lundi 11 juillet 2005

Le Procès (The Dial)


Pas le plus connu et pourtant un prestigieux film d'Orson Welles que ce Procès.

Pour ne rien vous cachez, il s'agit de l'adaptation (très fidèle) du roman homonyme de Franz Kafka.

Résumons un peu la situation : traîné devant un tribunal pour un crime dont il ignore la nature, un fonctionnaire est pris dans les rouages d'une société tentaculaire et absurde. Il voit en effet sa vie changer du tout au tout pour un acte qu'il ne sait même pas avoir commis...

Très kafkaïen donc!!! Mais le scénario qui en découle est tout simplement remarquable, très métaphorique... J'y reviendrai après.

Tout d'abord il faut saluer le casting, prodigieux, composé d'Anthony Perkins, Jeanne Moreau, Romy Schneider, Orson Welles et même Jess Han dans un petit rôle de flic pourri. Tous sont incroyables, de Jeanne Moreau en femme fatale un peu dérangée à Romy Schneider fidèle servante plus proche de l'esclave de l'antiquité, sans oublier bien sûr Orson Welles en avocat machiavélique et Perkins en pauvre victime complètement déboussolé... Perkins, peut-être le seul vrai rôle du film, les autres protagonistes ne faisant que quelques passages de quelques minutes, mais quelle émotion dégagent-ils...

La mie en scène d'Orson Welles est, une fois de plus, exceptionnelle, prouvant qu'il était bel et bien un génie incontestable. La composition de certains plans (fixes ou en mouvement, n'importe) est tout simplement ahurissante! Et l'utilisation de la perspective et de la profondeur de champ imposent une fois de plus la patte inégalable d'Orson le génie...

Revenons au scénaro maintenant : qand je le disais métaphorique, je vais essayer de me justifier...

Joseph K. se voit donc accusé d'un crime dont il ignore la nature, et bien qu'il tente de se défendre d'une manière ou d'une autre il se verra condamner à mort, issue probablement décidée avant même son procès. Si on extrapole une théorie philosophique, le crime (qui reste inconnu durant tout le film) de Joseph K. (K. représentant sans doute Kafka lui-même mais également n'importe quel autre humain) ne serait-il pas tout simplement de vivre? Serait-ce là sa véritable culpabilité, avoir vécu? Car le "héros" insiste bien qu'il ne cherche pas à se protéger mais à protéger tous les suivants, et de plus la mot est une des finalités de la vie donc...

Bien sûr, Welles insiste beaucoup plus sur les dérives de la justice et de l'Etat comme le prouve la scène d'introduction où l'on raconte l'histoire de l'homme qui attend devant les portes de la Loi...

De toute manière, et c'est là le propre de Kafka, chacn y verra sa propre réponse...

A noter que le film est très fidèle au roman (même dans les dialogues) sauf en deux points : la composition de l'histoire, en flash-back dans le roman et en linéaire pour Welles, et la fin, que Welles estimait périlleuse après les massacres des Juifs durant la guerre (le roman fut écrit en 1925) ; Welles opta donc pour une fin bien plus métaphorique et en totale osmose avec son époque et son contexte, la guerre froide...

Un film absolument remarquable donc, preuve incontestable une fois de plus du génie de ce cinéaste maudit qu'était Welles...

Note : *****

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