dimanche 21 février 2010

The Lovely Bones

Cinq longues années que j’attendais le retour de Peter Jackson, cinéaste plutôt sous-estimé à mes yeux alors qu’assez efficace dans l’art de surprendre le spectateur (des films d’horreur décalés à un Seigneur des Anneaux impressionnant, en passant par un faux documentaire quasiment parfait et un King Kong qui me semble plus qu’honnête). Autant dire que son retour à un certain intimisme après sa décennie 2000 (quatre films mais quatre monstres) laissait présager autant d’intérêt que d’incertitude.

Tout commence plutôt bien quand la voix-off s’avère très vite être celle d'une jeune fille morte. Nous sommes alors en droit d'attendre quelque chose dans la veine de Fantômes contre fantômes qui, loin d'être le meilleur Jackson, comportait des idées intéressantes (je suis fan de ce concept de relations humains-fantômes). Mais là où ça a commencé à suinter, c’est quand après 20 minutes de Dawson (non parce que la gamine folle amoureuse du trop rebelle qu’a la classe indienne du bahut, ça va, manquerait plus qu’il écrive des poèm… ah merde il en écrit c’est vrai !), ben il ne se passait toujours rien. Rien, que dalle, du vent, des nèfles, peau de lapin, morpions au soleil, NADA ! Alors c’est sympa les personnages caricaturaux (la jolie famille, la fille trop zarbi genre gothique qui voit des trucs que personne ne voit, le centre commercial visiblement lieu de vie des américains moyens), mais ça gave.

C’est alors que surgit l’homme de la situation : Stanley Tucci. Dans le rôle du méchant, rien à dire, il excelle : caricatural dans la forme, il ne l’est pas dans son jeu, proposant un pervers sexuel tout en retenue, froid, calculateur, bien loin des névrosés qui bavent en voyant une gamine mais bien le pédophile accompli, qui sait patienter dans l’ombre. Chaque scène avec Tucci sera par ailleurs à glacer le sang, tant l’acteur, derrière son allure de ringard de la rue, est le psychopathe total, impliqué et appliqué.

Et c’est là que Jackson nous tue, nous, plus la gamine : le Paradis pour lui, c’est l’enfer pour nous. Sans déc : entre les fantasmes de la pucelle (le portrait du trop sexxxxxxxy boyfriend sur un lac une nuit de pleine lune… ah ben ça y est j’ai vomi), la débauche d’effets LSD et les ficelles narratives grosses comme des cordes d’amarrage (la fille qui vient aider Suzie… Non non, on ne sait pas qui c’est et pourquoi elle est là, non non, sinon on fera semblant qu’on sait pas promis !), le côté au-delà du film ressemble à un patchwork de mièvreries et de kitsch, contrastant totalement (genre yin et yang) de l’ambiance tendue et sombre de la partie thriller du film. Si j’étais mesquin (et je le suis), je dirais même que Peter Jackson devrait changer de lunettes, parce qu’au passage monsieur semble avoir délaisser Weta au profit de geeks de 15 ans s’amusant avec After Effects tant les effets spéciaux sont immondes.

Et ce n’est pas le scénario, très pauvre (les retournements de situation annoncés une demi-heure à l’avance, tirés en longueur… Y a des débiles dans la salle ?) et limite douteux (le message final… gné ?) qui sauvera le film. Un peu le casting, il est vrai : la jeune fille ne joue pas trop mal (il faut dire que son regard est très particulier), Susan Sarandon excelle dans le rôle de la belle-mère à la fuck attitude, Mark Whalberg et Rachel Weisz tentant eux de subsister dans des rôles qu’ils ont parfois du mal à endosser malgré leurs efforts.

Mais c’est donc surtout à Peter Jackson que l’on en veut, ratant son sujet (le deuil, la mort) au profit d’une débauche d’effets qui n’ont rien à faire là (et l’excuse du Paradis vu par une gamine de 14 ans, il peut se la tailler en biseau) et d’une fainéantise sur la moitié du film alors que quand il bosse (les séquences avec Tucci), il atteint de grands moments (où on pardonnerait presque cette manie d’intégrer du DV dans les longs métrages pour le moment). S’il continue comme ça, Jackson ne fera plus de vieux os.

Note : *

vendredi 19 février 2010

Kaamelott : saison 1

Arthur, les chevaliers de la Table Ronde, la quête du Graal… Y a pas à dire, on en aura eu à toutes les sauces de cette histoire. Du chef-d’œuvre (Excalibur de John Boorman) aux légères sources d’inspiration (de la série B ou Z à des films comme Indiana Jones) si bien qu’on se demandait ce qu’on allait encore pouvoir nous inventer, car on s’attendait à tout. A tout, sauf à Kaamelott.

Alexandre Astier est un drôle de loustic : sans qu’on lui demande quoique ce soit, voilà t’y pas qu’il se pointe un beau jour de 2004 avec un projet sous le bras : l’histoire d’Arthur revisitée par Michel Audiard et les Monty Python, mais c’est pas tout : le gaillard se propulse acteur, auteur, réalisateur, producteur, compositeur, monteur… Et comme si ça suffisait pas, il ramène une petite bande de potes, et de la famille aussi, sans gêne.

Moralité ? Kaamelott cartonne d’entrée de jeu, par un humour décalé, absurde, qui se fout de la véracité historique, s’inspire de loin de la légende pour construire des gags tout autour – et des gags qui, dans 90% des cas, font mouche.

Ah évidemment, faut pas se monter le melon : c’est pas de la série au phrasé gracieux. Non le genre de la maison ce serait plutôt dans le populaire voyez. Allez, juste pour le fun, extraits choisis :

« Je ne pense pas que deux trous-du-cul soient plus efficaces qu’un seul ! »
« Qu'est-ce que vous voulez, mon p'tit Bohort : entre son épée qui fait de la lumière, son Merlin qui fait pleuvoir des grenouilles et sa Dame du Lac qui se prend pour une truite, il lui manque plus qu'un numéro de trapèze, au roi des Bretons. »
« C’est pas parce qu’un vieux moisi vient nous baver dans les étagères que ça vaut forcément que’que chose. »
« Alors, si vous êtes plus à l'aise avec les situations concrètes, je peux vous proposer mon pied dans les noix... »

Etcaetera. Et évidemment, faut imaginer ça sortant de la bouche de personnages truculents, interprétés par des acteurs en phase totale, si bien qu’on ne s’imagine personne d’autre les remplacer. Accessoirement, on assiste aussi à quelques apparitions plutôt savoureuses de stars du petit ou du grand écran de passage le temps d’un épisode ou l’autre.

Bémol ? Cette saison 1 se la joue un peu trop « capsules » (des épisodes de 3-4 minutes) souvent indépendants les uns des autres ; pratique pour une soirée déconne, mais un peu frustrant sur la longueur si on s’enfile tout d’une traite, l’ensemble manquant d’un fil conducteur vraiment visible (ce qui sera réparé dans les saisons à venir).

En dépit, Kaamelott a marqué le PAF de manière flagrante et efficace, véritable objet de culte pour toute une génération qui redécouvre un humour autre que pipi-caca et zizi-touffe. Du génie, je vous dis.

Note : ****

mercredi 17 février 2010

The Road

Ben dis donc, en ce moment, les films futuristes c’est pas la joie. Il est loin le temps où Kubrick imaginait 2001 et ses ballets spatiaux, non la mode maintenant ce serait plutôt la bombe nucléaire dans la tronche, les catastrophes climatiques, les petites sauteries genre Apocalypse, voyez. Ben The Road, c’est ça, sauf que c’est le lendemain de la sauterie.

Alors soyons francs : le film a de la gueule. Une sale gueule, mais de la gueule quand même : le décor gris et la lumière terne sont impeccables, l’ambiance « solitude » est bien au rendez-vous et la relation père-fils est finement travaillée à quelques rares exceptions près. Et puis il y a des scènes qui, ma foi, sont bien accrocheuses (je défie quicquonque de pas s’accrocher à son fauteuil lorsque le père et l’enfant se rendent dans une immense maison soi-disant vide pour y découvrir une cave… surprenante et le retour des proprios). Et les effets spéciaux, quand il y en a, sont bien foutus et efficaces.

La grande force du film, ce sont surtout les acteurs : Guy Pearce et Robert Duvall méconnaissables, déjà, mais surtout un Viggo Mortensen qui n’a gardé du roi Aragorn que la barbe (et les cheveux dégueus). Surprenant, l’acteur l’est de bout en bout, à la fois fort et fatigué, la mine effrayante et le jeu puissant : sans conteste l’une de ses plus grandes performances, et qui lui permet de se détacher définitivement avec son passage chez Cronenberg de la trilogie de Peter Jackson.

Où est le problème alors ? Ben c’est la fameuse route là, elle est bien longue pour les personnages, et que collatéralement le film est bien long pour nous spectateurs. Alors oui, à quelques virages, on s’accroche un peu, mais le reste du temps c’est de la ligne droite, donc un peu d’ennui. Et puis, c’est pas un chemin de campagne, ça sent plus le bitume fondu que les verts pâturages, bref on s’emmerde un peu, car le film est linéaire, cyclique (on marche, agression, on marche, soucis avec un survivant, on marche). Et puis c’est pas comme si on avait jamais vu film de ce genre : Mad Max 2, ça vous dit quelque chose ? En plus sanguin(olent).

Alors certes, on assiste à un bon moment d’interprétation et à un film qui a sa personnalité, loin de la débauche hollywoodienne (ah c’est pas Emmerich qui se serait contenter d’une autoroute délabrée, une forêt et un caddie…) mais il manque juste un je ne sais quoi pour faire du film un grand moment. De la vie, peut-être…

Note : **

samedi 13 février 2010

La forteresse cachée (Kakushi-toride no san-akunin)

- Ah Star Wars, c’est quelque chose quand même ! Tu ne trouves pas Bastien ?
- Si si, j’aime beaucoup aussi.
- En plus moi je sais tout ! Même que le film s’inspire du Triomphe de la volonté de Leni Riefensthal !
- Et de La forteresse cachée d’Akira Kurosawa.
- Tu rigoles ?
- Ben non : un guerrier qui doit escorter une princesse, deux idiots qui servent d’éléments comiques…
- Ben voyons ! Et ça parle de quoi ton film ??
- Je te l’ai dit : de deux nigauds, comme au temps du burlesque américain, les meilleurs amis du monde que paradoxalement tout oppose, qui rencontre un puissant guerrier, lui-même protecteur d’une jeune princesse qui doit quitter son royaume pour le reconstruire ailleurs.
- Mouais bon… Mais je suis sûr que ça ne vaut pas Star Wars !
- Détrompe-toi : les même ingrédients sont présents dans les deux films. De l’action, de l’humour, de l’émotion, une succession de grandes séquences comme par exemple le combat incroyable contre le général ennemi ou encore la Fête du feu qui montre que Kurosawa adorait l’idée de spectacle.
- Mouais…
- J’oserais même ajouter que, dans ce cas-ci, c’est plus intéressant : Kurosawa aborde un sujet qu’il n’avait jamais abordé.
- Quoi ?
- L’émancipation de la Femme. En général, Kurosawa laisse peu de place aux personnages féminins, ou alors elles ont des rôles de manipulatrices comme dans Rashômon, Le château de l’araignée ou Ran. Or ici, la princesse Yuki, très très jolie Misa Uehara d’ailleurs, joue les révoltées, de celles qui veulent littéralement se battre pour changer le monde.
- Oui mais est-ce que c’est aussi beau que Star Wars ?
- Ben oui : le noir et blanc est admirable, et pour son premier film en Cinémascope Kurosawa montre qu’il a déjà tout compris.
- Ca doit être redondant !
- Pas du tout : c’est un film épique, d’aventure, destiné au grand public. Mis à part que je trouve le duo comique parfois énervant, pour le reste c’est du cinéma populaire efficace. Kurosawa n’a d’ailleurs réalisé ce film que dans le but de gagner de l’argent pour faire des œuvres plus personnelles.
- Je vois… Une dernière question ?
- Oui ?
- L’acteur qui joue le rôle d’Han Solo…
- Probablement Toshiro Mifune, toujours aussi bon.
- Oui… Ben… Dans ton film de jap là, du moyen-âge, est-ce qu’il pilote un Faucon Millenium ? Hein ?!
- Je te laisse 10 secondes pour méditer sur ce que tu viens de dire.

Note : ****

jeudi 11 février 2010

Passe ton bac d'abord

Les films sur les adolescents étudiants sont toujours délicats je trouve. On peut tout aussi tomber sur des daubes (Les sous-doués) comme des films intéressants (Le péril jeune). Et le problème que j’ai avec Passe ton bac d’abord, c’est que je ne sais trop quoi en penser.

Pourquoi ? Parce que je ne me sens pas concerné. Voilà le piège : un film qui cible un public précis se condamne à mal vieillir, les mœurs changeant d’une génération à l’autre. Ayant été étudiant presque adulte au début des années 2000, je ne me sens pas concerné par les états d’âme de ceux de la fin des années 70.

Mais reprenons : nous sommes donc une dizaine d’années après Mai 68, et on le sent : les jeunes veulent vivre leur vie comme ils l’entendent, sans rendre de compte, se foutent des études et préfèrent adopter un système de pensée presque épicurien. Sauf que voilà, à trop tirer sur la corde au début de sa vie d’adulte, on se brûle les mains. C’est un peu ça le message de Pialat : réfléchissez avant de faire les cons !

Après, le film n’est pas son meilleur non plus ; on sent que ce film a été fait dans une optique économique plus qu’artistique. Et, à titre personnel, le côté cinéma vérité m’a laissé ici un peu de marbre, tout comme les acteurs que je trouve sans personnalités, auxquels on ne s’attache pas. Bref, pas convaincu.

Note : *

mardi 9 février 2010

La couleur de l'argent (The color of money)

Sans l’avoir revu depuis quelques années, je me souviens de l’Arnaqueur de Robert Rossen, son duel Paul Newman-George C. Scott, son ambiance film noir et la quête existentialiste du personnage. Difficile de s’imaginer une suite à un tel film. Et pourtant, La couleur de l’argent existe bel et bien.

Heureusement, c’est Scorsese aux commandes. Bien qu’à l’époque il traversait une sérieuse crise professionnelle, il restait un cinéaste solide et en qui on pouvait avoir confiance. Verdict ici ?

L’intelligence du film est de ne pas être justement une suite directe de The Hustler. Ce serait plutôt une remise à niveau, un peu comme Scorsese avec sa carrière. La gloire, la chute aux enfers, et maintenant la remontée à effectuer. Eddie Felson-Martin Scorsese, même combat.

Côté scénario, rien de bien fascinant : un vieux de la vieille qui se projette dans un jeunot prometteur et décide de revenir dans la course. Du déjà vu, d’autant que le film l’explique en long et en large dans des bavardages parfois inutiles. Sentant la limite de son scénario hollywoodien trop calibré grand public, Scorsese fait mine de rien et s’amuse avec sa caméra, joue les virtuoses et montre que lui aussi, malgré sa situation, est encore dans le coup. La couleur de l’argent, c’est un peu La dame de Shanghai de Scorsese.

Au-delà de quelques plans surprenants, il y a tout de même quelque chose de consistant à se mettre sous la dent : un casting 4 étoiles. D’abord les seconds rôles qui deviendront fameux, John Turturro et Forest Withaker. Ensuite Tom Cruise, fraîchement starifié à l’époque, qui bouscule l’immense Paul Newman, tout simplement bluffant dans ce rôle qui lui vaudra (enfin) son Oscar du Meilleur acteur mérité depuis des décennies.

L’idéal serait de rattacher ce film à la biographie de Scorsese pour bien saisir ses enjeux : au-delà du divertissement virtuose, peu personnel mais tout de même, Scorsese jouait les Eddie Felson, superposant presque sa voix à celle du personnage quant à la fin du film il dit « me revoilà ! ». C’est là tout l’essentiel de ce divertissement eighties de bonne facture.

Note : ***

dimanche 7 février 2010

Evil Dead 3 : l'Armée des Ténèbres (Evil Dead 3 : Army of Darkness)

Exit l'horreur, place à la comédie.

Evil Dead 2 donnait déjà le ton en étant un film d’horreur comique mais cette fois, Evil Dead 3 va plus loin que la comédie d’horreur : c’est une comédie avant tout, teintée d’horreur (si on peut dire) après.

A mi-chemin entre le film d’aventure et la parodie (la séquence de Ash dans le cimetière est évidente), Evil Dead 3 a donc de quoi dérouter les fans purs et durs d’Evil Dead tant il en est éloigné. Il ne faudrait cependant pas, sous ce prétexte un peu ridicule, sous-estimer la valeur du film, le plus ambitieux de la trilogie.

Déjà car l’esprit Evil Dead reste là : on est toujours à la recherche du Nécromicon, Ash doit toujours combattre des esprits et bosse toujours à coups de canon scié et de tronçonneuse. Ensuite car Raimi renoue avec une tradition des effets spéciaux, notamment le stop motion pour l’armée des morts, et ça fait du bien. Côté réal aussi il se remet sérieusement au boulot et propose certains plans remarquables.

Et puis, et puis, il y a Bruce ! Bruce Campbell ! Inénarrable, aux répliques désormais cultes (« Chez Prixbas, les prix sont bas ! ») et action-star digne d’un Bruce Willis dans Die Hard. Cool attitude, fuck les zombies et tombeur de ces dames !

Une suite éloignée du modèle donc ; un bien pour un mal, mais qu'est-ce qu'on se poile !

Note : ****

mercredi 3 février 2010

Mr Nobody

Notre histoire prend place en 2092. Assis sur un fauteuil d’un blanc immaculé, un vieux clown rabougri, l’œil glauque (bouffé par la cataracte) et le visage si fripé qu’il rendrait un sharpei dépressif, la main tremblante et la voix rauque, se voit harcelé par le cinquième membre du groupe Kiss. Il lui demande de se souvenir, ce qui pose quelques problèmes à notre ancêtre, qui voit défiler 3 vies, 3 films dans son esprit tortueux et torturé.

Il revoit Toto le héros, un drôle de film, magique et onirique, laissant un souvenir impérissable à ceux qui le voit.

Il revoit, dans un autre souvenir, Le huitième jour, un film un peu facile, un peu convenu, mais empreint d’une profonde humanité, d’une profonde sincérité, mieux encore, d’une profonde simplicité, qui en fait un film honorable.

Et puis enfin il revoit Mr Nobody. Le fameux Mr Nobody, qui en effet n’aurait jamais du être quelque chose de connu. Pourquoi ? Tant de raisons, si peu de courage pour les écrire.

Pourquoi faire un choix ? Comment se décider à parler d’une réalisation prétentieuse et mal foutue, qui puent la débauche de fric autant que les égouts refoulent un temps d’orage quand des centaines d’effets spéciaux kitschs viennent remplir un plan sans nul besoin, à moins que ce ne soit pour combler un vide narratif énorme ? Comment parler de cela plutôt que d’un scénario qui se complique pour rien, multipliant les ramifications troubles et, parfois, inutiles (l’histoire de la troisième compagne… utilité, please ?), dont l’idée centrale est intéressante mais bafouée dans une esthétique clipesque et un manque total de clarté, sous prétexte de réflexions pseudos-philosophiques dignes d’Alain Finkielkraut (donc d’aucun intérêt cinématographique si on s’en réfère à Emir Kusturica, lui aussi ancien génie onirique).

A moins qu’il faudrait parler de ces erreurs de casting, non sans blâmer les acteurs qui luttent pour survivre dans une lutte acharnée contre Adobe After Effects mais qui n’ont pas l’étoffe d’un tel film, trop américain pour un européen et trop européen pour un américain (et vice-versa). A moins que l’enfilade de clichés, du plus drôle au plus affligeant (ah les retrouvailles dans une gare, des années après, cheveux au vent, musique au piano derrière, le tout au ralenti… un seau svp !) ne l’emporte.

Le vieux Bastien choisit donc de ne pas parler du film. Il aimerait l’oublier, oublier qu’avec un budget de 35 millions (d’euros, ça fait encore plus d’imaginer ça en francs), l’Europe ne peut offrir que « ça », cette branlette d’une demi-molle, ce champignon hallucinogène couché sur papier, ce private movie qui ne colle pas à l’idée que l’on s’est fait de Jaco Van Dormael. Un film au moins honnête sur un point : son titre, Mr Nobody, tant le film est dépourvu de réelle personnalité – et accessoirement, de réel maîtrise.

Note *

lundi 1 février 2010

Max et les maximonstres (Where the wild things are)

J’ai pu lire à peu près partout que ce… film… était un vieux rêve de Spike Jonze. J’aurais plutôt tendance à demander : n’était-ce pas simplement un besoin de bouffer ? Non parce que là, c’est pas que ça sent le poil mouillé, mais pas loin.

Résumons le film : nous avons donc un mouflet, le genre haut comme trois pommes qui se prend pour Orangina : il pense qu’il faut se secouer pour que la pulpe, elle reste pas en bas. Evidemment, ce trublion turbulent n’a pas de pot : une grande sœur trop fashion qui le regarde genre « puceau ! », une maman qui bosse 25 heures par jour (mais qui trouve quand même le temps de draguer ce bon vieux Mark Ruffalo, coquine), le tout dans une banlieue américaine typique (ça doit être coton de pas se gourer quand on est bourré, les maisons se ressemblent toutes). Pour illustrer le chaos de la vie morose du morveux, Spike Jonze filme caméra à l’épaule, à la Dardenne’s touch presque. Evidemment encore, la petite teigne se fait gueuler dessus par une maman pas contente, se barre, traverse l’océan en barque et tombe sur une île où les monstres qui s’éclatent à péter leurs maisons à coup de tête mettent 4 heures avant de vouloir bouffer le gamin, qui sauve ses fesses en hurlant qu’il est le roi (des emmerdeurs, mais ça c’est une autre histoire). Pour les quelques loulous qui n’auraient pas encore compris, les dits monstres (qui sont jamais que des nounours de 3 mètres, mais passons) sont chacun un trait de la personnalité du gamin : le timide, le rejeté, le colérique, le capricieux, le cool, et bla bla bla.

Soyons honnêtes, j’ai apprécié les décors et la qualité du design des monstres (mélange d’effets spéciaux numériques et animatroniques). Ceci explique la petite étoile de ma cotation. Pour le reste, j’aimerais que Spike Jonze me pince les tétons, car j’adore qu’on le fasse quand on m’entube profondément et à sec : comment mister génie responsable de Being John Malkovich et Adaptation. peut nous proposer… ça !

Car en plus de l’enfilade de clichés que l’on se trimbale tout le film, il faut en plus supporter ce scénario morne et douteux (qui condamne l’amusement et l’innocence : sympa pour les enfants), sans humour ou presque, et quand ce dernier se manifeste il est aussitôt étouffé par une séquence dramatique (les plus fins esprits admireront comment, après une jolie gamelle d’un des personnages, on nous montre bien la plaie ouverte que ça lui a fait ; ah oui, aussi, pour les amateurs d’humour plus intellectuel, on notera l’arrachage d’un bras, histoire que les enfants comprennent qu’il faut pas contrarier les bisounours carnivores de 300 kilos).

Ah oui, il y a aussi ceci de fantastique que le film rate totalement son public, celui-ci n'existant pas : trop adulte pour les enfants, trop niais pour les ados et adultes. Il y avait plein d'enfants dans la salle, pas un n'a ri, beaucoup se sont ennuyés. Moi aussi. Eh, Jonze, tu reviendrais pas plutôt chez les zinzins indépendants plutôt que chez les décérébrés hollywoodiens ?

Note : *