mardi 30 novembre 2010

La maison de bambou (House of bamboo)

Si l’on parle beaucoup des films de guerre de Samuel Fuller (bon, ok, vu son passé, c’est normal), on oublie un peu ses deux autres genres de prédilection : le western, qu’il aimait utiliser pour autopsier les travers de l’Amérique, et surtout les films noirs qui, finalement, étaient assez proches aussi de son passé (pour avoir côtoyé les gangsters avant de devenir soldat). Et parmi ceux-ci, La maison de bambou est probablement l’un de ses plus beaux.

Un film noir (en couleurs par ailleurs sublimes) avec comme décor le Japon au lendemain de la guerre, il fallait oser, Fuller l'a fait ! Premier film hollywoodien à être entièrement tourné au Pays du Soleil Levant après 1945, House of Bamboo est surtout l'occasion pour Fuller de magnifier un pays qu'il aime et d’essayer d’en capter la saveur et l’originalité (à l’instar de cette séquence de théâtre traditionnel sur le toit d’un immeuble) tout en parlant de ce milieu qu'il connaît bien, les gangsters. Bien sûr, on est loin de la sombre peinture qu’il a pu en faire dans Pick up on South Street, le modèle du genre dans sa filmo à mes yeux, mais les criminels de House of bamboo n’ont rien de caricatures comme dans beaucoup de films de la même époque, ce sont au contraire des hommes avec des sentiments parfois complexes, comme le lien trouble, quasiment homosexuel refoulé, qui unit le chef du gang et son bras droit.

Le scénario est assez prévisible mais contient suffisamment de beaux moments pour tenir la route. Ces moments, ce n'est pas Robert Stack, héros certes mais un peu fade, qui s'y illustre, mais bien Robert Ryan, sublime en chef de gang dandy et homosexuel, éclatant lors du meurtre de son bras droit. Cette séquence d’ailleurs, très simple, est pourtant riche d’émotions et d’une complexité de jeu de la part de Ryan plus qu’intéressante. Sans aucun doute le personnage de Ryan est-il le plus travaillé du film, et l'un des plus beaux chez Fuller en général. La scène finale, dans la zone de jeux pour enfants sur le toit d'un immeuble en plein cœur de Tokyo, véritable duel de plates-formes, est elle aussi mémorable.

Un film à reconsidérer. Comme beaucoup de Samuel Fuller soit dit en passant. Je sais, je me répète, mais vérifier par vous-même vous verrez si je mens !

Note : ***

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