jeudi 29 janvier 2009

Les Affranchis (GoodFellas)


Autant que je me souvienne, j’ai toujours voulu faire du cinéma.

Je me souviens quand j’étais môme, je regardais toujours les films le dimanche soir. Mon vieux était pas trop d’accord, parce qu’il voulait que j’aille à l’école, pour que je devienne quelqu’un. Mais moi je m’en fichais. Moi, ce que j’aimais, c’était les films d’après 22 heures, ceux que normalement les enfants peuvent pas voir. Terminator, Orange Mécanique, des trucs comme ça. J’adorais ça. Mais ce qui était génial, c’est quand mes parents allaient louer des films au vidéoclub de la ville. C’est comme ça que j’ai découvert GoodFellas.

Evidemment à l’époque j’étais trop petit pour comprendre ce que j’étais en train de regarder, mais je sentais bien que c’était ça mon univers : des films bien foutus, avec des plans soignés, des acteurs grandioses et une bande son inoubliable.

Moi j’ai jamais voulu avoir de mentor. Un mentor, c’est toujours au bout d’un moment une source d’emmerdes : dès que tu commences à penser par toi-même, tu te rends compte que le vieux qui t’as tout appris n’est plus dans la course, et en fin de compte tu dois t’en débarrasser. Pas que t’en as envie, juste que tes goûts collent plus aux siens. C’est pour ça que je me suis fait tout seul, et c’est comme ça que j’ai appris à me débrouiller et a bien faire gaffe quand je regarde un film. Prenez GoodFellas par exemple : à première vue, n’importe quel imbécile vous dira que c’est un film de mafia. Mais on peut pas comparer des spaghettis sauce marinara avec des nouilles au ketchup.

Par exemple ce que j’aime bien dans GoodFellas, c’est le sens du détail de Scorsese. Ces petits trucs qui font un grand film : comment un gangster fait la cuisine en prison, comment se passe ses soirées entre amis. C’est pour ça que GoodFellas est puissant : c’est parce qu’il s’évertue à être réaliste sans virer pour autant dans la froideur absolue. Et niveau violence, on a connu pire. Mais le plus beau, ça reste la faculté qu’a eu Scorsese à créer une œuvre totalement indépendante du Parrain. Si le Parrain est intouchable, à quoi bon l’imiter ? Et puis être gangster, c’est pas une vie rêvée pour Marty. Après le Scorsese, il a bien su s’entourer aussi faut dire : Robert de Niro et Joe Pesci sont incroyables et Ray Liotta trouve là le rôle de sa vie. L’équipe de rêve quoi.

Et maintenant, tout ça c’est fini. Aujourd’hui je fais comme tout le monde, je regarde le film et je le savoure. Dans le temps je croyais que je pourrais réaliser de grands films moi aussi, qu’on me respecterait, qu’on me supplierait pour travailler avec moi ; la dernière fois que j’ai regardé GoodFellas, j’ai été forcé de me dire que je ferai jamais mieux. Qu’il y aura toujours un cinéaste de la trempe de Scorsese quelque part pour démontrer tout son talent.

Je vais finir ma vie dans la peau d’un plouc…

Note : ****

mardi 20 janvier 2009

Louise Michel


Louise Michel, née le 29 mai 1830 à Vroncourt-la-Côte (Haute-Marne) et morte le 9 janvier 1905 à Marseille, alias « Enjolras », est une militante anarchiste et l’une des figures majeures de la Commune de Paris (…) et de l'enseignement révolutionnaire des années 1860, et constitue encore aujourd'hui une personnalité influente dans la pensée révolutionnaire et anarchiste.*

Ce film ne raconte pas son histoire.

Non ce film, c’est l’histoire de deux paumés transsexuels qui se prennent pour Sacco et Vanzetti. Suite à une délocalisation abusive, une entreprise picarde se voit fermée. Ni une ni deux, voilà que les anciennes ouvrières cotisent pour refroidir le boss foutu le camp. Et font appel à un tueur « professionnel » (Kennedy, c’est lui, mais faut pas le dire) incapable de butter un chien.

Gustave Kervern et Benoit Delépine, deux noms irrémédiablement liés à Groland, cette émission de Canal qui a toujours fait grand bruit par sa dérision de tout et souvent par son mauvais goût. Les deux copains en sont ici à leur troisième méfait, après Aaltra et Avida. Et force est de constater qu’ils se sont améliorés les bougres !

Le film est déjà plus accessible comme OFNI (Objet Filmique Non Identifié) que ne l’était Aaltra par exemple. On ne peut aussi que féliciter les réalisateurs d’avoir choisi Bouli Lanners et Yolande Moreau pour tenir le haut de l’affiche, accompagnés à l’occasion par des seconds rôles tordants (Benoît Poelvoorde en ingénieur parano, Mathieu Kassovitz en agriculteur bio et surtout Albert Dupontel en tueur tchèque complètement taré). Quant à l’humour, il reste globalement d’un niveau d’absurdité réellement jubilatoire (quitte à me faire des ennemis, je dirais même qu’on dirait presque de l’humour belge !).

La grande force de l’humour même dans ce film est qu’il parvient toujours à faire réfléchir sur ce qu’il montre : sont ainsi dénoncés sous un second degré évident (parfois même le 3ème voir 4ème) le capitalisme, le chômage, l’alcoolisme, l’immigration et j’en passe.

Point noir : il y a des excès. Pas beaucoup hein, mais suffisamment pour ne pas filer le 10/10 au film : cfr le personnage de la petite cancéreuse engagée comme tueuse alors qu’elle ne sait pas marcher, ou encore la perte de repères sexuels des personnages de Moreau et Lanners.

Et c’est con, parce que dans l’ensemble le film est une vraie partie de rigolade. C’est aussi un tir groupé, qui n’épargne rien ni personne. C’est enfin une œuvre suffisamment originale pour ne pas passer à côté. A condition d’accepter de laisser son sérieux de côté en regardant le film sous peine d’être vite traumatisé. A bon entendeur…

Note : ***