samedi 31 juillet 2010

Inception

Depuis une dizaine d’années, Nolan nous a habitué aux films grand public exigeants, ceux qui demandent une participation active du spectateur, le récompensant de ci de là par des scènes d’action spectaculaires (comment oublier ce camion se retournant dans Dark Knight ou les tours de magie du Prestige). Inception, son projet fétiche depuis une dizaine d’années, était donc forcément attendu avec autant d’excitation que de suspicion.

Pourquoi ? Car un projet de ce genre relève souvent de l’exercice masturbatoire par excellence : le cinéaste brouille les pistes, perd le spectateur dans un récit complexe en s’enorgueillant presque d’un « je suis plus malin que vous car moi j’ai tout compris et pas vous, na ! ». La force de Nolan sur Inception est d’avoir justement éviter cette prétention : à chaque séquence il guide le spectateur ou lui rappelle des informations capitales via un dialogue ou un montage sans que ce soit redondant ou trop didactique. Mieux, cela participe même au suspens du film comme le prouve ce montage parallèle entre les différents rêves avec chacun son temps étiré ou non.

Au-delà de ça, le scénario de Nolan n’est pas compliqué en soi : c’est sa construction qui nous faire croire qu’il l’est. Nolan s’est déjà illustré dans cet exercice de style auparavant : Memento et sa construction mi-linéaire mi-à rebours, Insomnia et son ambiance « brumeuse » ou encore Le prestige, véritable tour de passe-passe narratif. Inception ne déroge pas à la règle et ce n’est que son enchevêtrement de rêves différents qui rend le film plus opaque qu’un autre. Toutefois, le réduire à un scénario basique serait aussi une erreur, l’histoire étant assez touffue et riche de rebondissements pour tenir en haleine les 2h30 du film, qui passent par ailleurs à une vitesse folle de mon point de vue.

Mais si l’histoire d’Inception semble avoir conquis les spectateurs, je trouve qu’il faut aussi souligner la qualité de la mise en scène de Nolan. Certes son classicisme n’a en soi rien d’extraordinaire (il reste cependant un technicien de qualité à mes yeux) mais c’est tout l’univers onirique qu’il a pu créer qui me semble très intéressant. Personnellement j’ai toujours été fasciné par ces cinéastes sachant créer un univers bien à eux (Terry Gilliam avec de l’argent, Tim Burton avant sa corruption) et Nolan ici ne me déçoit pas : son style urbain froid, déjà à l’œuvre dans Dark Knight, est associé à une série d’éléments chocs qui laissent une forte impression (en vrac : Paris se repliant sur elle-même, le train traversant Manhattan ou encore les combats antigravitationnels dans le couloir de l’hôtel).

Un mot sur le casting en guise de conclusion : sans être extraordinaire, il est très juste de bout en bout. Di Caprio retrouve ce personnage d’héros torturé qui lui colle à la peau depuis quelques temps et porte le film sur ses épaules ; toutefois, c’est du côté des « seconds rôles » (il n’y en a pas vraiment ici, chacun ayant une importance relative) qu’il faut aller chercher son bonheur : la jeune Ellen Page et le rôdé Ken Watanabe se débrouillent fort bien face à Di Caprio tandis que deux bonnes surprises surgissent en les personn(ag)es du cérébral Joseph Gordon-Levitt (troublante ressemblance physique avec Heath Ledger c’est affolant) et le fuckin guy Tom Hardy, qui apportent une touche d’humour bienvenue au film. Je préférerai passer sur les performances de Marion Cotillard, fidèle à elle-même mais finalement peu présente dans le film, et Cillian Murphy qui ne m’a jamais réellement convaincu. Reste que j’aurais aimé, à titre personnel, voir un peu plus de Michael Caine et Tom Berenger (c’est fou comme il a grossi dis donc).

Mais au diable toutes ces menues considérations : Inception est un de ses films surprenants non pas en lui-même mais bien en tant que divertissement qui outrepasse son rôle, devenant un objet cinématographique qui tire profit de son art (je n’imagine pas cette histoire autrement que dans un film) et respecte le spectateur en ne le prenant pas pour un con tout en le divertissant. Christopher Nolan est définitivement l’une des valeurs hollywoodiennes les plus sûres à l’heure actuelle, et on l’en remercie allègrement.

Note : *****

mercredi 21 juillet 2010

La chevauchée fantastique (Stagecoach)

Il est curieux d’observer que, bien que considéré comme le maître du genre, John Ford n’a pas réalisé tant de westerns que cela (bien moins de la moitié de sa filmographie). Mais quand il en a réalisé, il faut bien l’avouer, ce fut des chefs-d’œuvre d’entrée de jeu, à l’instar de ce Stagecoach.

Stagecoach est surprenant dans la mesure où c’est un western qui, en soi, n’est pas foncièrement un western. Certes les grands traits du genre sont bien présents : les grandes plaines de Monument Valley que Ford illustrera si bien tout au long de sa carrière (encore que les nombreuses scènes tournées en studio avec un paysage peint dénotent un peu à mon goût) et les décors habituels (le désert, le saloon, les auberges), les personnages incontournables comme le shérif, la prostituée, la cavalerie ou les indiens, et bien entendu de grands moments héroïques (l’attaque des indiens et le duel final). De ce point de vue, Ford établit effectivement la liste des éléments caractéristiques du western.

Mais ce qui intéresse le cinéaste avant tout, et le film est très clair sur ce point, c’est la dimension sociale du sujet. Ford était un homme engagé, et sa vision de la lutte des classes trouve ici un tremplin formidable : la psychologie certes caricaturale mais ô combien précise et claire des personnages permet au spectateur de mieux appréhender des scènes d’apparence anodines et pourtant lourdes de sens : la scène de dîner, par exemple, souligne bien les préjugés qui peuvent régner entre les gens. Même si Ford sait divertir le spectateur (la séquence d’attaque des Apaches est un moment de bravoure incroyable), il se détourne souvent du western en tant que tel (le duel final est en hors-champ et très rapide) pour se concentrer sur quelques moments (parfois un rien trop longs) de la vie des personnages.

Techniquement, Ford incarne ici la quintessence du classicisme hollywoodien : les plans, majoritairement fixes (ce qui rend les plans en mouvements, à savoir le travelling avant sur John Wayne au début, le panoramique sur les Indiens et l’attaque des Apaches, marquants) sont composés de manière admirable (géométriquement mais aussi en profondeur : rien d’étonnant que ce film ait largement influencé le cinéma d’Orson Welles). La mise en scène de Ford si classique soit-elle contient pourtant en elle une véritable modernité de ton, qui fait que le film qui date pourtant de 1939 n’est ni poussiéreux ni dépassé. En outre, le cinéaste n’hésite pas à changer la donne habituelle concernant les personnages : non seulement c’est un hors-la-loi (magnifique John Wayne) qui est le héros du film (ce qui pose question puisque sa vengeance sanglante est acceptée sans problème par le spectateur) mais en plus les personnages féminins n’ont pas ici des rôles de faire-valoir mais sont des personnages forts et importants dans le récit.

Un film surprenant pour son époque, tout à la fois ancré dans un système hollywoodien et une logique des genres (même si le western y côtoie le mélodrame et la comédie de manière régulière) et parvenant cependant à être personnel et intemporel. Incontournable.

Note : ****

mardi 13 juillet 2010

Toy Story 3

Difficile, même chez Pixar, de faire une suite à un film très bon. Toy Story 2 avait pourtant réussi à être plus qu'honorable. Toy Story 3 était donc attendu au tournant, et force est de constater qu'il se défend bien le bougre.

L’intelligence du récit réside dans un souci de cohérence (Andy n'est plus un enfant mais un ado qui va à l'unif, vu que Toy Story 2 date d'il y a 10 ans déjà) et les auteurs n'hésitent pas à dépoussiérer un peu l’univers de Toy Story (on élimine les anciens personnages secondaires pour des nouveaux) ce qui rend le film agréable à suivre. Mais voilà : côté scénario, j'ai trouvé ça faiblard. Sur un énième canevas de sauvetage, on ressasse les même thèmes (la fidélité, l'amitié) et les même gags (Buzz qui redevient crétin). Il y a de bons moments (le personnage de Ken, la première apparition de Rictus le clown, Buzz en version espagnole) et des personnages renforcés (les secondaires type Monsieur Patate qui devient un ressort comique permanent) mais aussi de longs moments mièvres (le climax de la décharge, le final) qui font le film navigue trop entre deux eaux pour réellement convaincre et, surtout, trouver le rythme adéquat. C’est fort dommage, car plusieurs séquences sont amenées à devenir anthologiques (la première et la seconde évasion de Sunnyside) mais cela ne suffit pas.

Après, d’un point de vue technique, le film est une vraie réussite : Pixar démontre encore une fois qu’ils sont les maîtres en matière d’animation (la décharge est une vraie réussite, et l’emploi des couleurs est très convaincant et agréable). Et si le film n’atteint pas la virtuosité d’un Ratatouille ou l’audace d’un Wall-E, il n’en est pas moins une œuvre aboutie. On garde le même style que les deux premiers Toy Story mais il manque cette audace, ce brin de folie dans la mise en scène qui ont fait des derniers Pixar des films fascinants pour qui s’intéresse à l’animation.

Toy Story 3, sans être transcendant, est donc un film sympa mais plus vraiment pour les petits et pas encore pour les adultes. J’avoue, en immense admirateur de l’œuvre de Pixar que je suis, être très sceptique et un peu pessimiste : après un Up en demi-teinte, les studios semblent avoir un coup de mou, et la suite du programme fait douter de leur capacité à se renouveler et surprendre encore (Cars 2, Monstres & Cie 2...). Qui vivra verra.

Note : ***

dimanche 11 juillet 2010

Payback

Il est courant d’entendre dire qu’Hollywood manque cruellement d’originalité. Ce n’est pas totalement faux, je l’accorde, mais il faut voir les deux points positifs de ce défaut : premièrement, il nous aide à nous extasier comme des gosses de 10 ans dès que l’on voit un film un peu « différent » de par le ton (Watchmen et Dark Knight pour les films de super-héros, Inglourious Basterds pour le film de guerre, etc.). Ensuite, il force aussi à revisiter l’histoire du cinéma hollywoodien parfois avec un certain brio, comme c’est le cas avec ce Payback qui revisite le film noir.

Toutes les caractéristiques du genre y sont : l’anti-héros « revenant », la femme fatale, les flingues, la clope, la violence, l’omniprésence de la voix-off, l’ambiance assez sombre, les bons mots, les arnaques, le décor urbain un peu crade, même les clairs-obscurs sont remplacés par une photographie très froide. Brian Helgeland soigne sa réalisation, et semble appliquer à la lettre le manuel du parfait petit film noir (ou néo-noir comme diraient les Anglo-saxons). Cette revendication d’un genre tombé en désuétude est tout aussi surprenante qu’efficace, bien loin des polars que l’on voit habituellement. Et personnellement je suis fan.

Autre point fort du film : Mel Gibson. Il faut dire qu’on s’est habitué à voir le petit Mel dans des rôles de bons gars (même dans Mad Max 2, il parvient à justifier son rôle de sale con égoïste) alors le voir ici, en héritier d’Humphrey Bogart (la même capacité à avoir la classe en étant un enfoiré), n’hésitant pas à être un bad guy pour arriver à ses fins mais avec un sens moral aigu (il ne veut que la part d’argent qu’on lui a volé, pas plus), moi je dis que c’est du tout bon. Dommage qu’en face, il ne trouve personne pour lui opposer un jeu solide (Kris Kristofferson en méchant j’y crois très moyennement et James Coburn est plus drôle qu’effrayant).

Reste que Payback ne se prend pas la tête ni se la joue trop sérieux : c’est un film hommage, un divertissement rythmé et efficace (les scènes d’actions sont brutales et rapides) et qui sans deux-trois défauts aurait pu atteindre le meilleur niveau. Il n’en est pas moins une sacré claque dans la tronche quand on pense à ce que fait Hollywood habituellement.

Note : ****

vendredi 9 juillet 2010

Le Miraculé

Jean-Pierre Mocky, c’est un peu comme le poumon de brebis farcie à la sauce à la menthe : on le digère ou pas. Il faut dire que le loustic s’est illustré dans bon nombre de critiques, pas toujours très subtiles, des travers de la société. Alors quand il se frotte à l’Eglise et en particulier Lourdes et son univers plus capitaliste qu’ecclésiastique, on est en droit de s’attendre à du lourd.

Et ça, on n’est pas déçu, c’est du lourd. Enfin, du lourdingue devrais-je dire : peut-être que le film a fait son petit effet à sa sortie mais aujourd’hui, l’humour gras, pataud et pas drôle ne fait plus mouche. Pire, il est aussi drôle que la messe du dimanche sur France 3, y a qu’à voir. Au-delà des caricatures poussées (le curé belge, la bohémienne qui s’habille à la Esmeralda de Notre-Dame de Paris) et des personnages mal croqués (le petit malfrat, l’inspecteur des assurances, le beau et jeune prêtre et la prostituée convertie), le scénario est bien lent et long pour dire… ben pas grand-chose en fait. Quelques idées vachement cyniques sont bien présentes pour détendre le tout (la secte des chaises roulantes) mais ça s’arrête là.

Côté acteurs, on a déjà vu mieux aussi : Poiret est aussi crédible en voyou que ne le serait Ponce Pilate dans un remake de La mélodie du bonheur, Serrault en fait des tonnes et Moreau en Marie Madeleine à la date fraîcheur dépassée est transparente. Un trio de choc qui choque surtout par sa faiblesse de jeu, acteurs ayant perdu la foi vis-à-vis d’un film dont ils ont du sentir le potentiel gâché.

Et ce n’est pas la réalisation qui rattrape le tout. Autant Mocky peut parfois être inspiré (sa manière de filmer la cité dans A mort l’arbitre m’avait plutôt surpris) autant ici, le film est aussi passionnant que la traversée du désert d’Abraham version longue. C’est plat, sans audace, sans vie même, ressemblant parfois plus à un téléfilm qu’à un vrai long métrage de cinéma. Si on pourrait encore comprendre ce problème dans les films récents du cinéaste (qui, il est vrai, est loin de connaître l’aisance d’un Spielberg pour monter ses projets), à l’époque il avait de l’argent donc pouvait faire mieux.

N’en déplaise aux fans de Mocky, j’affirme que ce film n’a rien de drôle, tout au plus fait-il sourire de temps à autres (et parfois malgré lui, ce qui est quand même un poil embêtant). Quand on imagine quel film aurait pu être réalisé sur ce sujet, on a encore plus mal. Au royaume de la critique les lourdingues n’ont définitivement pas leur place.

Note : *

mercredi 7 juillet 2010

Gladiator

Le général devenu esclave. L'esclave devenu gladiateur. Le gladiateur qui défia l'empereur. Et le film qui remis le péplum au goût du jour.

Enfin, façon de parler : on ne peut pas dire que les suivants dans les années 2000 ont remporté le suffrage universel (en même temps, Alexandre et son Colin Farrell version gay qui ne s’assume pas et Vercingétorix avec Christophe Lambert… Comment dire sans être blessant… Non je préfère m’abstenir). Il n’empêche : Gladiator a su faire revivre un court instant un genre tombé en désuétude et que j’avoue apprécier assez fortement (oui, je sais, ça commence à faire beaucoup les genres que j’apprécie énormément, j’aurais plus de chance de dire ceux que je n’aime pas : zut, na).

Je vais vous parler de la version longue ici. Pas la director’s cut, comme s’en défend Ridley Scott dans l’introduction du dvd, mais bien la version longue (ce qui en soi n’est qu’un argument marketing en plus mais bon). Mais que contient-elle au juste ? Pas grand chose en réalité : une scène où Maximus voit les morts et blessés après la bataille en Germanie, une autre où la sœur de Commode complote dans son dos, quelques rallonges par-ci par-là de scènes existantes…

La version longue est toutefois intéressante dans la mesure où elle renforce la dimension politique du film, un peu délaissée dans la version cinéma qui est elle, sans conteste, fort axée sur l’action. Ce n’est pas un reproche, loin de là : les scènes d’action sont tout simplement magnifiques, de la dantesque bataille contre les Barbares aux combats de l’arène, chaque séquence est un moment de bravoure à lui seul. Mais un peu plus de profondeur, plus de subtilité dans le récit n’est en rien déplaisant non plus, même si ce n’est pas encore du haut niveau.

Côté réalisation, Ridley Scott s’applique, et malgré une légion d’erreurs cinématographiques et historiques, nous fait passer un agréable moment via une mise en scène esthétiquement aboutie et visuellement forte. On est content aussi de voir que le film se démarque des péplums d’autrefois : pas d’allusions à la religion ici (comme dans le Spartacus de Kubrick) mais seulement l’histoire d’un homme devenu gladiateur (comme Spartacus) qui se bat pour une cause (comme Spartacus) et mourra en martyr mais heureux (comme… HÉ LÀ UNE MINUTE !!).

Dans le rôle principal, Russel Crowe assure, et ce n’est que chose logique qu’il ait pu devenir une star après ce film tant sa performance est agréable à regarder. Face à lui, quelques vétérans qui tiennent la distance (Richard Harris et Oliver Reed), un jeune acteur prometteur à l’époque (Joaquin Phoenix, qui porte définitivement mieux la couronne de laurier que le bonnet de rappeur (didju Joaquin reviens au cinéma !)) et une charmante Connie Nielsen un peu trop transparente en réalité (déjà qu’une Danoise pour jouer une Romaine ça le fait moyen…).

Un divertissement de haut vol donc, violent et intelligent, audacieux et visuellement toujours aussi beau dix ans après.

Note : ****

lundi 5 juillet 2010

The Ghost Writer

Il est habituel d’entendre dire qu’il existe deux Polanski : un plus personnel et un plus populaire. Personnellement, je trouve que les deux cohabitent très souvent au sein d’un même film, avec plus ou moins de brio. Et bon, parfois, effectivement, j’avoue, on a droit à un Polanski un poil plus grand public qu’intime. Comme ici avec Ghost Writer.

Le constat est facile à faire : nous sommes ici en présence d’un pur produit made in Polanski (ambiance paranoïaque et multitude de huis-clos, thèmes du complot et de la relation maître-esclave) et techniquement, rien à redire, mais cela reste trop superficiel pour un cinéaste de cette envergure. Je sais je sais, on va encore me dire « oui mais si on commence comme ça… » eh ben zut moi je le dis na ! Car il faut admettre que derrière son aspect thriller bien ficelé et bien mené, Ghost Writer n’est pas l’œuvre tant attendue de la part d’un mec comme Polanski, et les déboires juridiques de son réalisateur n’ont rien à voir avec tout ça.

Au-delà d’une forme impeccable, le fond lui en revanche est plutôt décevant : si l’ensemble tient la route, force est de reconnaître que ça sent le déjà vu, qu’il n’y a guère de surprise, que c’est souvent attendu et, pire, que la dernière demi-heure s'essouffle rapidement avant de sombrer dans une série de twists prévisibles à mort (le final a ceci pour lui, il est d’un humour noir propre au cinéaste mais est presque inévitable j’ai envie de dire).

Et c’est bien dommage car les acteurs sont tout aussi bons que la réalisation. On a beaucoup parlé du contre-emploi de Pierce Brosnan en ex-politique pas net, mais j’avoue lui avoir largement préféré Ewan McGregor, tout en finesse, qui mène véritablement le récit. Olivia Williams dans le rôle de l’épouse énigmatique est très bien aussi, mais j’avoue avoir été perturbé par les seconds rôles : Kim Catrall dont j’attendais plus, les has-been Timothy Hutton et James Belushi et un Eli Wallach bien trop courts et qui en soi n’apportent pas grand chose au film. A nouveau, je suis resté sur ma faim.

Reste que là je chipote, je chipote, mais Ghost Writer demeure un divertissement de haut vol, cérébral, un bon vieux thriller à l’ancienne, tout dans l’ambiance et les acteurs, aux échos contemporains plus qu’évidents. Pas un chef-d’œuvre mais une belle réussite.

Note : ***

samedi 3 juillet 2010

Iron Man

Voilà une dizaine d’années que les super-héros ont la cote au cinoche. Certains y verront une réponse au 11 septembre pour rassurer les Américains ; d’autres diront qu’Hollywood manque cruellement d’imagination pour aller puiser dans des comics existants depuis des décennies ; d’autres encore diront qu’ils s’en foutent tant que le film est bon. Oui sauf qu’en matière de super-héros ben on n’en a pas eu des tonnes de bons films !

Et puis vient Iron Man. Non parce que faut pas déconner : Superman et son brushing impeccable ou les Quatre fantastiques imbéciles, c’est bien gentil mignon tout plein mais l’heure est aux héros sombres, asociaux, ambigus. Iron Man ne l’est pas tant que ça, mais sa désinvolture, sa nonchalance, son flegme et sa grande prétention font de lui un être arrogant et imbu de lui-même, particulièrement séducteur et drôle ce qui le rend encore plus irritant.

On a donc un personnage hors normes, mais est-ce que le reste suit ? Eh bien curieusement oui : Jon Favreau, inconnu au bataillon (naaaan arrêtez de rappeler qu’il a fait cette chose qu’est Zathura avec la monolithique Kirsten Stewart, c’est pas sympa), propose un film d’action LI-SI-BLE. Je me permets d’insister sur ce point car il n’y a pas à dire, c’est quand même mieux quand on voit et comprend ce qui se passe à l’écran (Michael B., si tu me lis).

Mais il n’y a pas que ça : le scénario est enfin IN-TE-LLI-GENT. Bon ok là j’abuse un peu mais au moins cette fois, pas de romance débile, une réactualisation intelligente (l’Irak remplaçant le Vietnam du comic d’origine) et un tempo normal (et pas accéléré pour arriver vite fait bien fait à la baston). Après, l’histoire ne casse pas trois-pattes à un canard soyons clairs, elle est même très légère et pas travaillée en profondeur (mais le 2 fera pire).

Et enfin, et surtout, le casting. Pour ne pas blesser gratuitement, je ne citerai pas de noms, mais il faut bien reconnaître que les acteurs des Quatre fantastiques ou Superman Returns étaient à côté de leurs pompes. Ici, the right man in the right place : Robert Downey Jr, l’enfant terrible d’Hollywood, le rebelle à la grande gueule, pile poil l’incarnation de Tony Stark, endosse le costume de l’homme en fer de manière plus que séduisante : il EST Iron Man. A tel point qu’il éclipse ses partenaires, de la Gwyneth Paltrow sympathique à un Jeff Bridges en méchant un peu trop caricatural. Reste que l’ensemble tient la route et on n’a pas envie de vomir en les voyant (pas comme ceux des Quatre fantastiques qui… ok j’arrête).

Où est le problème ? C’est qu’au-delà d’un script trop léger vu le potentiel, la réalisation de Jon Favreau est inexistante. Certes, l’ensemble est propre et les effets spéciaux, réussis, s’inscrivent bien dans le film, mais celui-ci manque de punch, d’audace, d’originalité, et surtout d’une vraie patte d’auteur. Et comme Favreau n’est ni Tim Burton (Batman Returns), ni Sam Raimi (Darkman, Spiderman), ni Christopher Nolan (Dark Knight) et ni Zack Snyder (Watchmen), il ne parvient pas à hisser son film au-delà du simple divertissement. Reste que dans cette dernière fonction, Iron Man assume très bien son rôle : le cahiers des charges est donc rempli à défaut d’autre chose.

Note : ***