samedi 30 janvier 2010

Sherlock Holmes

Etat de la situation : un personnage de littérature ultra célèbre, ayant connu pléiade d’adaptations en tout genre (de la plus sérieuse à la plus libre en passant par la plus irrévérencieuse), un cinéaste survitaminé, une politique économique qui veut du film qui à la pêche et propose un héros amoral et drôle, tendance rock’n’roll.

Premier constat : le mythe Sherlock Holmes est radicalement dépoussiéré : exit le flegme britannique et un dandysme certain, place à une fuck attitude, un goût du bon mot, du coup fourré, un penchant pour l’alcool plus que confirmé (en fait, non : tout ce qui ce boit fait l’affaire) et, surtout, une homosexualité à peine dissimulée. On se souviendra aisément du film de Billy Wilder, La vie privée de Sherlock Holmes, qui jouait de ça aussi, mais ici tout n’est que sous-entendu et disputes de couple.

Second constat : le film repose entièrement sur son duo principal, un Robert Downey Jr tout simplement magistral en rôle-titre, et un Jude Law plus qu’admirable en Watson dandy et pourtant bagarreur. Rachel McAdams est elle belle à damner un saint. Dommage que Mark Strong, dans le rôle du méchant, fasse pâle figure, n’offrant pas vraiment un bad guy assez fort pour être effrayant.

Troisième constat : les images sont magnifiques, les effets spéciaux idem bien que de temps en temps plutôt ratés (la séquence sur la Tower Bridge, a little bit too much), les scènes d'action efficaces et l'humour omniprésent, tant dans les combats qu'en dehors (même si le meilleur se trouve dans la bande-annonce, il reste plusieurs bons trucs à sauver).

Mais erreur fatale : le scénario, complètement barré, se perd dans ses propres méandres, se complique pour rien et est ridicule plusieurs fois en plus d'être long sans raison. On ne peut croire à cette histoire de sorcellerie, et les explications de Holmes sont certes intéressantes mais souvent décevantes.

Mais bon, en fin de compte, on ne va pas voir un Guy Ritchie pour réfléchir mais se détendre. Le mobile du crime, pardon, du film, n’est donc que commercial. En cela, il a réussi, dommage que la prétention n’ait pas été portée plus haut et soutenue par un meilleur script et un réalisateur un peu moins nerveux. Elémentaire… ou pas.

Note : ***

mardi 5 janvier 2010

Capitalism : a love story


Ah ce bon gros Michael Moore ! Adulé un temps, méprisé depuis, il n’en demeure pas moins la référence documentaire pour le spectateur lambda et reste une valeur sûre du genre, ce qui est en soi une véritable prouesse, même si l’on peut grandement discuter son éthique.

Crise financière oblige, voilà donc notre barbu lancé à la chasse de l’argent perdu, dénonçant à sa manière les dérives d’un système capitaliste défaillant. En quelques minutes, le doute n’est plus permis, nous sommes dans du pur Moore : corrosif, cynique, mais aussi incohérent (un documentaire contre le capitalisme et produit par… les frères Weinstein ??) et fortement manipulateur.

Préparez vous donc à retrouver ces bons gros bonnets riant du malheur des pauvres gens (le vieil homme expulsé de chez lui, bla bla) et de la morale que seul Michael Moore pouvait nous enseigner (le capitalisme, c’est maaaaaaaaaaaaaaaal). Mais au-delà de ça, le film est une brillante comédie : le nombre de scènes très drôles malgré elles tant elles sont ridicules (l’assaut de Wall Street filmé à l’action-movie) est incroyable. Bon cela étant, hein, c’est bien beau de rire, mais faudra quand même pour la peine se farcir le final obamien effrayant (démocrate power !) en guise de punition.

Reste que Moore, une fois n’est pas coutume, lance quelques pistes intéressantes (qu’il ne sait pas exploiter mais que le spectateur peut) et souligne les incohérences d’un système américain pourri (cette clause dans les assurances-décès assurant que l’argent ira… à la compagnie et non les proches !). Un film dans la veine de Roger & Me, soit bien moins nauséabond que Sicko ou Fahrenheit 9/11 (pas dur) même si vraiment pas terrible.

Note : *

dimanche 3 janvier 2010

La nuit nous appartient (We own the night)


Sept ans. Sept longues années sans donner signe de vie. Sept ans de silence de la part de James Gray entre son second film, The Yards, et cette Nuit nous appartient. C’est trop long !

D’autant que le constat ici m’est plutôt douloureux. En l’espace de deux films (certes c’est peu, mais vous avez vu de qui on parle !), le cinéaste nous avait habitué à une certaine rigueur, une approche formelle fine et délicate, particulièrement soignée, et une originalité de ton qui lui a valu autant les louanges des cinéphiles que la ire d’Hollywood (faut dire que Little Odessa et The Yards n’ont rien de commerciaux).

Alors certes ici, à nouveau, les acteurs sont grandioses, Joaquin Phoeniw en tête, même si les autres (en particulier Eva Mendes) n’ont rien à lui envier.

Certes encore retrouve-t-on les thèmes qui sont chers au réalisateur (l’organisation criminelle mais surtout le poids de la famille, de la fatalité, du Destin) qui sont par ailleurs fort bien exploités.

Certes toujours trouve-t-on de ci de là quelques plans magiques, parfois même des séquences entières d’une beauté et d’une richesse incroyable (la scène vers la fin dans le champ de blé).

Mais hélas, à mes yeux, le film est bien trop sage, tant dans un académisme certain et, j’ai envie de dire, une sorte de « vulgarisation » de sa mise en scène (bien moins froide et implacable que dans ses autres films), que dans un scénario cousu de fil blanc, prévisible, déjà vu.

Cela reste du bon niveau mais que voulez-vous, le génie appelle l’exigence.

Note : ***

vendredi 1 janvier 2010

The Navigator


The Navigator est, à mes yeux, probablement avec Sherlock Jr et Le mécano de la General la quintessence du cinéma de Buster Keaton, ni plus, ni moins !

Je m’explique : tous les éléments propres à l’univers du comique s’y retrouvent exploités au maximum. Il y a d’abord cet humour incroyablement moderne tant au niveau visuel qu’écrit (certains cartons sont hilarants, comme par exemple « preuve que chaque arbre généalogique possède un gland » !). Il y a, bien évidemment, la lutte incessante entre l’Homme et la Machine (en l’occurrence, le bateau). Il y a, ensuite, ces séquences très imaginatives et très physiques (la première nuit sur le bateau, ou encore le combat contre l’espadon sous l’eau !).

Mais au niveau du scénario aussi on retrouve les ingrédients-clés : une histoire d’amour compliquée où Keaton doit conquérir le cœur de sa belle, de la subversivité en veux-tu en voilà (les riches ne savent rien faire) et une construction en trois temps de 20 minutes chacun (mise en place, déroulement de l’histoire et conclusion effrénée).

Et à nouveau un Buster Keaton hilarant et impressionnant physiquement. Mais qu’est-ce qui différencie ce film des autres alors ? Difficile à dire.

Peut-être le fait qu’ici, c’est véritablement Keaton la star, apparaissant dans la majorité des plans. Ou peut-être est-ce car le film innove constamment et évite les répétitions (ce qui n’est pas le cas de Trois âges ou College par exemple). Ou peut-être… Oh et puis zut. Après tout, qu’est-ce qui différencie deux Van Gogh ou deux morceaux de Mozart ? Car Keaton est, de toute évidence, l’égal de ces génies.

Note : *****