vendredi 12 novembre 2010

Primary

Primary est un film de Robert Drew et Richard Leacock, et raconte la campagne présidentielle opposant John Fitzgerald Kennedy à Hubert Humphrey. Voilà qui ne nous rajeunit pas (enfin vous, moi j’étais pas né). Et, fait important, il s’agit de l’un des premiers documentaires du cinéma-direct.

Qu’est-ce ? Pour faire court et simple, disons que le cinéma-direct, comme son nom l’indique, a(vait) pour ambition de saisir la vérité de ce qu’il filme, sans interférer de quelque manière que ce soit. Autrement dit, le cinéaste n’intervient plus (pas d’interviews par exemple) et la caméra (devenue légère : c’est l’ère de la 16mm) tente de se faire oublier. Le cinéma-direct n’est donc plus une retranscription mais bien une observation du monde.

Donc, voilà que nos amis Drew et Leacock décident de suivre les deux candidats à la présidentielle de l’époque, en décidant non plus de les filmer comme le font les télévisions mais en voulant donner une image « vraie » de ces deux hommes. On ne peut pas le nier : certaines séquences sont éloquentes, notamment lorsque l’on sent et voit le stress chez les Kennedy lors d’une campagne dans un Etat qui leur est défavorable de prime abord. C’est assez drôle, de ce point de vue, de voir que les politiques peuvent aussi être derrière leurs façades impeccables, des êtres humains.

Et pourtant : c’est paradoxalement là la limite du cinéma-direct. Quelques années plus tard, Drew et Leacock ont reconnu eux-même la faiblesse ultime de leur film : devant une caméra, même en faisant mine de l’ignorer, tout le monde se met en scène, et les politiciens encore plus (et ça se sent très nettement dans ce film). Certes, on peut approcher de manière flagrante (d’où un travail sur les gros plans) leur intimité, mais jamais la vérité vraie ne pourra être atteinte en présence d’une caméra. Film-fondateur du cinéma direct, il en est aussi l’opposition malgré lui. Primary ne convainc donc qu’à moitié malgré sa bonne volonté.

De plus, le regard rétrospectif que l’on en a (la victoire de Kennedy), la mauvaise qualité du son (le son synchrone ne fonctionnait pas encore vraiment à l’époque) et le fait que l’on soit habitué aujourd’hui, par le biais du cinéma mais aussi des médias, aux coulisses des campagnes présidentielles, tout cela fait que le film aujourd’hui a passablement vieilli et n’est guère plus passionnant. Il n’en demeure pas moins un film-clé dans l’histoire du cinéma documentaire, et comporte encore un certain charme pour pouvoir encore être vu de nos jours, mais plus par curiosité que par intérêt.

Note : **

1 Comment:

Eeguab said...

Il faut bien préciser que Kennedy et Humphrey étaient en compétition pour les primaires démocrates. L'élection présidentielle,elle, opposa Kennedy à Nixon,républicain.