jeudi 7 avril 2011

Somewhere

Qui a vu Twister ? Vous vous souvenez peut-être de cette séquence où, dans la voiture en pleine tornade, une vache passe, soufflée par le vent, devant la voiture familiale en volant. La fille s’exclame alors avec une remarquable perspicacité « une vache ! ». Quelques secondes plus tard, la séquence se reproduit. « Une autre vache ! » crie alors la gamine décidément intelligente, avant que son père ne la reprenne « je crois que c’était la même ». Vous voyez ? Eh bien maintenant vous savez à quoi j’ai pensé en voyant le (loooooooooooooooooooooooooooooooooong) plan-séquence d’ouverture du film : une ferrari noire tourne en rond plusieurs fois dans le désert, jusqu'à ce le conducteur s'arrête, sort de la voiture et respire un grand coup en faisant mine de réfléchir. En 3 minutes, Sofia Coppola vient de raconter son film... mais non : mieux vaut le répéter encore.

Donc on découvre 17 fois que le personnage est un loser, alcoolo, vedette mais mal-aimée, asocial. Nan parce que vous avez pas l’air de piger un truc : les jolies femmes, l’alcool, la drogue, l’argent, le luxe, tout ça ça ne vaut rien. Enfin paraît, moi perso je crois que j’arriverais à survivre. Mais je ne suis pas artiste, ça explique pas mal de choses. Ou pas.

Bref, vient alors l'essentiel du film : la relation entre le père et sa fille. Sofia, un psy, ça coute nettement moins cher qu'un film tu sais... Sérieusement, il s'agit là d'un manque de pudeur flagrant de régler ses comptes familiaux de cette manière, par le cinéma, comme si personne n'allait comprendre.

En outre, pour ce faire, Sofia Coppola se fourvoie dans les stéréotypes et les clichés. Par exemple, la gamine fait du patin à glaces, parce que le patin à glace, c’est tellement smart. Et puis ça elle en fait bien du patin, car on en bouffe pendant 10 minutes non-stop de ce putain de patin ! Mais y a aussi Guitar Hero (placement de produit powaaaa) car un vrai père joue avec sa fille aux jeux vidéos. C’est connu.

Passons. Pour le reste, Sofia Coppola propose une réalisation sans âme, sans rythme, sans inspiration, d'une banalité affligeante et d'un ennui mortel. De 1h30, seules 10 minutes pourraient être sauvées avec de la (très bonne) volonté. Toutefois, une mention est à souligner : l’art de Coppola qui est parvenu à rendre son film à l’image de sa thématique récurrente : Somewhere est un film de la frustration, car de toute évidence c’est un film très riche (il y a une tonne de symboles disséminés ça et là) mais enseveli sous une contemplation futile, une narration sans charme, sans la poésie qui caractérise habituellement les films de Sofia Coppola. Curieux paradoxe.

Et je repense alors, quand arrive le générique de fin, à la séquence de Twister, pas pour le sentiment de tourner en rond ou de voir toujours la même chose, non, juste pour avoir moi aussi eu quand les lumières se sont allumé ce regard bovin, les larmes aux yeux, serrant si fort mon ticket dans ma main qu’il a fini par y pénétrer. Et comme après avoir été pris dans une tornade, j’ai vomi. Ah ben oui.

Note : *

2 Comments:

Wilyrah said...

Ce film tourne en rond et n'a rien à dire. De plus, il n'a aucune âme. J'ai été aussi sévère et je l'assume totalement : après quatre films, S. Coppola est arrivé aux limites de son cinéma semblerait-il.

neil said...

La petite Sofia a du talent, si si quand même. Mais elle l'exploite mal : elle n'a rien à dire et ce qu'elle dit elle le dit de façon lourdingue. C'est fatigant à force.