mercredi 13 décembre 2006

Monty Python : Sacré Graal ! (The Monty Python and the Holy Grail)


Qu’on se le dise, les Anglais ont le sens de l’humour second degré, pour ne pas dire de l’absurde. Certains même ont cultivé cet art pour le mener à son paroxysme. La bande de cinglés qui a fait ça s’appelait Monty Python, et Sacré Graal ! est assurément leur film le plus célèbre – et le plus drôle.

Bande de trublions issus de la télévision, composée de Graham Chapman, Eric Idle, John Cleese, Michael Palin, Terry Jones et Terry Gilliam (le seul américain du groupe), les Monty Python se sont fait connaître grâce à leurs sketches à l’humour absurdes, tournant en dérision une certaine société britannique, avec un non-sens des plus délicieux. Ils se sont d’ailleurs à l’époque déjà essayé au long métrage avec La première folie des Monty Python, sorte de best of de l’émission Monty Python’s Flying Circus, ensemble de saynètes plus ou moins distinctes les unes des autres (d’où le titre original And now something completely different). Sacré Graal ! constitue donc leur deuxième film mais leur premier film élaboré et cohérent (dans la mesure du possible chez eux). Les Monty Python ont en effet adopté, pour leurs films, une méthode originale : travaillant par petits groupes les idées du scénario, se réunissant ensemble, discutant, retenant ou écartant certaines trouvailles, s'isolant à nouveau, et ainsi de suite, ils finissaient par aboutir à une suite de petites scènes formant pourtant un ensemble au ton cohérent.

Quelques anecdotes sur de tournage : la grande majorité du film fut tourné en Ecosse, mais plusieurs scènes se déroulent en fait dans un parc au plein centre de Londres (vous imaginez les citadins voyant cela ?) ; le chevalier noir, que le roi Arthur affronte dans un combat mémorable, est joué par John Cleese... sauf lorsqu'il se fait couper une jambe, scène pour laquelle un véritable unijambiste prit sa place ; enfin si la fin de Sacré Graal ! est à mourir de rire, la version originale faisait preuve d'un égal humour burlesque, puisque dans le premier jet du script, Arthur et ses chevaliers trouvaient finalement le Saint Graal... chez Harrods, magasin londonien généraliste hautement réputé !

La grande force des Monty Python réside sans doute dans cette capacité qu’ils ont à tout nous faire croire. Le budget de leur film étant plus que limité, ils n’ont pas hésité à exploiter le système D de façon absurde : ainsi les chevaux sont remplacés par deux noix de coco, une carte postale sert de décor (allumer une bougie juste devant pour aie croire à un mouvement d’air, le tour est joué), des jouets sont utilisés pour représenter de vrais animaux (cfr la vache balancée par delà la muraille), un imposant dragon est un dessin animé, etc. A force de faire dan l’excès, on adhère, et ce qui pourrait nous paraître débile devient des traits de génie : comment ne pas rire au terrible lapin tueur ?

Sans compter que les scènes cultes s’enchaînent à un rythme effrayant : du ramasseur de mort au procès de la sorcière, du lapin de bois géant au Camelot – cabaret, des chevaliers Ni au géant à trois têtes en passant enfin par le passeur aux trois questions (à noter que l’Assyrie comptait 4 capitales… vous m’aurez compris), absolument aucune seconde n’a été faite sérieusement. Et c’est tant mieux !

S’il ne constitue pas leur film le plus abouti (La vie de Brian) ou le plus virulent (Le sens de la vie), Sacré Graal ! est pourtant le film le plus célèbre des Monty Python et, disons-le, le plus drôle de tous, traversant les âges aussi aisément que la légende d’Arthur et des chevaliers de la Table Ronde. C’est dans ce genre de situation que l’on se dit qu’un dvd, ça s’use trop vite…

Note : *****

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