dimanche 18 juin 2006

Da Vinci Code


Une adaptation ratée que ce Da Vinci Code.

A la base déjà, le projet est casse-gueule : adapter le best-seller de Dan Brown relève de l’impossible. Non pas que l’histoire soit compliquée (loin de là : Dan Brown a par ailleurs écrit son livre à la manière d’un film (flash-back, pointe d’humour au bon moment, séparation de chapitres en scènes…)) mais c’est surtout que la richesse du livre réside dans les explications fournies, dans les parallèles établis, dans les descriptions qui font travailler l’imaginaire du lecteur. Bref, impossible à retranscrire cinématographiquement.

De toute évidence, il fallait donc un cinéaste capable de donner du relief au récit, un réalisateur capable de mélanger les genres comme Brown l’a fait dans son roman, un artiste qui ne se laisserait pas démonter par l’attente que provoquerait le film et les foudres de l’Eglise contre ce « blasphème » littéraire… Au vu de toutes ces demandes, Ron Howard n’était peut-être donc pas la personne idéale. Non pas qu’il s’agisse d’un mauvais réalisateur, mais disons qu’il est beaucoup trop calibré Hollywood pour pouvoir offrir une dimension convenable à ce genre de film. Ici, les pressions qu’il a subi apparaissent claires comme de l’eau de roche : exit l’Opus Dei, le caractère jaloux de Pierre… On ne garde que le politiquement (et ecclésiastiquement) correct. Bref, tout ce qui pouvait faire le charme du Da Vinci Code, on l’oublie pour ne garder que les énigmes et la pseudo course-poursuite entre les pauvres innocents et la police. A noter qu’Howard s’offre quand même le plaisir des reconstitutions historiques, comme celles du siège de Jérusalem ou de la fuite de Marie-Madeleine. Ainsi que le petit bonheur de jouer les maîtres des effets spéciaux qui, soyons honnêtes, n’ont toujours pas leurs places dans le récit.

On ne peut pas blâmer les acteurs de s’être inscrit dans cette aventure. Tout d’abord, une personne sensée ne refuserait pas un tel cachet ; ensuite parce que, finalement, il s’agit quand même du film le plus attendu de l’année. Et il faut dire qu’ils s’en sortent assez bien nos acteurs, avec mention spéciale pour Ian McKellen et Paul Bettany (interprétant le moine albinos… pas si albinos que ça puisqu’il est blond platine et les yeux bleus !). Tom Hanks est impeccable à défaut d’être grandiose, et on regrette de ne pas voir plus de Jean Reno et d’Alfred Molina, même s’ils semblent surjouer un brin. En revanche, Audrey Tautou se bat tant que mal pour faire oublier son personnage d’Amélie Poulain qui lui colle à la peau malgré tout. Elle n’est pas mauvaise mais, au bout du compte, on ne la sent pas aussi à l’aise que le reste du casting… On remettra la faute sur l’importance de la production allez…

Saluons cependant la b.o. composée par l’immense Hans Zimmer, fidèle à son style. C’est presque aussi épique et fascinant que celle de Gladiator, pour dire. Et même si la musique en vient par supplanter le film lui-même (qui virerait presque au clip tant les moments de silence sont rares…), on ne s’en lasse pas.

C’est donc bel et bien dans l’adaptation que tout coince. Si les puristes admireront le respect des lieux de l’intrigue (Le Louvre, la reconstitution de l’église Saint-Sulpice et celle de l’Abbaye de Westminster…), les vrais fans du livre crieront au survol de l’œuvre de Brown. Chacun aura raison, mais ce n’est pas le plus important : ce qui est dommage, c’est que Ron Howard n’a justement pris aucune liberté avec le livre, qu’il est resté à ce point fidèle à l’œuvre originale que le film est sans vie. Il aurait certainement fallu un rien de folie, une liberté artistique qu’Howard n’a pas pour prendre de la distance face au roman mais aussi à ses puissants détracteurs.

Dommage donc, pour un film qui aurait pu être captivant d’un bout à l’autre, qui aurait même pu être grandiose avec le traitement adéquat (liberté de ton et distanciation entre les théories avancées et la réalité) ; en dépit, un blockbuster sans âme, qui ne retient même pas les idées culturelles du roman pour garder le suspens bien mal rendu (la course-poursuite en Smart, ridicule). Bien trop déséquilibré pour vraiment captiver.

Note : **

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