mardi 21 juin 2011

Tree of Life

J’aime bien Malick, vraiment : La ligne rouge est l’un des meilleurs films de guerre que j’ai pu voir, Le nouveau monde a quelque chose de mystérieusement touchant, la beauté des images des Moissons du ciel est largement établie et Badlands… Ben je dois le revoir en fait. Mais j’aime bien Malick.

Jusqu’à hier. A une époque où l’extrémisme religieux est largement critiqué, j’osais espérer ne pas en voir dans un objet cinématographique reconnu comme publique et accessibles à tous, qui se prétend universel car ne définit pas d’emblée « ceci est un film religieux ». Pas une seconde Malick ne laisse reposer la spiritualité du spectateur : Dieu est grand, alors ta gueule. C’est un peu le message du film, en plus subtil (ou pas). Il me semble impossible de nier ou même de mettre de côté cette lourdeur théologique en regardant le film : aussi bien sur le fond que sur la forme, le film est judéo-chrétien et, reconnaissons-lui au moins ça, l’assume. Les voix-off parlent de Lui, et que voit-on dans les images ? Un bébé jouant avec l’arche de Noé. Le passage lu du Livre de la jungle, celui du serpent Kaa. Et je ne compte plus le nombre de plans du ciel (Dieu), ciel souvent associé à l’eau (la vie) ; je vous laisse déduire le message.

Bien sûr, il y a de bonnes choses : Malick n’a pas peur du ridicule, et sa vision de la conception du monde, contradictoire (2h de catholicisme pour 20 minutes d’évolutionnisme ?), est franchement risible, tant la débauche d’effets spéciaux, au-delà de la dimension narrative de la séquence, n’a aucun intérêt dans ce genre de film. En plus, les dinosaures sont mal faits, et question crédibilité j’ai plutôt vu Denver le dernier dinosaure que Jurassic Park. Quand le carnivore fout sa patte sur la gueule de l’herbivore, j’ai cru qu’il allait lui faire le signe de croix dis donc.

Je n’ai pas envie de parler du montage, tant je l’ai trouvé grossier, ou de la narration à la fois prévisible et bancale (le père autoritaire qui se laisse dominer par son fils à la fin ? Sérieusement ?). La réalisation aurait pu être intéressante, mais si c’est pour voir quelques plans magnifiques, tournés avec des focales bien précises, mettant en avant la beauté de la nature, selon un cadrage particulier, je préfère revoir Koyaanisqatsi : là au moins, une idée se dégage de ses images mis bout à bout, pas comme ici où tout est gratuit (hormis les plans du ciel, on sait). Et on applaudira Sean Penn dans le rôle du figurant qui tire la gueule.

Il reste au moins une bonne nouvelle à mes yeux : les Hot d'or ne sont pas morts, car Cannes a bel et bien récompensé une magnifique branlette théologique.

Note : 0

2 Comments:

Wilyrah said...

Une phrase culte dans cet article !
"Il reste au moins une bonne nouvelle à mes yeux : les Hot d'or ne sont pas morts, car Cannes a bel et bien récompensé une magnifique branlette théologique. "
Pour le reste, parfois je me retrouve dans cet avis, parfois non. Je t'invite à venir zieuter ma fiche et à éventuellement relancer le débat :)

JD said...

Mon cher Bastien,

Oui, vous avez raison, Tree of Life est un peu lourdingue. Mais il ne manque jamais de panache et au moins il ne donne pas dans la lourdingue dépressif comme son petit camarade Melancholia.

Mon avis détaillé est ici :

http://sensinterdits.blogspot.com/2011/10/match-films-epiques-melancholia-tree-of.html

Par ailleurs votre blog est très bien fait, je vous ajoute fissa dans mes liens.