mardi 9 novembre 2010

Le Royaume de Ga'Hoole: la légende des gardiens (Legend of the Guardians: The Owls of Ga'Hoole)

Zack Snyder est quelqu’un de surprenant. Après avoir rajeuni le film de zombie en osant se frotter au remake d’un classique de Georges A. Romero, après avoir réactualisé le péplum, après avoir osé aller à contre-courant du film de super héros, le voici qui s’attaque au film d’animation. Le résultat est-il aussi surprenant que les autres films de Snyder ? La réponse est : non.

La légende des Gardiens est d’abord une victime parmi d’autres du malaise qui règne dans le cinéma d'animation depuis quelques temps (Pixar, Dreamworks, Sony ont aussi succombés) : le film vise un public qui n'existe pas, à la fois trop violent et trop sombre pour les enfants (avec une absence quasi totale d'humour en prime) et trop simple et prévisible pour les adultes. Attention, je ne dis pas que le scénario ne contient pas des éléments intéressants, mais globalement le public pour ce film n’existe pas vraiment, et c’est bien là sa grande faiblesse.

L'histoire, on la connaît, et le sens caché de la petite chouette rêveuse faisant un véritable parcours initiatique (et tragique car elle devra affronter son frère devenu mauvais) a déjà été répétée inlassablement, et le film n'apporte rien de neuf de ce point de vue. Il faut sans doute pour voir quelque chose d’intéressant replacer le film dans la filmographie de Snyder : ardemment critiqué à sa sortie, 300 avait été considéré à la fois comme un film fasciste et belliciste, justifiant la guerre en Irak (les Occidentaux devant se battre contre des Perses voulant imposer leurs croyances). Visiblement, Snyder n’est pas resté sourd à ces attaques médiatiques, et à l’instar de Griffith et de sa Naissance d’une nation, il propose son Intolerance via ce film d’animation : ici, les « sangs-purs » veulent dominer le monde mais échoueront, et la guerre est avant tout source d’un grand malheur tant au niveau émotionnel que psychologique. Une réponse qui ne passe jamais inaperçue dans le film.

Mais avant tout cela, il ne faut pas oublier le vrai talent de Snyder, celui d’un véritable esthéticien de l’image. A nouveau, on en prend plein la vue : l'animation est impeccable, audacieuse parfois, évoquant presque un 300 à plumes, le choc du métal, la violence du combat, la beauté du geste, le goût du sang et l'odeur de la mort régnant lors de scènes de batailles étonnantes. Le trait stylistique majeur de Snyder, à savoir les ralentis, sont encore légion ici, mettant bien souvent en avant la précision et le sens du détail de chaque plan en plus de chercher une forme de grâce de l’instant. Mais à nouveau, le film n’es guère accessible aux enfants de ce point de vue, et cela met un peu de plomb dans l’aile à ces Gardiens…

Bref, La légende des Gardiens n’est certes pas le meilleur film de Snyder, sans doute inapte à raconter un conte pour enfants sans les traumatiser, mais il n’en est pas déplaisant pour autant et prouve que le cinéaste est définitivement capable de nous surprendre dans les années à venir. Je ne demande pas mieux personnellement.

Note : ***

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