lundi 16 février 2009

Il Divo


Il Divo, c’est l’histoire de Giulio Andreotti. Allez, pour la peine, un peu d’histoire.

Oh et puis non, trop long. Je vous renvois ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ann%C3%A9es_de_plomb_(Europe)#Italie pour mieux comprendre. Disons que l’événement majeur de cette période sombre serait sans doute l’assassinat d’Aldo Moro. Et parallèlement à la menace des Brigades rouges subsistait l’influence de la mafia (et du maître d’alors Toto Riina), qui n’hésitait pas à éliminer ceux qui la combattait comme Giovanni Falcone ou Carlo Alberto Dalla Chiesa dans des vendetta violentes et sanglantes. Et le point de ralliement de toutes ces histoires ? Giulio Andreotti.

Au début, je m’attendais à un film assez froid, le genre un peu intello, voir pompeux, et surtout très réaliste. Une sorte de cinéma politique italien remis au goût du jour, du Francesco Rosi dopé aux hormones. Non pas que je n’aime pas Rosi, au contraire, mais faut dire que le bonhomme n’a pas toujours eu le sens de l’humour dans ses films. Eh bien si vous êtes comme moi apprenez à dire « jamais ne dire jamais ! »

Première claque : l’introduction. Dès le départ le ton est donné : un style frappant, original, qui ne manque pas d’humour et qui surtout installe les éléments de base du film (une esthétique soignée, une approche postmoderne dans l’ironie et l’utilisation de la musique où se croisent Vivaldi, Fauré, Cassius ou la musique pop italienne des années 80) et son personnage principal. Personnage principal dont l’image sera soigneusement travaillée : si celui-ci se compare parfois à Dieu, qu’à cela ne tienne, le réalisateur l’associe à Jésus (les aiguilles d’acupuncture qui forment une auréole, ce plan d’une soirée qui évoque la Cène…). Mais pas seulement : de par sa posture, sa démarche, et son affection pour l’ombre, impossible de ne pas faire le lien avec Nosferatu. Un personnage tout en ambiguïté donc, et que le réalisateur ne juge pas : Andreotti était-il vraiment lie à la mafia ? Est-il sincère quand il dit que non ? A chaque spectateur de se faire son opinion.



Il ne vous rappelle pas un personnage fantastique ?

Pour camper cet être insaisissable, tout de même resté au pouvoir près de 50 ans, un acteur exceptionnel : Toni Servillo. Ce nom ne dit peut-être rien par chez nous (sauf ceux qui a-ont vu Gomorra) mais après cette performance, on ne peut souhaiter que le revoir très rapidement. Tout en retenue, en silence et en regards, souvent vides d’ailleurs, il parvient à donner assez d’épaisseur à Andreotti pour que le cerner devienne encore plus difficile.

L'éventuel reproche à faire au film serait la complexité du récit au vu de ses très nombreuses informations à assimiler (d'autant que la narration n'est pas simple, avec ce recours à de nombreux flash-back pas souvent clairs) et on risque de vite s'y perdre si on ne connaît pas un peu l'histoire de l'Italie de cette époque.

Mais ce serait dommage car ce Prix du Jury du Festival de Cannes 2008 est, assurément, l’un des plus grands films politique de ces dernières années. Car il est sincère, objectif et drôle. Et croyez-moi c’est énorme.

Note : ****

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