Dans l’histoire du cinéma, Double indemnity (dont le titre fait référence à une clause de contrat d’assurance, qui voit la prime décès doublée si la mort n’est pas ordinaire) est souvent considéré comme l’une des œuvres phares du film noir, tout simplement parce qu’elle en a établit plusieurs principes et traits caractéristiques que je vais me faire un plaisir d’énumérer ici.
Le film a notamment lancé la mode de la voix-off et du flash-back, pour briser la linéarité du récit policier et du suspense : l’impact sur l’objectivité du récit est évidemment très forte. Dans ce cas-ci, on peut observer que, puisque c’est Neff qui raconte toute l’histoire, son personnage n’est pas aussi mauvais qu’il devrait l’être, finissant par attirer la sympathie du spectateur en se faisant passer pour la victime d’une cruelle manipulatrice. Il y a donc un impact sur l’objectivité mais aussi sur le but du récit : en effet, puisque tout le film n’est qu’un long flash-back, il est inutile de chercher l’identité du coupable, elle est donnée d’emblée. Le suspense s’inscrit alors dans le « comment » de la situation finale de l’histoire (et initiale du film), celle qui amène le coupable à se confesser. Cette idée du suspense n’est pas sans rappeler celle d’Hitchcock, qui avouera par ailleurs que Wilder avait réussi à l’égaler avec son film. On pourrait même presque parler, pour rester dans l’univers hitchcockien, de direction du spectateur, Wilder n’hésitant pas à insérer ci et là des séquences qui font angoisser le spectateur quant au sort des personnages, pourtant détestables, rendus sympathiques. La scène la plus marquante à cet égard reste sans conteste celle de l’après meurtre, lorsque la voiture refuse de démarrer, où le récit semble alors pouvoir prendre une autre tournure.
Sur foi du narrateur, nous devons donc découvrir une série de personnages qui deviendront typiques : la femme fatale, manipulatrice et séductrice, responsable de l’explosion d’une famille (celle de la victime). Ensuite, le détective têtu et sans pitié, incarné ici par Edward G. Robinson, qui paradoxalement quitte ses rôles de gangsters pour interpréter un honnête investigateur d’assurances. Enfin, comme point commun à tous les personnages, un homme égoïste, véritable anti-héros, manipulé dans un premier temps avant de devenir lui-même manipulateur.
Ici, le personnage de Neff incarne l’indiscernabilité parfaite : représentant de la sécurité (les assurances), il devient un danger mortel. On ne peut plus non plus, puisqu’il est le seul et unique narrateur, distinguer le vrai du faux. Enfin, le spectateur ne sait jamais vraiment si l’idée du meurtre était de lui ou non, puisque si dans un premier temps il réfute toute éventualité d’homicide, il finit par avouer en avoir envie et le propose à sa future maîtresse.
Enfin, d’un point de vue géographique, le film se situe en zone urbaine, mais la majorité de l’action se déroule dans des lieux clos, comme des bureaux ou des salons. Un élément claustrophobe qui donne à l’ambiance déjà sombre du film un petit plus non négligeable.
Bon après, Barbara Stanwyck et Edward G. Robinson sont magnifiques, la réalisation grandiose de Wilder, le scénario diablement bien écrit, etc. En gros : pur chef-d’œuvre. C’est clair ?
Note : *****
mardi 13 avril 2010
Assurance sur la mort (Double Indemnity)
Publié par Bastien à 00:01
Libellés : *****, Années 1940, Wilder Billy
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1 Comment:
Bonjour Bastien, je constate que tu as repris les mêmes termes que dans le commentaire que tu m'as fait le 07/04/08 sur mon billet du 19/02/08.
Assurance sur la mort est un chef d'oeuvre. James Cain a été chanceux dans l'adaptation de ses oeuvres. Bonne soirée.
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