vendredi 2 décembre 2011

On connait la chanson

Le principe est simple : un film, d’apparence classique, avec une multitude de personnages, qui occasionnellement de ne s’exprime plus par leurs propres voix mais avec des chansons françaises populaires. Le premier film blind-test de l’histoire du cinéma ?

L’idée prête à sourire, mais réduire Alain Resnais à un auteur de films conceptuels serait une grave erreur. On connaît la chanson n’est pas un prétexte à enchaîner sans trop de lien diverses chansons qui n’ont pas toujours beaucoup de points communs (on passe quand même de Téléphone à Léo Ferré par exemple…) : chez Resnais, même si les transitions ne sont pas toujours des plus limpides, il faut au moins reconnaître qu’elle ne supplantent pas le récit, s’intégrant en lui avec plus ou moins de succès et fréquemment une bonne dose de dérision. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : si le film reste avant tout une comédie profondément dramatique, Resnais accentue le mot « comédie » par un second degré permanent, les chansons étant employées de manière cynique et avec une pointe d’ironie jubilatoire. En outre, le procédé ne lasse pas car il n’est pas utilisé avec abus.

Evidemment et comme bien souvent chez le Resnais de ces dernières années, le casting y est pour beaucoup dans la réussite du film : rodés au cinéaste, au genre ou tout simplement à leur métier, les acteurs sont suffisamment dynamiques pour faire passer le film, et les têtes d’affiche viennent forcément emporter le morceau, notamment Jean-Pierre Bacri en loser qui refuse de l’admettre et André Dussolier en quinqua amoureux comme un ado. Meme Agnès Jaoui, avec laquelle j’ai beaucoup de mal, ne m’a pas déplu, c’est dire.

Dommage par conséquent que malgré sa vitalité, le film n’est pas totalement convaincant : la faute à une histoire qui n’est pas un peu plus riche en événements, les séquences étant souvent tirées en longueur et quelques coups de mou n’aidant pas les choses. Dans l’ensemble, rien de grave, tant le film reste avant tout plus divertissant qu’autre chose, même si Resnais ne renie jamais totalement sa veine expérimentale, sur le son ici mais aussi sur le visuel (ces plans de méduses). Resnais, à la fois auteur audacieux, intellectuel et populaire.

Note : ***

1 Comment:

Titine said...

Quand j'ai un coup de blues je regarde l'extrait où Bacri dit les paroles de la chanson de Joe Dassin !
"Elle m'a dit d'aller siffler là-haut sur la colline, de l'attendre avec un petit bouquet d'églantines. j'ai cueilli les fleurs et j'ai sifflé tant que j'ai pu, j'ai attendu attendu elle n'est jamais venue zaï zaï zaï zaï zaï zaï"
Et là j'explose de rire !!!! Rien que pour ça je remercie Resnais d'avoir fait ce film...