samedi 18 avril 2009

Maradona by Kusturica


C’est amusant de penser que nombre de cinéastes très visuels (Scorsese) et doués pour raconter des histoires absurdes ou surréalistes (Jarmusch) aiment s’essayer au documentaire de temps en temps. Ici, c’est Kusturica qui décide de réunir ses deux passions, le cinéma et le football, en parlant d’ « El Pibe de Oro », le maître Maradona.

Ce n’est pas un coup d’essai : Kusturica s’était déjà essayé au documentaire avec Super 8 stories, où grâce à la musique il mélangeait la petite et la grande histoire, sur fond de No Smoking Orchestra, le sujet du film. J’étais relativement confiant donc, bien que ne connaissant pas grand chose au football, sur ce documentaire. Mal m’en a pris.

Je m'explique : au début Kusturica parle de Maradona. 5 minutes plus tard, Kusturica parle de Kusturica et de ses films. 10 minutes plus tard, il parle de Diego, son nouveau pote qu'il filme en voiture, à pied, au barbec chez les Kusturica, à la TV, en manif, au restaurant karaoké... C’est un peu comme les Martine en fait, en moins éducatif.

Et à part ça, rien. Maradona parle : son talent immense, ses problèmes de drogues, ses problèmes avec la mafia qui lui a plombé sa carrière… Rien de neuf. Le personnage se suffit à lui-même, sa mégalomanie et son égocentrisme lui permettant de parler sans cesse et sans détour, pour montrer qu’il a changé. Aussi, quand Kusturica voit que son sujet est limité, il extrapole, voit dans le but de la main de Maradona contre l'Angleterre en 86 une vengeance des Malouines, et l'occasion pour le cinéaste d'imposer ses idées socialistes via 1/ une critique du vilain pas beau impérialisme, 2/ un hommage à l'Amérique Latine révolutionnaire de Che Guevara et 3/ des animations (très moches) où Maradona drible (et corrige copieusement) Tatcher, la famille royale et des présidents des USA. On se croirait presque chez Michael Moore !

Et quand il se rend compte que tout ça n'est toujours pas suffisant, Kusturica s'attarde sur une "Eglise du Dieu Maradona", que j'appellerais perso une secte pour perturbés mentaux (à noter la scène extraordinaire de mariage !) ainsi que leur lieu de pèlerinage (ou quelque chose du genre), autrement dit un bordel (au moins pour une fois dans le documentaire quelque chose de beau à regarder quand les demoiselles argentines se trémoussent).

Et tout ça sous une caméra numérique à l’image dégueu, et un surdécoupage inutile et plombant le processus de documentaire (on voit les 3 équipes qui filment dans différents plans) sans le remettre en cause. Juste une occasion pour Kusturica de se montrer à l’image autant que l’idole du football.

Le fil rouge du film reste bien évidemment les buts tous plus remarquables les uns que les autres de Maradona, dont le fameux « goal du siècle » repassé à profusion.



Au final, je n’ai rien appris, beaucoup d'ennui même si j’ai ri (aux dépens du film ?) et surtout j’ai eu la sale impression qu'on essayait de m'imposer des idées. Kusturica semble avoir abandonné la subtilité pour les gros crampons. Ce n’est pas une bonne nouvelle…

Note : *

0 Comments: