mardi 27 juin 2006

La véritable histoire du Petit Chaperon Rouge (Hoodwinked)

Un dessin animé surprenant que cette Véritable histoire du Petit Chaperon Rouge.

Il faut être honnête, la gamine avec son beurre et ses galettes qui part rassasier la mamy dans les bois avant de se faire bouffer par un loup et sauver par un bûcheron, ça n’impressionne plus personne. Décliné sous toutes les formes possibles, le conte de Perrault a traversé les âges et en a inspiré plus d’un, qui ne s’est jamais vraiment éloigné du récit originel (même Jan Kounen ne s’y est pas risqué). Alors quelle joie de voir des cinéphiles s’y frotter !

Cinéphiles oui, car Hoodwinked n’est pas uniquement un récit pour enfants ; c’est aussi un formidable hommage au cinéma. Tout d’abord au genre policier, tendance film noir même, avec un petit style à la John Huston. Ensuite, la construction du film est presque la même que celle de Rashomon, de Kurosawa (autrement dit, une même histoire selon différents points de vue). Sans compter les références disséminées çà et là (E.T. par exemple…)

Il y a aussi le fait qu’à l’instar de la plupart des dessins animés actuels, Hoodwinked s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adultes par son humour. Si quelques gags sont basiques (lorgnant de temps à autre chez Tex Avery), d’autres sont beaucoup plus fins ou, à défaut, vraiment drôles.

Cela tient sans doute de la construction de chaque personnage. Car si l’histoire a vraisemblablement été modifiée, les personnages aussi. Fini la fillette innocente, le méchant loup, la grand-mère trop sage et le bûcheron sans peur et sans reproche, tout est au délire, ce qui permet quelques répliques cinglantes de la part des héros (surtout du Loup, influencé Michel Audiard et humour acide).

On reprochera évidemment, et c’est logique, la faiblesse graphique du métrage. Nous sommes loin des prouesses de Pixar ou même des qualités Dreamworks, et le film en pâtit. Mais il ne faudrait cependant pas oublier de préciser qu’il s’agit là d’un dessin animé indépendant, ce qui explique le manque de richesse graphique…

Et c’est ce dernier reproche qui plombe tout, avec la b.o. vraiment ciblée 2 à 5 ans en guise de cerise sur le gâteau. Sans ces défauts, le film atteindrait facilement les sommets, par son originalité d’une part, par son impertinence d’autre part. Par cette volonté de ne pas subir l’influence des studios, peut-être aussi par cette différence fondamentale avec les productions actuelles dans le genre : Hoodwinked est le fruit d’une passion, d’une envie de faire du cinéma, et non pas un carton au box-office. En espérant que les réalisateurs récidiveront dans le même esprit, et avec un petit peu plus de soutien…

Note : ***

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