samedi 2 octobre 2010

L'inconnu (The Unknown)

Bien qu’il soit plus connu aujourd’hui pour son Dracula avec Bela Lugosi et, surtout, son Freaks, Tod Browning était un cinéaste ayant plus d’un atout dans sa manche. The Unknown est probablement son film muet le plus célèbre, où il collabore presque main dans la main avec sa figure fétiche, celle de l’homme au mille visages, Lon Chaney.

L’histoire, somme toute basique, est celle d’un voleur simulant une infirmité (l’absence de bras) pour passer inaperçu dans un cirque mais aussi, accessoirement, dans l’espoir de mettre la main sur Joan Crawford. C’est bien là un récit typique de Browning : un mélodrame policier faisant part belle à la cruauté (des sentiments, mais aussi du corps de Chaney), totalement irréaliste mais plein de rebondissements.

Si Browning n’a révolutionné en rien le cinéma, force est de constater que derrière une caméra ce n’est pas un manchot pour autant : digne représentant de ce que André Bazin appelait le cinéma de la cruauté, Browning s’évertue à montrer la souffrance humaine dans ce qu’elle peut avoir de plus touchant (l’amour du personnage de Chaney pour celui de Joan Crawford, les refus qu’essuie Malabar auprès d’elle…) et sait tout autant se montrer habile pour créer du suspens (la vengeance du bandit envers Malabar à la fin du film).

Mais surtout, ce qui compte dans The Unknown, c’est bel et bien Lon Chaney. Cet acteur, merveilleux, démontre encore une fois qu’il est l’un des plus grands de sa génération, loin de jouer comme un pied, capable de modifier son aspect corporel à l’extrême pour un rôle. Une telle détermination, un tel dévouement à son art, personnellement les bras m’en tombent.

Très court (une cinquantaine de minutes) et très efficace, The Unknown est assurément l’un des plus beaux fleurons de la filmographie de Browning et de Chaney, et un immanquable muet que bien plus de cinéphiles devraient voir. Moi, chaque fois que je le vois, j’applaudis des deux mains en tout cas.

Note : ****

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