jeudi 22 juin 2006

Joyeux Noël


Un film de guerre hélas trop franchouillard que ce Joyeux Noël.

A la base, un fait historique ; au casting, une pléiade de noms internationaux ; à la caméra, un cinéaste quais débutant, auteur du gentil Une hirondelle a fait le printemps. Dommage que, dans l’ensemble, ça ne tienne pas le coup.

L’idée n’est pas mauvaise, loin de là même. A la rigueur, on en viendrait presque à ne pas croire que ça s’est passé, mais si. Il y a même des éléments qui ne sont pas dans le film et qui, pourtant, se sont déroulés (comme le fait qu’un chat ait subi le peloton d’exécution pour collaboration avec l’ennemi…). Hélas, ce qui manque, c’est une volonté de faire réagir, de non seulement provoquer l’émoi chez le spectateur mais aussi la révolte contre les injustices du corps d’office dans l’armée durant la guerre. Si un certain Kubrick y était parvenu avec Les sentiers de la gloire, Carion est très loin d’avoir les épaules du cinéaste américain.

Il aurait même la fâcheuse tendance à arrondir les coins, histoire de dire que la guerre, même si c’est moche, ben c’est humain. Je ne suis pas sûr que les vétérans soient de cet avis… Bref, ici, un soldat est un soldat, et qu’il soit Poilu, Bosch ou Rosbif, pas de différences. Mieux encore, si il n’y avait eu qu’eux, la guerre aurait été totalement autre, mais ce sont les officiers français, anglais et allemands qui ont foutu le souk. Jusque là on est d’accord, mais de là à représenter les soldats comme des braves types quoiqu’il arrive…

C’est bête parce qu’en plus, les acteurs ne sont pas mauvais. Certains même impressionnent ; te est le cas de Dany Boon, qu’on ne s’attend pas forcément à voir dans ce registre et qui se révèle un acteur remarquable. C’est aussi le cas de Daniel Brühl, qui joue le rôle d’un jeune officier allemand avec un justesse à toute épreuve. Et on attend toujours de voir Gary Lewis enfin révélé au monde après ses rôles non négligeables dans Billy Elliott ou Gangs of New-York…

On pourra également émettre quelques réserves sur la mise en scène, théâtrale, de Christian Carion, qui aurait pu offrir une dimension tragique qui aurait propulsé son récit au sommet. Malheureusement, si le sujet est original la réalisation ne l’est guère, très (trop ?) sage et visant plus l’émotion que le brûlot. Les deux n’étaient pourtant pas incompatibles…

Un projet ambitieux don, qui aurait mérité un traitement plus sérieux, moins sentimental, un rien plus spectaculaire et moins manichéen… On se contentera du résultat actuel en attendant.

Note : **

0 Comments: