samedi 10 juin 2006

OSS 117 - Le Caire, nid d'espions

Une comédie française plus que réussie que cet OSS 117 – Le Caire, nid d’espions.

Un peu d’histoire tout d’abord : OSS 117 est un personnage créé par Jean Bruce durant les années 40 et qui connaîtra sept adaptations ciné. Sorte de James Bond à la française (les vilains jaloux…), c’est lui qui est au service du Président, lui qui a reçu le permis de tuer, sur ses épaules que repose l’avenir du monde libre… Sauf qu’en 2006, la donne est changée ! Exit le tombeur, place au véritable OSS 117, la version qui fâche et fait rire, admirablement retranscrit par Jean Dujardin ! De retour sur les grands écrans, Hubert Bonisseur de la Bath connu sous le pseudonyme d’OSS 117 subi donc une relecture de la part d’une bande de déjantés n’ayant pas peur de prendre la distance (et agrémenté de dérision) avec les romans de Jean Bruce pour parodier le genre d’une manière plus qu’admirable.

Il convient tout d’abord de saluer la réalisation, qui n’est certes pas la meilleure du genre mais qui a le mérite (et, dans le monde du cinéma français, c’est rare !) d’oser se replonger dans le passé, à ces fameuses années où OSS 117 envahissait les écrans ! Elle est loin d’idée d’actualiser honteusement un héros de la vieille époque (comme ce malheureux James Bond subissant des relectures navrantes ces derniers temps…) ; non, ici, on suit non seulement la veine des autres films de la série mais aussi c petit côté Les Barbouzes, avec une de temps à autre une pointe d’exotisme digne de celles que l’on retrouve dans des œuvres comme Casablanca (toute comparaison gardée). Si on voulait comparer l’esprit de la réalisation à une autre œuvre (mais uniquement, à nouveau, dans la volonté de faire), OSS 117 – Le Caire, Nid d’espions représente au cinéma français ce que Indiana Jones représenta au cinéma US il y a quelques années. Michel Hazanavicius pousse même le (délicieux) vice jusqu’à dans la construction de maquettes… dont on ne peut nier qu’elles sont fausses ! Idem pour ces plans en voiture où l’arrière-plan est manifestement un écran… Bref, un côté rétro qui offre au film tout son charme.

A réalisation fantasque, acteur fantaisiste ; et quoi de mieux que Jean Dujardin pour interpréter le nouveau OSS 117 ? Certes, les doutes sont légion à l’annonce de ce choix (Un gars, une fille… et Brice de Nice n’étant pas les références de la franchise…) mais ils sont rapidement dissipés : Jean Dujardin EST ce pastiche d’OSS 117. Il incarne merveilleusement cette version beauf, inculte, un rien raciste et nationaliste de l’espion, sans en oublier pourtant un côté mystérieux, envoûtant, charmant, à l manière d’un James Bond. Comme dirait Jean Dujardin : « OSS 117 a un peu de Sean pour son élégance… et beaucoup de connerie ! ». Et il suffit de le voir se ridiculiser lui-même pour se dire que, quelque part, Dujardin est un grand acteur promis à un bel avenir. Entre son sourire ravageur et ses répliques absurdes (« Le gratin cairote ? Et non pas le gratin aux pommes de terre ! Non parce que gratin… Et cairote, c’est presque carotte… Enfin bon ! ») sans oublier ce moment totalement décalé où il reprend, en arabe, la chanson Bambino de Dalida, Dujardin tire la couverture du film à lui tout seul, usant à la fois de son humour djeun’s (limite Brice de Nice) et un humour beaucoup plus fin.

Reste que le scénario tient la route, exploitant une galerie de personnages types interprétés par des « gueules » de cinéma. Et on ne peut même pas l’accuser d’être trop long ! Sans oublier que sous ses airs de comédie populaire et d’aventure, le film cache un message politique assez costaud, jouant sur les paradoxes du choc entre l’Occident et l’Orient, dénonçant presque le colonialisme français de l’époque en Afrique du nord.

OSS 117 – Le Caire, nid d’espions est donc un renouveau du genre, un souffle purificateur dans le paysage cinématographique français qui semblait tourner en rond ; pour une fois, on assiste à du vrai cinéma, ceux comme on les aime, mélangeant les genres et sans prise de tête, sans être toutefois dénué d’un message. La suite est d’ores et déjà annoncée : vivement !

Note : ****

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