vendredi 18 août 2006

Le faucon maltais (The Maltese Falcon)


Chaque genre a eu son film phare, celui qui a posé les bases solides pour les futurs films de la même veine. Dans le cas du « film noir », il s’agit sans conteste du Faucon maltais

Définissons d’abord le film noir en quelques mots : genre cinématographique ayant connu sa gloire dans les années 40 et 50, typiquement américain, le film noir est pessimiste par essence. L'archétype du protagoniste du film noir est un détective privé de second ordre, cynique et blasé, embauché pour une enquête dont les véritables implications lui sont cachées par son commanditaire. Son enquête l'amène le plus souvent à rencontrer une femme fatale qui le manipule par avidité causant leur perte (il y a bien sûr des variantes mais c’est là l’essentiel). Le style donnera naissance à des chefs-d’œuvre de grands cinéastes (Faucon maltais de Huston, Assurance sur la mort de Wilder, Le grand sommeil de Hawks, Le troisième homme de Reed, de nombreux Hitchcock, La soif du mal de Welles et plus tard Chinatown de Polanski, Blood Simple des frères Coen ou encore Blue Velvet de Lynch) et inspirera d’autres styles, comme la science-fiction (Blade Runner en tête de liste). Encore maintenant, le genre connaît un succès dans le cinéma mondial, et tente une réhabilitation.

E tout a débuté avec l’histoire de Sam Spade à la recherche, pour d’obscurs malfrats, d’une statuette de faucon légendaire. Très vite, l’ambiance des années 40 (les USA à peine sortie des années noires, se remettant à peine du crash de Wall Street et s’inquiétant de la situation en Europe) déteint sur le film, qui vire alors vers le polar sombre (logique pour un film noir). La tension est palpable, et tout au long du film on a l’impression de revivre cette époque. John Huston, dont c’est là le premier film, frappait un grand coup en utilisant des codes cinématographiques, semblables à ceux de Scarface ou Little Caesar, et les remaniait à sa sauce. Car en plus de l’ambiance, la direction d’acteur est remarquable.

Il faut dire que Humphrey Bogart a déjà de l’expérience avant ça (avec, entre autres, Wyler, Curtiz et Walsh) mais c’est définitivement dans avec le personnage de Sam Spade qu’il parvient à s’épanouir : arrogant, séducteur, cynique, il n’en est pas moins humain, comme cette scène où sortant de chez les malfaiteurs, sa main tremble terriblement… Le personnage en inspirera plus d’un par la suite jusqu’au récent John McLane dans Piège de cristal… Ses compagnons n’en sont pas moins remarquables, de Mary Astor à Peter Lorre…

Le scénario n’en demeure pas moins lui aussi brillant, bien qu’aujourd’hui un peu évident, il recèle d’assez de rebondissements et d’astuces pour tenir le spectateur en haleine. Le seul problème, c’est que le tout est un peu trop bavard, trop explicatif dans les mots et beaucoup moins dans les images. Du coup, si on ne suit pas attentivement chaque ligne de dialogue, on risque d’être perdu…

Mais Le faucon maltais, malgré ce détail, reste un chef-d’œuvre, l’initiateur d’un genre qui a, pendant des années, nourri l’imaginaire d’artistes talentueux et qui, encore aujourd’hui, a laissé son empreinte dans de nombreux films.

Note : ****

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