vendredi 26 octobre 2007

La Cité Interdite (Man cheng jin dai huang jin jia)


Zhang Yimou n’est pas un nain en matière de cinéma d’action, et il le prouve cette fois encore avec La Cité Interdite, revisitant par la même occasion la Chine moyenâgeuse, celle du faste et de la beauté mais aussi de la violence et de la corruption. Un spectacle visuel époustouflant doublé d’une tragédie à tendance shakespearienne.

On a beau savoir que Yimou est un cinéaste très visuel, il parvient quand même à nous épater de films en films : cette fois encore, c’est un film aux scènes dantesques que nous propose le cinéaste. Deux scènes nous marquent ainsi durablement : l’invasion du village et surtout l’attaque du Palais de l’Empereur par 10 000 soldats en armures flamboyantes. Sur grand écran c’est le frisson garanti tellement c’est beau, immense, incroyable. Bon, il y a surenchère des effets spéciaux, certes, et la manière dont est vaincue l’armée n’est pas vraiment réaliste, mais qu’importe, c’est le visuel qui compte. C’est pourquoi Yimou joue beaucoup avec les couleurs (prédominance d’or) et la lumière pour symboliser la grandeur de la dynastie, comme il l’explique : « Afin de renforcer l'impression d'opulence, j'ai beaucoup utilisé la couleur or dans les décors et dans les costumes, explique-t-il. La lumière joue également un rôle majeur. Nous avons employé l'art du verre chinois, très coloré, pour intensifier les nuances et la translucidité des colonnes, des murs, des fenêtres, et de nombreux éléments de décor dans le palais. La palette des différents décors et la luminosité sont vraiment uniques et grandioses. » Le soin également apporté aux décors, aux costumes (la "robe dragon" de l'Empereur et la "robe phénix" de l'Impératrice ont demandé près de deux mois de travail à 40 artisans, avec comme résultat une nomination aux Oscars) et à la musique justifie le budget du film, à savoir 45 millions de dollars soit le film le plus cher de l’Histoire du cinéma chinois.

La grandeur de la dynastie ainsi montrée dissimule à peine la tension régnant entre les personnages, un dysfonctionnement familial qui amènera à une conclusion forcément dramatique. Plus d’une fois on songe au Ran de Kurosawa dans l’idée de la vengeance et de la soif de pouvoir, une tragédie bien shakespearienne comme on en raffole dans ce genre de spectacle. Sauf qu’il y a, ci et là, des longueurs, une baisse de rythme, un côté prévisible qui nous empêche vraiment de nous installer dans le film. On regrette aussi de ne pas avoir droit un petit peu plus aux talents d’escrime de l’Empereur, à savoir Chow Yun-Fat.

Ce dernier est toujours aussi bon d’ailleurs, mais les félicitations vont pourtant vers la sublime Gong Li, admirable en Impératrice diabolique et vengeresse. Le reste des acteurs suit, mais sans spécialement nous laisser bouche bée.

Un spectacle incroyable donc, alliant forme et fond avec une certaine puissance, où quelques erreurs de grosses productions (vraisemblance, histoires d’amour un peu longuettes) n’entravent en rien le bon fonctionnement du film d’action le plus flamboyant depuis des années.

Note : ***

dimanche 21 octobre 2007

La griffe du passé (Out of the past)


Le film noir regorge vraiment d’anecdotes particulières : associé à un genre typiquement américain, il ne faudrait pas oublier qu’il trouve ses origines avec les chef opérateurs de l’expressionnisme (en particulier Karl Freund) et se voit, parfois, glorifié par des cinéastes non américains, à l’image de cette Griffe du passé du français Jacques Tourneur.

Adapté du roman Build my gallows high (lui-même fortement inspiré du Faucon maltais déjà adapté à l’époque par John Huston), la Griffe du passé devait permettre à Jacques Tourneur de prouver son efficacité dans un autre genre que le fantastique, et à Robert Mitchum de décrocher enfin son premier grand rôle (même si le rôle fut d’abord attribué à John Garfield, Dick Powell et surtout Humphrey Bogart que la RKO, productrice du film, ne pu obtenir faute d’un arrangement avec la Warner, employeur de l’acteur). Et bien qu’il ne soit pas le film le plus connu du genre (comment faire le poids face à L’ennemi public, Scarface, le Faucon maltais ou encore Little Caesar et l’Ultime razzia), la Griffe du passé devait rapidement être considéré comme un classique du genre, exploitant pleinement toutes ses caractéristiques (le héros est un détective au bon mot, la femme fatale, le bad guy manipulateur, une fin tragique et une photographie en noir et blanc très contrastée).

Il est encore plus intéressant de noter que le film noir était un genre qui devait convenir pleinement à Tourneur, puisqu’il fut créé à l’époque de la Dépression et que le cinéaste était réputé pour son économie des effets et aussi des moyens (La Féline, modèle du genre). Cette fois encore, Tourneur prouve qu’avec peu on sait faire beaucoup : axant son récit sur une suite logique de rebondissements et sa mise en scène au strict minimum (tout comme l’histoire d’ailleurs), allant à l’essentiel sans perdre de temps, Tourneur impose un rythme qu’il faut suivre dès le début, entraînant avec lui le spectateur qui ne pourra sortir qu’essoufflé de cet archétype du genre. Le réalisateur est doué, et il le prouve allègrement.

Aussi doués sont les comédiens, avec bien sûr une petite préférence pour Robert Mitchum, d’une sobriété confondante (pas de jeux de mots svp) et d’une ironie mordante très présente, qui en fait l’héritier direct d’un Bogart ; face à lui, immense Kirk Douglas qui se montre aussi à l’aise dans le registre méchant que gentil, et entre eux une pléiade d’acteurs (souvent réduits à des seconds rôles on a l’impression) qui sont largement crédibles. Il fat avouer que les personnages d récit sont assez bien construits, même si le rôle de Jane Greer devait provoquer quelques cris de protestation de la part d’associations féministes aux USA, lesquelles jugeaient humiliante la représentation de la femme à travers ce personnage il est vrai manipulatrice et diabolique autant que séductrice.

Œuvre méconnue du grand public, la Griffe du passé mérite amplement de retrouver un nouveau souffle, chez les cinéphiles et autres, afin de lui rendre sa place tant méritée : celle d’un chef-d’œuvre du film noir.

Note : ****

dimanche 14 octobre 2007

Bananas


Il faut parfois des années à un metteur en scène pour trouver sa voie ; Woody Allen, lui, n’aura mis qu’un seul film à comprendre quels étaient les éléments fondateurs de son univers, comme le prouve son second long métrage Bananas.

Déjà à la recherche d’un humour particulier (il donna ainsi le titre Bananas parce qu’on ne voit pas une seule banane dans le film !) et se souvenant de sa première expérience derrière la caméra, Woody Allen décie de se montrer bien plus corrosif qu’il ne l’était dans Prends l’oseille et tire-toi ! notamment envers la politique extérieure des USA. Tout d’abord, il se focalise sur la comédie : aucune goutte de sang ne sera ainsi montrée dans le film ; ensuite, il prête toujours attention aux remarques de son monteur, Ralph Rosenblum, qui lui conseille de changer la fin initiale (Woody Allen le visage maquillé au milieu d’une foule de manifestants noirs qui l’auraient reconnu comme l’un des leurs, une référence à un gag préalable dans le film) pour une conclusion plus en relation avec l’ensemble du film autrement dit le mariage avec Louise Lasser. Il laisse également une large part à l’improvisation et ne se démonte pas facilement ; ainsi la scène où les musiciens font semblants de jouer devait comporter de vrais instruments, mais le matériel n’arrivant pas Allen improvisa le reste de la scène.

Et ce n’était qu’un début. Allen sentait en effet le moment venu de dévoiler un peu de sa vraie personnalité : un personnage névrosé, ayant abandonné les études mais pourtant doté d’une solide culture (il lit Kierkegaard) et surtout, surtout !, obsédé par le sexe féminin. Entre gags basiques (l’achat de magazines coquins dans une librairie) et observation ironique sur l’acte (le final où la nuit de noce est montrée comme un reportage sportif), Allen exprime déjà ses angoisses par rapport au sexe opposé, puisque c’est pour séduire une militante qu’il part en Amérique du Sud. Le cinéaste n’hésite pas non plus à se moquer de l’Eglise et de la TV (la fameuse publicité pou les cigarettes religieuses entraîna la condamnation pure et simple du film par l’Eglise Catholique) et surtout aux USA avec la tentative ratée d’assassinat sur le nouveau Président Mellish, irrésistible Allen déguisé en Fidel Castro. Enfin, Allen commence déjà ses références avec cette fameuse scène parodiant celle des escaliers dans Le cuirassé Potemkine.

En attendant, Woody reste aussi bon derrière que devant la caméra, tirant la couverture à lui seul en dépit de seconds rôles sympathiques, du dictateur à l’aide de camp en passant par un figurant répondant au nom de… Sylvester Stallone.

Plus qu’un bon moment de détente, Bananas représentait surtout pour Woody Allen l’occasion de poser les bases de son univers qui explosera dès 1977 avec Annie Hall, soit seulement 6 ans après ce film. Plus subtil que Prends l’oseille et tires-toi !, Bananas mérite d’être redécouvert.

Note : ***

samedi 6 octobre 2007

Les sentiers de la gloire (Paths of glory)


Les films sur la Première Guerre Mondiale sont assez rares pour être signalés ; les films de Kubrick sont si riches qu’ils méritent que l’on s’y attarde : voilà pourquoi nous allons parler brièvement de ses Sentiers de la gloire, où les débuts de sa renommée.

Après trois échecs commerciaux (Fear and Desire, Killer’s kiss et The Killing) dont le dernier a cependant été acclamé par les critiques, Kubrick se verrait bien réaliser un nouveau film sur la guerre, d’où l’envie de raconter cette histoire de Poilus fusillés « pour l’exemple ». Le cinéaste se met donc à écrire son scénario sans perdre de temps, de nuit qui plus est puisqu’en journée il écrit l’adaptation de Brûlant secret de Stephan Zweig, pour la MGM. Cette dernière, découvrant que Kubrick travaillait sur un scénario non officiel, le renvoya, ce qui permettait enfin à Kubrick d’être indépendant et de se concentrer pleinement sur Les sentiers de la gloire. Pour des raisons financières, Kubrick envisagea d’abord un happy end, mais se fiant à son instinct (et aux conseils de ses collaborateurs) il décida de garder la fin pessimiste du livre initial écrit par Humphrey Cobb. Les auteurs voyaient alors bien Richard Burton ou James Mason dans le rôle du Colonel Dax. Pour tenter d’attirer l’attention des studios, Kubrick et Harris n’hésitèrent pas à louer des costumes militaires, à photographier des hommes les portant et à coller les images en couverture de chaque copie de scénario. Kirk Douglas est finalement approché, mais est trop occupé à Broadway pour accepter ; Gregory Peck lui est sur un autre projet. Finalement, les deux acteurs se libèrent et c’est Douglas qui emporte le morceau, parvenant à offrir 350 000 dollars de budget : l’acteur menaça en effet la United Artists de ne pas faire Les Vikings, succès assuré, si les studios n’investissaient pas dans le film de Kubrick.

Le tournage peut donc commencer : ironie du sort, pour raconter cette histoire de Français Kubrick se déplace en Allemagne, où il obtient le terrain d’un fermier que l’équipe retravaille pendant des semaines avant d’obtenir le décor parfait d’un champ de bataille. Parallèlement, Erwin Lange, le responsable des effets spéciaux, passe devant une commission du gouvernement allemand avant d’obtenir les explosifs nécessaires au film ; plus d’une tonne fut ainsi utilisée rien que pendant la première semaine. Perfectionniste, Kubrick va jusqu’à recommencer 68 fois la scène du « dernier repas des condamnés », ce qui coûte un nouveau canard rôti à chaque fois. Perfectionniste mais s’autorisant des extras avec la réalité : soucieux de l’aspect technique de son film, Kubrick n’hésite pas à élargir les tranchées de deux pieds (+/- 60 centimètres) pour permettre à sa caméra de faire ses fameux travellings, ce qui fait passer la taille de la tranchée de 1 mètre 20 (taille réelle) à 1 mètre 80.

Accueilli en grandes pompes par les critiques américaines (mais le public boudera une fois de plus le film), le film provoque un scandale à sa première en Belgique : les anciens combattants se sentent offensés, la France interdit officieusement la diffusion du film jusqu’en 1975 (cela portait atteinte à leur honneur et à l’armée), la Suisse suit le mouvement tout comme l’Allemagne qui ne veut pas détériorer ses relations avec la France, et l’Espagne de Franco rejette ce film antimilitaire jusqu’en 1986 (soit 11 ans après la mort de Franco quand même…).

Il est vrai que Kubrick n’y va pas de main morte avec les stéréotypes : les Français sont ainsi dépeints comme des arrivistes pour la plupart, les officiers vivant dans des châteaux où se tiennent de succulents repas et de somptueux bals tandis que le soldat lui souffre dans les tranchées… Il y a du vrai, mais cela méritait-il d’être aussi appuyés pour être efficace ? Sans doute, car à l’époque les gens étaient moins conscients de l’horreur de la guerre qu’à l’heure actuelle, tentant d’oublier celle de 40-45. Passé ce défaut, la mise en scène de Kubrick se révèle vite très intéressante pour un jeune homme de 28 ans : maîtrise totale de l’espace (de nombreux plans symétriques) et des mouvements de caméra (dont le fameux travelling compensé, sa marque de fabrique, trouve ici toute sa puissance et son sens), sens de la métaphore (le carrelage en damier du procès fait écho à un jeu d’échec, tandis que les déplacements des deux généraux au début du film font penser à un combat de félins) et déjà une direction d’acteur exceptionnelle. Si jeune, Kubrick trouve déjà sa voie, son style, et surtout prouve qu’il a une maturité cinématographique peu commune et une avance sur son temps considérable (peu de films de guerre sont aussi clairement antimilitaires à l’époque). Il y a également dans ce final optimiste, vestige du happy end que désirait initialement Kubrick, une dose d’amertume conforme à l’esprit du film, qui ne trahit pas le côté dénonciateur du film et confirme que Kubrick n’avait rien d’un pessimiste.

Dans le rôle du Colonel Dax, Kirk Douglas excelle, fort et idéaliste comme toutes les grandes stars de l’époque, mais aussi avec ses faiblesses comme cette crainte de ses supérieurs au début du film : bref, un personnage humain. C’est pourtant dans les seconds rôles qu’il faut aller chercher le meilleur, d’Adolphe Menjou à Timothy Carey en passant surtout par Georges MacReady et Ralph Meeker, d’une justesse infaillible.

Considéré comme le premier chef-d’œuvre de Kubrick, Les sentiers de la gloire relève autant de la réussite formelle que de l’audace scénaristique, osant aborder un sujet délicat de manière crue et directe. Les quelques digressions du film, sans doutes dues au jeune âge du cinéaste, n’enlèvent rien à la puissance du film, qui reste encore aujourd’hui d’une étonnante modernité.

Note : *****

mercredi 3 octobre 2007

Braveheart


Braveheart est ce que l’on pourrait appeler une biographie totalement fausse mais bougrement efficace d’un point de vue cinématographique.

Commençons par le début : alors qu’il se promène en Ecosse à la recherche de ses origines, le scénariste Randall Wallace découvre une statue commémorative du « plus grand héros écossais », sir William Wallace, qui eut une importance capitale durant la guerre d’indépendance de l’Ecosse. Troublé, l’écrivain va se mettre à faire des recherches et écrire un scénario dont Mel Gibson va tomber directement amoureux. Les studios acceptent alors de faire le film à la condition que Gibson en soit la vedette. Ayant du refusé par conséquent le rôle principal dans le film A tale of two cities de Terry Gilliam (film qui ne verra jamais le jour… un de plus), Mel Gibson propose au cinéaste de diriger le film, ce que Gilliam (par vengeance ou par obligation ?) refuse. Ml décide alors de se charger de la réalisation, lui qui s’est déjà fait la main sur L’homme sans visage un an plus tôt. Aidé par l’armée irlandaise pour la figuration, le cinéaste connaît quelques soucis durant la production : par exemple, la majorité des scènes de combat doivent être refaites car les figurants portent des lunettes de soleil ou des montres ; Brian Cox décline un rôle important au profit d’une apparition qui juge plus intéressante ; enfin, la fameuse bataille de Stirling demande six semaines de tournage, et près de 90 heures de rushes. A sa sortie, le succès se mêle au scandale : on accuse le film d’être hyper violent sans raison et les organismes de protection des animaux craignent que les chevaux empalés soient vrais, ce qui n’empêche pas Braveheart d’être récompensé par 5 Oscars : Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleure photographie, Meilleurs maquillages et Meilleur montage d’effets sonores. Mel Gibson est désormais entré dans la cour des grands.

Parlons maintenant du côté édulcoré du film, tellement impressionnant qu’il enlève à la saveur du film. Si on peut accepter certains changements mineurs (le nom de l’épouse de Wallace devient Murron au lieu de Marianne, de crainte qu’on ne le confonde avec robin des Bois), on ne tolère pas tout, des erreurs historiques à l’occultation de vérités historiques. Par exemple, la bataille de Stirling qui ne s’est pas tenue dans un champ mais près d’un pont (Gibson répondra qu’il ne pu tourner à Stirling même à cause du pont, ce fameux pont qui permit aux Ecossais de gagner la bataille au passage), et où les Anglais n’avaient pas d’uniformes et les Ecossais ne portaient ni kilts (devenus courant seulement un siècle après l’indépendance de l’Ecosse) ni peintures de guerre (ayant disparues à la fin de l’ère romaine, soit 800 ans plus tôt). Et ce n’est pas tant des erreurs parfois discrètes (l’utilisation d’une musique irlandaise alors que l’action se déroule en Ecosse…) que des ficelles narratives qui nous font douter du film : la Princesse Isabelle n’a ansi jamai connu Wallace puisqu’elle épousa Edouard II en 1308, soit 3 ans après la mort du héros (et deux après celle d’Edouard le Sec, qui dans le film a lieu en même temps que Wallace) et n’a donc jamais eu d’enfant de lui, Edouard III étant né près de dix ans après la mort du guerrier écossais. Peut-on blâmer le scénariste cependant ? Il st vrai que les manuels d’histoire anglais ne font guère l’éloge de ce héros de la révolution écossaise, et que les poèmes de son pays eux la font sans doute trop. Il existe cependant des faits avérés (Wallace ne fut pas capturé devant le château d’Edinburgh mais à Glasgow, et Wallace fut reconnu comme un bandit de grand chemin durant toute une époque) qui, s’il est vrai qu’ils auraient rendu le personnage moins attirant et l’histoire moins romanesque, feront rire tous ceux qui se renseigneront un peu sur ce personnage historique.

Ne nous focalisons cependant pas sur l’aspect historique du film, car son aspect cinématographique se trouve être assez riche pour faire passer la pilule. Cette réussite, c’est à Mel Gibson seul que l’on la doit, qui en plus d’être un acteur confirmé possède un véritable talent en tant que réalisateur, et un souci de perfection rare dans le cinéma hollywoodien. Outre la qualité des batailles, réalistes et soignées tant au niveau de l’image (chaque image fut ainsi placée stratégiquement dans le montage pour créer un effet particulier, que ce soit choquant ou clinquant) que du son (le souci principal de Mel Gibson comme le prouveront Passion et Apocalypto), Braveheart regorge d’éléments importants pour rendre le récit intéressant : une histoire d’amour, de vengeance, de l’action, une dose d’humour, et une fascination déjà prononcée pour les décors naturels où l’Homme semble se fondre (cfr Apocalypto à nouveau). Gibson n’hésite ainsi pas à magnifier ce que la nature lui propose, fasciné sans doute par la création de Dieu en catholique convaincu qu’il est. Par expérience, il semble aussi être un bon directeur d’acteur, et habitué des films d’action possède un sens aigu du rythme au niveau du montage, qu’il veut soutenu pour Braveheart qui dure quand même 3 heures.

Des acteurs donc, qui autour de Mel Gibson font bon genre : Sophie Marceau en princesse Isabelle ou Brendan Gleeson en meilleur ami mais c’est surtout Patrick McGoohan, ancien Prisonnier de la série homonyme devenu Edouard Ier le Sec, qui vampirise l’écran dès qu’il y apparaît, d’une froideur implacable comme l’est tout méchant roi qui se respecte.

Film d’aventure mais bien plus que récit historique, dont le scénario est sans doute épique et romanesque mais ne possède que très peu de vérité, Braveheart a cependant eu le mérite de mettre au goût du jour un cinéma nouveau, celui de Mel Gibson, devenu depuis à travers des œuvres sans doutes plus personnelles un cinéaste à suivre de près, dont les films sont devenus des événements immanquables. La révélation d’un immense talent à défaut d’un grand film, il n’y a pas de quoi avoir honte.

Note : ***