vendredi 23 décembre 2005

Requiem for a dream


La bombe qui révéla Darren Aronofsky au monde entier que ce Requiem for a dream.

Il faut dire que π était déjà en soi un petit bijou tordu et techno-trash, complètement décalé et déboussolant. Confirmation ici avec ce film, devenu depuis l’une des références majeures dans les films sur la drogue comme Trainspotting ou Moi, Christiane F. ..13 ans, droguée et prostituée…

Tout commence presque bien pourtant. Sara Goldfarb vit dans le deuil de son époux et doit supporter les vols récurrents de son junkie de fils. Qu’importe, les amies sont là et les shows TV aussi ; Harry Goldfarb, fils de Sara, se défonce de son côté avec son pote Tyrone et sa splendide copine Marion. Jusqu’ici, tout va bien… ou presque. Voilà que Sara subi un canular et se croit choisie pour passer à la télé, tandis que le trio restant doit se rendre compte que non seulement l’argent ramassé grâce à leurs deals est épuisé mais en plus l’héroïne vient à manquer. Sara tombe alors dans la dépendance des médicaments tandis qu’Harry, Tyrone et Marion découvre les revers de ce genre de dépendance…

Film choc sur les drogues qu’elles quelles soient (TV, héroïne, médicaments…), Requiem for a dream se veut un drame noir, bien noir, sans aucun compromis pour ses personnages. Le scénario, basique sur le fond, ne laisse aucun moment de répit à nos comparses dès leurs descentes en enfer. Et au vue des quatre résultats, on se demande lequel s’en tire le mieux…

Comme avec π, Aronofsky mise tout sur la mise en scène. Tendance techno au niveau musical, Requiem for a dream est pourtant l’apogée d’un style unique dans le paysage cinématographique contemporain. Résolument jeune, Aronofsky (ab)use des gros plans, des caméras collées aux corps, des accélérés et des ralentis ; tout ce qu’une caméra peut faire, Aronofsky l’utilise. C’est peut-être là le souci pour beaucoup, cette approche presque clipesque de la mie en scène qui, indubitablement, fini par lasser. La première fois, c’est la claque assurée ; la deuxième, c’est toujours impressionnant mais ça en devient lassant. Heureusement Aronofsky en a conscience et ne se limite pas qu’à ça. Il s’offre l’audace de créer une dimension tragique aux personnages, chacun allant de son petit malheur : Sara regrette son mari et veut que son fils l’aime ; Harry veut briller aux yeux de Marion, laquelle en viendrait presque à pleurer sa carrière ratée dans le stylisme ; enfin Tyrone cherche lui aussi à briller mais aux yeux de sa mère… Un cycle infernal où, comme à la télévision montrant un show sensé aider à maigrir, seul l’envie de plaire compte.

Point de vue acteurs, chacun se donne à fond dans le personnage, d’Ellen Burstyn en mère parano à Jared Leto en fils toxico. Tous deux irradie l’écran de génie. Jennifer Connelly, elle, est tout aussi belle que douée, c’est certain, mais la plus grosse claque reste Marlon Wayans, qui abandonne les blagues potaches de Scary Movie pour devenir un véritable acteur, un de ceux qui jouent avec leur tripes et qui, d’un simple regard, vous font frissonner, comme dans cette scène où Tyrone se souvient de sa mère…
Un film particulièrement réussi sur le discours, loin d’imposer une morale mais ne prenant pas pour autant le parti des toxicos ou dépendants ; la critique ne se limite pas non plus à la drogue mais à l’addiction dans son tout, ce qui veut dire bien au-delà de ce qui se sniffe, se fume, se boit ou s’injecte dans les veines. C’est aussi chez soi et même dans sa tête que l’on peut trouver les pires éléments…

Troublant, fascinant, un peu répétitif mais terriblement efficace dans le sentiment de mal-être provoqué chez le spectateur.

Note : ****

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