petits bras droits.

Le documentaire soulève aussi une question cinématographique intéressante, sans que cela soit son objectif premier : est-ce la mafia qui a influencé les films de gangsters ou les gangsters sont-ils influencés par les films de mafia ? Les éléments de comparaison ne manquent pas, à l’instar des costards du gang qui ressemblent à ceux des gangsters de Tarantino, ou l'anecdote de la tête de chien proche de celle de la tête de cheval du Parrain. Et outre cette réflexion sur les influences réciproques, les retournements de situation ne manquent pas, ce qui permet au spectateur de ne jamais se lasser du film.

Du journalisme, de l’anthropologie et du cinéma : que demandez de plus ?

Note : ****

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