vendredi 30 mars 2007

Les hommes du Président (All the President's Men)


Les plus grands films sont parfois basés sur des faits authentiques. Tel est le cas des Hommes du Président, l’un des meilleurs thrillers politiques de tous les temps !

Pour bien situer ce film dans son contexte, il a été réalisé moins de 5 ans après les faits. Le challenge d’être fidèle à la réalité était donc grand, tout en s’assurant un succès populaire d’emblée. C’est sans doute pour cela, et pour obtenir un rôle dans cette production capitale, que Robert Redford a accepté de produire le film, réalisé par le génial Alan J. Pakula.

Le récit se base donc sur le livre écrit par les deux journalistes racontant leur enquête. Comment, d’une simple affaire de cambriolage, on a pu remonter jusqu’à un complot politique qui bouleversa les USA. Pour ce faire, Pakula opte pour une narration linéaire, sans temps morts, et d’une précision remarquable. Chaque scène est essentielle pour bien comprendre la suivante, et est calculée dans le moindre détail.

Le plaisir du film consiste aussi à montrer, une fois n’est pas coutume, l’envers du décor du monde journalistique : c’est alors la première fois que l’on montre comment fonctionne un journal au cinéma. Evidemment, certains éléments semblent être un peu trop caricaturaux, comme d’autres improbables, mais qu’importe, le spectateur y croit et c’est l’essentiel.

L’ennui, c’est qu’à force de suivre toutes les pistes possibles, le spectateur se perd dans les méandres de l’investigation, et lorsque l’on commence seulement à retrouver le fil, on aperçoit ce qu’on a loupé entre-temps. L’opacité se fait parfois trop forte, et il faut bien suivre le récit sous peine de devoir tout recommencer depuis le début. C’est bien là le seul accroc de la mise en scène de Pakula, qui retranscrit de manière fidèle la plus passionnante des enquêtes journalistiques américaine. Le ton est original, le cadrage saisit aussi bien l’atmosphère d’un journal en ébullition qu’une ambiance tendue entre les journalistes et une témoin menacée.

Les hommes du Président, c’est aussi l’histoire d’un duo, pas seulement de journalistes, mais aussi de comédiens. Si le couple Redford-hoffman n’est pas le meilleur, il n’en est pas moins déplaisant, et le contraste qu’il propose est des plus fascinants. D’une part le journaliste idéaliste, de l’autre l’obstiné, que du bonheur. Mais il ne faudra pas pour autant oublier les seconds rôles, dont un Jason Robards en directeur de journal acariâtre mais honnête et soutenant son équipe jusqu’au bout.

A noter enfin que le film ne prend jamais le parti des démocrates en s’attaquant à Nixon et consort ; il illustre simplement combien la presse est un élément vital dans une démocratie par sa recherche constante de la démocratie.

Un thriller passionnant, qui évite les habituelles ficelles du genre pour se concentrer sur la manière dont deux hommes ont accompli leur boulot jusqu’au bout. Si l’on sent, de la part du cinéaste et des acteurs, un pointe d’admiration pour les véritables journalistes, nous on en a pour ce film indispensable.

Note : ****

samedi 24 mars 2007

Les nuits de Cabiria (Le Notti di Cabiria)


Avant de devenir le cinéaste fantasmagorique que l’on connaît, Federico Fellini était un cinéaste du néoréalisme. Pourtant, ses films avaient déjà quelque chose de particulier, d’indéfinissable comme ces Nuits de Cabiria.

Situé entre La Strada et La Dolce Vita (comme Il Bidone), le film n’est pas le plus célèbre du cinéaste alors qu’il a reçu l’Oscar du meilleur film étranger, le second pour Fellini, ainsi que le Prix de l’interprétation féminine à Cannes pour Giuletta Masina. Pourtant il convient d’y prêter attention pour bien comprendre le style du cinéaste. Si nous ne sommes pas encore dans l’autobiographie ni dans la fascination pour les personnages pittoresques, Les nuits de Cabiria possède une partie de ce côté illusoire que Fellini développera dans ses prochains films. Comme pour La Strada, Fellini renoue avec le drame tragicomique pour conter l’histoire de Cabiria, prostituée rêvant du grand amour sans malheureusement le trouver.

Le film, en plus d’être l’occasion d’explorer un peu plus son univers stylistique très personnel, permet à Fellini d’offrir un nouveau rôle marquant à son épouse, Giuletta Masina, qui délaisse cette fois le mime pour jouer sur le comique certes toujours visuel mais plus subtil, avec toujours cette pointe de tristesse dans son attitude. Admirable, l’actrice porte de A à Z le récit sans jamais faillir, écrasant tous les autres acteurs sur son passage même François Perrier qui fait un peu pâle figure face à elle. Une interprétation tout en joie et tristesse, force et faiblesse, retenue et explosion des sentiments, bref la totale pour un actrice.

A nouveau (et comme toujours), le Maestro fait appel à Nino Rota pour composer la bande originale du film et, comme d’habitude, l’osmose parfaite est atteinte entre les images et la musique. Déjà là, alors que nous ne sommes qu’à la cinquième collaboration entre les deux hommes, on sent que les deux univers artistiques non seulement cohabitent de manière parfaite mais se complètement carrément, rendant impossible la dissociation l’un de l’autre.

Dans la veine néoréaliste, Fellini nous raconte donc à travers cette prostituée une misère sociale établie, celle des provinciales ne rêvant que d’une chose : quitter la misère, si possible au bras d’un homme, pour vivre heureuse dans une magnifique maison. Un rêve impossible visiblement, la cupidité de l’homme étant trop grande. Subtilement, Fellini fait passer ce constat social dans une narration originale alors, qui s’apparente à une enfilade de sketchs plutôt qu’à un film linéaire et formant un seul bloc (narration qui trouvera son apogée dans Dolce Vita avant d’être exploité de manière onirique dans le reste des films de l’auteur). Pour l’anecdote, c’est un certain Pier Paolo Pasolini qui signa les dialogues du film, rompu à l’argot et au langage populaire. Enfin, très simple et très juste, la réalisation du Maestro se laisse porter par la performance de Giuletta Masina, tout en ne perdant pas de vue le rejet de tout sentimentalisme ou misérabilisme que cette œuvre pourrait entraîner.

Une œuvre à reconsidérer car trop rarement montrée, regorgeant déjà de thèmes et figures stylistiques (et personnages parfois pittoresques) ce qui allaient constituer l’un des univers cinématographiques les plus singuliers et fascinants de l’Histoire du septième art.

Note : ****

mercredi 21 mars 2007

Arrivederci amore, ciao


Le cinéma italien se porte bien, merci. La preuve ? Le cinéma social survit avec rage et envie, tandis que le polar politique dans la lignée des films de Francesco Rosi revient en force avec deux films : Romanzo Criminale, sorti il y a quelques temps, et Arrivederci Amore Ciao, malheureusement inédit et qui signe le retour de Michele Soavi.

Michele Soavi est un cinéaste peu fructueux mais efficace : 4 films en 20 ans mais chacun a fait du bruit. Elève de Dario Argento, passage éclair comme acteur chez Lucio Fulci, il était normal que Soavi se dirige vers le cinéma fantastique à ses débuts. 1994 est l’année de ce qu’on considère comme son chef-d’œuvre Dellamorte Dellamore, puis plus rien, tout au plus des trucs pour la TV et un poste de réalisateur de second équipe sur Les frères Grimm de Terry Gilliam. Et puis c’est la claque : l’adaptation du roman de Massimo Carlotto fait grand bruit, remporte le David di Donatello (équivalent des Césars) de la Meilleure chanson originale de Caterina Caselli et deux autres nominations (Meilleur décors et Meilleure second rôle féminin pour Isabella Ferrari) et redore, avec Romanzo Criminale de Michele Placido, l’image du polar violent et politique qui a fait la réputation des Italiens dans les années 70.

Rapidement, Soavi trouve ses marques et impose son univers : baroque, noir, violent, proche du cinéma d’Argento et de Bava par moments mais surtout stylisé et métaphorique. Point de vue technique, Soavi laisse sa caméra bouger très souvent, à raison : pour le cinéaste, « la caméra est comme l'âme du protagoniste : les mouvements d'appareil expriment donc le sentiment constant d'intranquillité qui l'assaille. De fait, Giorgio est en permanence sur le qui-vive et ses moments d'apaisement sont de courte durée. ».

Deux éléments viennent ensuite jouer une importance dans le récit : la fameuse chanson Arrivederci amore, ciao qui revient comme un leitmotiv pendant les moments douloureux et violent, de manière très cynique et ironique (comment oublier la mort à petit feu d’un des personnages avec cette musique en fond sonore ?), et ensuite l’eau, qui comme le précise Soavi « exprime ce même sentiment de trouble et d'agitation propre à Giorgio. D'ailleurs, dans ce film, l'eau est constamment sombre et mouvante, comme celle du fleuve d'Amérique Centrale où commence l'histoire. ». Enfin, l’attention que porte le cinéaste à la valeur métaphorique de ses plans est admirable, notamment ce plan final très évocateur et diaboliquement significatif en plus d’être fortement amoral.

Pour porter ce film, il fallait bien entendu un casting d’enfer. C’est à Alessio Boni, acteur dans Nos meilleures années, qu’est revenue cette lourde tâche. Et rapidement, le résultat nous saute aux yeux : il est tout simplement parfait. Crapuleux, sans pitié, prêt à tout pour vivre comme il l’entend, son personnage Giorgio est tout simplement le type d’homme qu’on hait mais la subtilité consiste à en faire non pas un bourreau mais une victime. C’est là que Boni est fort, très fort, car l’espace du film il parvient à nous séduire autant qu’à nous dégoûter. Pour lui tenir tête, c’est Michele Placido qui joue les flics ripoux avec une telle passion (quoi de plus normal pour le réalisateur de Romanzo Criminale ?) qu’on perd nos repères : où se situe le Bien et le Mal ? Arrivederci amore, ciao est un film de cette trempe, de ceux qui nous mettent mal à l’aise parce qu’on ne sait plus quoi penser à cause de leurs personnages ambigus, comme les films de gangsters de Scorsese. Quant aux actrices féminines, elle se trouvent dans un film misogyne et le sachant, doivent se battre pour ne pas passer inaperçues, ce qu’elles parviennent finalement à réussir que ce soit Ferrari ou Alina Nedela.

Résolument antipathique et amoral, froid et stylisé, sombre et violent, Arrivederci amore, ciao est un film sans concession, polar sulfureux et qui sent le souffre, porté par des comédiens au sommet de leurs formes et dirigé par un cinéaste précis, efficace et clairement doué. Un must du genre dans le cinéma italien.

Note : ****

dimanche 18 mars 2007

American Beauty


Kevin Spacey résume le film en même temps que son personnage de manière remarquable : « Lester est un Américain type, qui conforme sa vie à certains idéaux avant que la réalité ne le rattrape brutalement. Quelque chose se produit dans son existence, un choc qui lui rappelle ses aspirations premières. (...) Il se débat avec un trop-plein de sentiments longtemps refoulés et qui aujourd'hui se rappellent à lui. C'est plus qu'une crise de la quarantaine, c'est une renaissance ». L’heureux producteur du film, explique quant à lui le sens du titre : « On peut y voir une allusion à cette variété de rose, cultivée avec un soin maniaque par Carolyn/Annette Bening. Mais ce titre évoque également le personnage d'Angela, qui incarne les canons américains de la beauté. Enfin, il s'étend à tout ce qui se réfère au rêve américain et que nous considérons comme beau dans notre vie quotidienne ». Alors, pour pleinement savourer le film, il convient d’observer l’accroche du film : regardez de plus près…

Regardez de plus près l’histoire d’Américains moyens, ni bourgeois ni pauvres, juste aisés. Chaque façade de maison cache en fait une famille déséquilibrée, de dingues : d’un côté, une mère adultère et opportuniste et un père se définissant lui-même comme léthargique sauf du côté sexuel, et de l’autre côté une mère visiblement droguée par des médicaments, épouse d’un ancien militaire aux tendances un peu nazies. Sans sombrer dans la caricature, la seule maison correcte du film est celle du couple homosexuel…

Regardez de plus près les bouleversements de vies humain sur un simple fait anodin, la pire étant sans conteste celle de Lester Burnham, antihéros du film qui se verrait bien dans Lolita avec l’amie de sa fille, classée d’emblée comme le stéréotype de l’adolescente paumée. Subtilement, Alan Ball vient de déjouer tous les pièges de l’écriture en plongeant directement dedans. Mais il n’y a pas que ça : les thèmes abordés, et le plus important étant la décomposition familiale, le sont avec une ardeur et un humour noir des plus délicieux. Les sarcasmes et le cynisme des personnages trouvent écho dans un récit construit à la perfection, mélangeant les genres et offrant une vision de l’american way of life réalisée au vitriol, comme on ne la montrera jamais assez au pays de l’Oncle Sam.

Regardez de plus près un jeune metteur en scène, Sam Mendes, habitué des planches passer au cinéma avec un talent monstre, s’approchant même du génie. Il est bien entouré, c’est vrai, ne serait-ce que par son directeur photo Conrad Hall (un habitué des grands réalisateurs puisque son CV indique Duel dans le pacifique, Butch Cassidy et le Kid ou encore Marathon Man) dont les images léchées sont un des atouts majeurs du film, mais Mendes est aussi un artiste à part entière. Sans se laisser déborder par un scénario riche, il dirige ses acteurs d’une main de maître sans en oublier de faire en sorte que l’univers de Ball devienne cohérent, réaliste et, si possible, stéréotypé, histoire de coller encore plus à la vérité. Pour sa première fois, Mendes se débrouille très bien, même s’il lui arrive de s’effacer quelques fois pour laisser exploser ses interprètes à l’écran, surtout Kevin Spacey.

Regardez de plus près Kevin Spacey justement, trouvant là le rôle de sa vie et n’ayant pas peur de relever le défi. Un personnage infect (il a quand même des tendances sexuelles malsaines) rendu sympathique par la force des choses, n’est-ce pas génial ? Sa crise de la quarantaine aidant, il en vient à se foutre du monde autant qu’il se fout de lui-même. Et il le fait avec une jouissance communicative, puisqu’on en vient nous aussi à prendre notre pied lorsqu’il s’engueule avec sa femme, brise les assiettes et envoie son patron… enfin vous m’avez compris. Annette Bening et Chris Cooper ne sont pas en reste, l’un comme l’autre au bord de la crise de nerfs et aux pulsions autodestructrices. Face à ce trio, les jeunes acteurs se débattent tant qu’ils peuvent pour briller, mais le fait est là : Benning et Cooper dominent le film, Spacey domine tout, même nous pauvres spectateurs amusés de drames familiaux.

Regardez de plus près une révélation incroyable, comme on en avait plus vu depuis longtemps : cinq Oscars (dont 4 principaux : Meilleur Acteur, Meilleur Film, Meilleur Réalisateur, Meilleur Scénario et Meilleure Photographie), ainsi que 66 nominations et 83 récompenses à travers le monde. Une consécration pour Kevin Spacey, un second Oscar pour Conrad Hall, et un statut de réalisateur incontournable pour Mendes, dont chaque film est désormais attendu avec impatience. Même Tarantino n’avait pas autant brillé lorsqu’il fut révélé à la face du monde, et Mendes est bien plus mûr que Tarantino…

Regardez de plus près un chef-d’œuvre du cinéma, un vrai, l’un des rares à être reconnu comme culte dès sa sortie. Regardez de plus près un film qui ne ressemble à aucun autre, qui n’hésite pas à rire du drame de manière franche et sarcastique. Regardez de plus près, et regardez encore et encore American Beauty, pour ne pas oublier que le cinéma, celui avec un grand C, existe encore même à Hollywood…

Note : *****

jeudi 15 mars 2007

La vie de Brian


Les Monty Python ne sont pas des comiques comme des autres : ils ont, l’espace de quelques années, transformé l’image de l’humour britannique et ont donné à l’absurde des lettres en or massif. Et si La vie de Brian n’est pas le plus célèbre de leurs films, il est assurément l’un des plus subtils.

Il faut dire qu’après l’inoubliable Sacré Graal !, on n’osait pas s’imaginer ce qu donnerait la relecture de la bible façon Monty Python. D’où un changement d’axe et les voici en train d’adapter la vie d’un quidam vivant en même temps que Jésus. Le style Monty Python, c’est tout aussi jubilatoire que les premiers Splendid, le ton caustique et le flegme so british en plus. Eux aussi, quand ils veulent, peuvent faire très mal dans leur vision de la société. Preuve ici, où ce n’est pas tant l’histoire de Brian qui compte, mais ce qu’elle implique en arrière-plan : les mouvements séparatistes et extrémistes religieux. Implicitement et de manière fort amusante, la troupe se moque ouvertement de ces organismes et dénonce leurs abus ou leurs idéologies dangereuses. On repense au Front Populaire de Judée (en froid avec le Front Populaire Judéen, le Front Judéen Populaire…) totalement désorganisé et appréciant grandement le « sacrifice » de Brian pour leur cause…

Qu’on se rassure, le style MP est toujours bien là : les même acteurs interprétant tous les rôles, un humour très british, teinté d’ironie et surtout d’un second degré qui confine à l’absurde (comme cette chute malencontreuse de Brian dans un vaisseau alien !).

Le film ne fut pourtant pas bien accueilli par les autorités religieuses américaines. Véritable hérésie, on condamnait le film à brûler ou on effrayait les spectateurs en disant que voir ce film était un péché, ce qui bien sûr attisa leur curiosité. Le film fut également interdit dans certaines municipalités anglaises, et interdit en Norvège pendant quelques mois, en Irlande jusqu'en 1987, et en Italie jusqu'en 1990. Pour rappel, deux autres films avaient subi les même pressions : La dernière tentation du Christ et Passion de Mel Gibson… Encore heureux (ou dommage, c’est selon) que les Monty Python n’aient pas été au bout de leur pensée, eux qui voulaient réaliser un autre destin au Christ qu’ils auraient intitulé Jesus Christ : Lust for glory (« Jésus-Christ, la soif de gloire ») !

Considéré comme l’un des meilleurs films de l’Histoire du cinéma britannique (28e position selon le British Film Institute), La vie de Brian est donc tout autant un film critique qu’une comédie dans l’esprit montypythonien, une réflexion pertinente sur la religion, bien loin de la parodie qu’on aurait pu craindre. Le génie des Monty Python avait frappé de l’un de ses plus beaux coups cette fois-là !

Note : ****

lundi 12 mars 2007

JFK


Si bon nombre de film sont inspirés de faits divers, plus rares sont ceux qui prennent des événements mondialement célèbres, surtout lorsque ceux-ci sont les sujets de polémiques on ne peut plus virulentes. Fidèle à sa réputation, Oliver Stone n’a pas eu froid aux yeux en décidant de relancer l’enquête sur la mort du Président des Etats-Unis, JFK.

Inutile de rappeler les faits mais bon : en 1963, le 22 novembre à Dallas, l’un des présidents des USA les plus adulés de tous les temps se fait tirer dessus lors d’un défilé. Il n’en sortira pas indemne. Une enquête est lancée sur un assassin présumé, Lee Harvey Oswald, lui aussi assassiné peu après les faits. Elle conclut à un acte solitaire de ce dernier, et le dossier est refermé. Sauf qu’un procureur, Jim Garrison, relance l’affaire et établit une théorie qui relève du complot national, où mafia, communistes et gouvernement US se seraient alliés pour éliminer le danger que représentait Kennedy pour Cuba et le Vietnam.

Une telle hypothèse de départ est en elle-même source de conflit : des miliaires tuant leur supérieur pour se battre au Vietnam ? Pour tenter de se débarrasser de Castro ? Au fil du récit, Stone parvient pourtant à nous faire croire à 100% à cette théorie, sur base du livre de Jim Garrison et de 24 chercheurs ayant travaillés sur le scénario. Il faut avouer que les arguments avancés sont convaincants, et le fait que le Congrès ait voté le « Assassinations Disclosure Act » (qui permet au peuple américain de connaître les raisons de certains meurtres après un nombre d’années déterminé) après avoir vu le film on joué en sa faveur… C’est d’ailleurs ce qui gêne un peu dans ce film, cette manière d’imposer son idée face aux autres, alors qu’il ne s’agit que d’une simple théorie dont nous ne pourrons avoir confirmation qu’en… 2029.

Autrement, le film permet à Oliver Stone d’atteindre le sommet de sa carrière (rien d’étonnant à ce que cela soit son propre film préféré) et de sa réputation puisque le film est considéré comme le 5ème film le plus controversé de tous les temps. Il faut dire qu’il pousse le perfectionnisme dans le moindre détail (exemple flagrant : la reconstruction du Bureau ovale du Président a coûté près de 70 000 dollars pour 8 secondes à l’écran !). On retiendra aussi une série d’images mémorables, comme ce plan très simple de Garrison assis sur un banc, venant d’apprendre la vérité sur le meurtre de Kennedy avec en arrière-plan l’obélisque de Washington… Calme, réfléchie sans oublier d’être agressive, la mise en scène d’Oliver Stone a de quoi impressionner le plus buté de ses opposants, soyons honnêtes.

Même Kevin Costner parvient à nous séduire. Ce serait facile de lui jeter la pierre, de dire qu’Harrison Ford ou Mel Gibson (qui ont refusé le rôle) auraient pu mieux faire ; durant 3h10, il parvient à imposer son jeu de manière à ce que l’on ne l’oublie pas dans le reste du casting, tout simplement prodigieux (Tommy Lee Jones, Sissy Spacek, Gary Oldman, Michael Rooker, Joe Pesci, Jack Lemmon, Walther Matthau, Kevin Bacon, John Candy, Donald Sutherland, Vincent D’Onofrio… excusez du peu !). Ce sont pourtant Jones et Oldman qui l’emportent, chacun parvenant à créer une dimension quasi-tragique à leurs personnages respectifs (il faut dire que les références à Shakespeare pullulent dans les dialogues).

Le scénario, hormis le fait qu’il impose ses idées, est d’une construction quasi parfaite, Stone ayant clairement compris toutes les subtilités de l’écriture cinématographique. Hélas, le film faiblit sur la fin avec ce discours sensé sensibiliser le public… Un tort car sans ce passage (qui n’a jamais eu lieu d’ailleurs), le film aurait gagné en intensité dramatique.

Une œuvre engagée, archétype du film politique où Stone est tout simplement au firmament de son œuvre et de son style. Reste à savoir si, d’ici quelques années, le film restera de la fiction ou deviendra un documentaire…

Note : ****

vendredi 9 mars 2007

Eve (All about Eve)


Souvent, des films dont on n’attend pas spécialement grand-chose viennent nous surprendre et laisser leur empreinte dans l’histoire du septième art. Eve fait partie de cette catégorie, alors qu’il s’agissait pourtant du déjà huitième film du cinéaste.

A la base, une courte nouvelle de Mary Orr, The Wisdom of Eve, achetée par la Fox par hasard et qui va inspirer Mankiewicz pour son scénario. Et pendant que le producteur Darryl Zanuck voyait bien Marlène Dietrich, Jeanne Crain et José Ferrer dans le casting, le cinéaste envisage plutôt Gertrude Lawrence ou Claudette Colbert puisque Ingrid Bergman s’est désistée afin de ne pas quitter son Rossellini de mari. Ce sont donc Anne Baxter, Bette Davis et George Sanders qui l’emportent, non sans regrets : ils feront partie des 14 nominations du film aux Oscars, dont 6 statuettes seront remportées (Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur scénario, Meilleur second rôle masculin, Meilleur son et Meilleurs costumes) avec en prime le Prix du jury à Cannes ainsi que le Prix de la meilleure actrice pour Bette Davis. A noter que le film a été élu 21e meilleur film de tous les temps par Entertainment Weekly.

Eve détient également le record du nombre de nominations féminines : deux pour Meilleure actrice et deux pour Meilleur second rôle féminin. Il faut dire que la part belle est réservée à ces dames : les homme servent un peu de faire valoir aux cupidités, manipulations et autres trahisons entre femmes, et pour être honnête on adore ça. Et pas seulement nous, puisque la performance de Bette Davis est toujours considérée comme la 5ème plus grande performance d’actrice de tous les temps pour Premiere Magazine. Il est vrai que le film repose sur leurs (pas si frêles) épaules, jouant tour à tour au chat et à la souris entre elles avec une prédominance pour la lutte psychologique entre l’inoubliable Bette Davis et la surprenante Anne Baxter. Dans une pièce de théâtre, leurs performances auraient fait fureur ; ici, elles font un tabac monstre, sans exagérer, tant elles bouffent l’écran.

L’autre point fort du film, un peu le style Mankiewicz, c’est le choix délibéré de laisser la caméra filmer les longs monologues entre personnages. Une fois encore, ça sent le théâtre, après tout le milieu où se déroule l’action du film, et c’est tant mieux. La multiplicité des narrateurs est aussi un moment de bonheur, ayant parfois un peu d’avance vis-à-vis de certains personnages et du retard vis-à-vis d’autres. Le scénario est aussi inhabituel pour l’époque, installant comme héroïnes une vieille actrice aigrie et une arriviste prête à tout pur obtenir ce qu’elle désire. Le final, ironique et sarcastique à souhait, est d’ailleurs impayable.

Bien qu’ayant un peu vieilli, Eve reste un sommet de l’interprétation et de la mise en film d’une histoire très théâtrale (il y aura d’ailleurs une adaptation sur les planches quelques années plus tard) comme Mankiewicz les aimait. Mankiewicz fantastique directeur d’acteur qui signe là son œuvre si pas la plus marquante au moins la plus célèbre.

Note : ****

mardi 6 mars 2007

Apocalypto


La réalisation, le passage de devant à derrière la camera : voilà un rêve que de nombreux acteurs caressent ou ont caressé longtemps. Il y en a certains qui s’en sont sortis avec brio, style Charles Laughton ou John Cassavetes ; Mel Gibson fait partie de cette catégorie, preuve supplémentaire avec son film Apocalypto.

A nouveau, le film fait scandale : violent, en v.o. maya, les historiens se plaignent du n’importe quoi du scénario et un peuple se sent offensé de voir ses ancêtres décrits comme des barbares tortionnaires. Et à nouveau, le bruit autour du film agit comme un coup de pub radical, moins efficace que pour Passion mais pas mal quand même.

Soyons francs : le film n’est pas un chef-d’œuvre, loin de là. Il ne s’agit rien de plus qu’une course poursuite à travers la jungle d’un petit gars qui veut retrouver femme et enfant sans perdre de temps. Rien de bien original, et Mel Gibson l’avoue lui-même : « Mon désir était de tourner un film d'action et d'aventure trépidant qui ne laisse aucun répit. Je cherchais à concevoir un moyen de raconter l'essentiel de l'histoire visuellement, pour toucher les spectateurs au plus profond d'eux-mêmes, viscéralement et émotionnellement ». Pas de chichis donc dans ce film… ou presque, parce que sous ses allures de film d’action se cache un véritable parcours initiatique et, surtout, un formidable parallèle avec la décadence humaine de ces dernières années. En effet, d’après des experts, la civilisation maya aurait disparu suite à des problèmes de dégradations environnementales, de consommation excessive et de corruption politique. Comme il sous-entendait déjà les dangers de l’extrémisme religieux et la crainte de l’inconnu dans Passion, Mel Gibson attaque notre société actuelle avec une d’autrefois, et pousse même l’ironie avec un final ambigu, l’arrivée des conquistadors, symbole de civilisation, qui d’une part sauve la vie de notre héros mais qui, comme on le sait, conduira à la disparition sanglante de plusieurs peuples...

En langue grecque, le terme "Apocalypto" signifie "nouveau départ". Il faut donc voir ce film non pas uniquement comme un film d’action mais comme une réflexion sur l’Homme et son évolution ; en tentant d’échapper à ses poursuivants puis, finalement, en décidant de lutter contre eux, notre héros va se redécouvrir, affronter ses peurs pour redevenir un guerrier valeureux comme ses ancêtres. Mel Gibson n’abandonne donc pas la spiritualité dans son nouveau film, loin de là, et s’il ne rechigne toujours pas à mettre des images bien violentes, on reste loin du réaliste Braveheart et du quasi insoutenable Passion.

Surprenant metteur en scène, perfectionniste (le montant des prises de vues digitales correspondait à l’équivalent de 620 000 mètres de pellicule) et pointilleux sur la qualité du son (nomination aux Oscars pour ça) et de l’image (utilisation de la caméra HD Genesis de Panavision), Mel Gibson est aussi un sacré directeur d’acteur, sans doute son métier premier lui étant une précieuse aide. Ici néanmoins, il opte pour des comédiens semi ou pas du tout professionnels, à quelques exceptions près : il en ressort que chacun est crédible et même surprenant dans son rôle, notamment le vilain si méchant qu’il hésite pas à porter une mâchoire d’animal en collier (beurk…), et d’autant plus grand est leur mérite qu’ils travaillaient dans des conditions pas si évidentes, à moitié à poil avec des fausses dents qui les empêchait sans entraînement de parler correctement le maya tout en faisant passer des sentiments… Peut-être pas de quoi se relever la nuit mais des prestations sur lesquelles on ne crache pas quand on les a sous les yeux, croyez-le bien.

En l’espace de trois films, Mel Gibson a pu nous prouver qu’il savait se servir d’une caméra, que la vue de sang ne le dérangeait pas et qu’il a une manie de se plonger dans le passé pour comprendre le présent. S’il n’est pas encore arriver à maturité côté création, il sait comment faire de bons films et, à un fifrelin, des chefs-d’œuvre. Apocalypto est une œuvre à la fois déjà vue et surprenante, épique et intimiste, bref un film paradoxal. C’est pas tous les jours qu’on en voit un à ce point, et personnellement ça m’a fait plaisir.

Note : ****

samedi 3 mars 2007

Saw 2


Arrivé d’on ne sait où, avec un budget ridicule (!) de 1,2 millions $, Saw en a soufflé plus d’un, thriller versant plus qu’à son tour dans le gore mais avec un petit charme qui en fait un chouette moment à passer entre potes. D’office, 55 millions rien que sur le sol américain viennent récompenser cette jolie surprise, et évidemment les producteurs, pas fous pour deux sous (quoique…) lance la suite, plus gore, plus flippante, plus tout quoi !

D’emblée, la question qui se pose est : comment remplacer James Wan ? Il est sympa le bougre, mais il faut quelqu’un de plus expéditif, qui se dévouerait complètement au scénar c’est-à-dire un enchaînement de tortures qui servirait de fil conducteur à une enquête. Darren Lynn Bousman fait alors son apparition, spécialiste du clip et de la pub qui séduit les producteurs par sa mise en scène rapide et stylisée. Sans trop lui jeter des fleurs, il lui arrive de vraiment nous faire stresser et nous faire mal, comme cette scène insoutenable de fosse remplie de seringues dans laquelle une actrice est propulsée pour trouver une clé. Bon évidemment, c’est pas la grosse folie non plus, le style de James Wan passant presque pour du sobre à côté mais bon, à défaut ne nous en plaignons pas.

Côté production, on met les petits plats dans les grands : bouclé en 25 jours sur un seul plateau ultra-sécurisé, les acteurs ne se sont vus remettre que le strict minimum du scénario, et plusieurs fins ont été écrites et tournées. L'acteur Donnie Wahlberg explique : « Sur le tournage, l'ambiance était parfois très étrange. Darren ne faisait pas que nous diriger, il nous manipulait aussi parfois, un peu à la manière du Tueur mais avec beaucoup plus de gentillesse et d'humour ! Nous avons tourné des scènes dont nous ignorions si elles feraient partie de l'intrigue finale. Il n'y a pas que les spectateurs qui sont angoissés avec cette histoire ! » Et déjà on regrette qu’un tel travail de préparation n’est pas été fait en amont du scénario ! Même s’il se veut innovant (8 victimes au lieu de 2) il n’en est pas moins répétitif, semblable au premier opus et, pire encore, sans réelle surprise. Ce qui faisait le charme du tueur disparaît peu à peu, pour le si peu qu’il joue dedans cette fois ! La clé du succès pour les producteurs ne résidait pas dans l’ambiance du film mais dans les scènes angoissantes d’épreuves : soit, en veux-tu en voilà, même si c’est irréaliste.

Un petit mot sur les acteurs ? Bof, à peine plus convaincants que les précédents comme si le but du film était (sans aucun doute) d’investir le minimum pour gagner le maximum. Quelques personnages auraient gagnés à être mieux exploités, mais il y en a quand même bien deux ou trois qui tirent leur épingle du jeu. A défaut, une fois encore, on s’en contente.

Une suite décevante mais moins dramatique que ne le sera Saw 3, avec lequel on approche la redéfinition du chaos cinématographique. Mais quand je dis « moins décevant », ce n’est quand même pas très flatteur…

Note : *

Saw 3


Saw 2 avait le mérite d’innover en opposant non plus deux ahuris dans une salle de bain un peu poussiéreuse mais bien 8 pantins dans une maison qui ressemble à un kot d’étudiant un lendemain de baptême. Alors, que propose le troisième opus ? Que dalle, c’est bien simple. Enfin si allez : cette fois, ce n’est plus qu’une seule victime (d’où l’intrigue qui se pose lorsqu’on voit les deux premières exécutions, sans lien avec le reste du film) qui n’a plus une seule épreuve pour sauver sa peau mais une quantité d’épreuves pour sauver son âme et, accessoirement, la vie de personne qui ont foutu la sienne en l’air. Je ferai l’impasse sur le final qui, en raisonnant un peu, vous apparaîtra dès la fin de la première moitié du film…

Le reste ? Comme le précédent film, le scénario tient sur une feuille de charge, celle des exécutions morbides à faire vomir Charles Manson et sa famille. De ce côté-là, il faut bien reconnaître que les tortures sont de loin les plus glauques de la série, cette espèce de « trépanator » qui consiste à tordre à 180° les membres ainsi qu’en bouquet final votre petite tête. Une chose est sûre : si les scénaristes n’ont aucun sens de la narration (flash-back inutiles, mauvaise gestion du temps, ellipses incohérentes) ils ont le goût du morbide crados.

Surtout que la mise en scène de Bousman (no comment sur ce nom symbolique) ne sauve absolument pas le récit : ça bouge tout le temps, ça zoome, ça dézoome, ça accélère, ça contourne l’action, bref ça se veut « djeun’s » en filmant façon clip mais en réalité, c’est bel et bien la mise en scène qui file le mal d’estomac et pas ce qui se passe à l’écran. Le clou du spectacle vient lors d’une séquence de trépanation, étonnamment sobre mais voyeuriste, plus hard encore que les jeux de Jigsaw… un comble. En parlant de Jigsaw, cette fois c’est décidé Saw n’a plus son charme : comment oublier ce pantin lugubre sur son tricycle ? A nouveau, le manipulateur diabolique est montré visage découvert, pire alité à cause de son cancer ; franchement, ça vous effraie vous un mec de 60 piges à ras de prier pour ne pas se pisser dessus avant qu’on lui apporte un urinoir ? Moi pas.

La seule bonne idée du film réside en fait dans sa promotion : alors qu'une campagne de dons du sang a accompagné la sortie du long métrage, une affiche a été imprimée à partir du sang du comédien Tobin Bell, interprète du machiavélique Tueur au puzzle. Une fois obtenus l'accord du comédien et les recommandations de la Santé Publique (port de gants et de masques obligatoire pour les imprimeurs et designers), l'affiche a donc été élaborée à partir d'une mixture mêlant hémoglobine et encre rouge. Imprimée à 1 000 exemplaires, l'affiche obtenue a été vendue aux enchères, dont les profits ont été reversés à la Croix Rouge.

Maintenant la véritable angoisse du film, le truc qui fout réellement les jetons : au terme du week-end de la sortie américaine de Saw 3 (meilleur démarrage de la franchise avec 34,3 millions de dollars de recettes), le studio Lionsgate a officialisé Saw 4 ! Prévisible vu la fin du film, mais quand même celui qui va se coltiner le scénar… le pauvre…

Note : 0

Saw


Le succès inattendu de 2004 que ce Saw.

Il faut dire que le film débute très bien : après avoir été préalablement drogué, un pauvre quidam se réveille enchaîné dans une salle de bain désaffectée. En face, un autre inconnu dans la même situation, et au centre, un cadavre baignant dans son propre sang, une arme à la main. C’est alors que Jigsaw, serial killer sans vraiment l’être, annonce la couleur : l’un des deux détenus devra tuer l’autre pour pouvoir survivre. « Let the game begin ! »

A noter que Saw est un premier film, indépendant de surcroît. Au programme donc : acteurs peu ou pas connus, décors limités, b.o. composée par les soins d’un ami des réalisateurs, budget très serré donc peu d’effets de style… Sauf qu’ici, le sort en a décidé autrement ! Ayant Danny Glover en tête d’affiche, musique composée par un membre des Nine Inch Nails, esthétique très travaillée, effets visuels clipesques… Rien n’a été laissé au hasard pour ce film qui à la base était un projet « direct to video ».

Voici donc comme transformer un thriller relativement basique en grosse claque. Le secret est de mélanger une foule de référence, histoire de séduire autant les cinéphiles que les amateurs du genre. C’est comme ça que dans un esprit et une esthétique très Seven, James Wan distille ça et là les références aux grands polars et autre films d’horreur, le plus souvent signés Dario Argento, ainsi qu’un final digne d’Usual Suspects, forcément diminué par le fait que le film ait une suite…

Il n’empêche que malgré ça, les acteurs ne sont vraiment pas top, hormis Danny Glover, sans doute parce qu’il est le plus expérimenté. C’est dommage d’ailleurs, étant donné que le reste du film vole assez haut.

Il y a en effet la réalisation, digne d’un professionnel du genre. Tout en s’inspirant de Sevn donc, James Wan parvient à s’en détacher, chose rare, pour imposer un petit monde personnel. Bien sûr, certaines erreurs auraient pu être évitées, de même que le montage du film se la joue « clipesque » pour être à la mode, mais en définitive, on retient plus l’ambiance angoissante du film. Sans oublier cette facilité à nous transformer, nous spectateurs, en témoin voyeuristes des scènes de crime sans pour autant que l’on s’en sente coupable. Ce qui peut s’avérer effrayant.

Reste le scénario qui, malgré plusieurs incohérences, parvient à tenir le spectateur de bout en bout, sans tirer forcément sur la longueur. L’atrocité des jeux de Jigsaw est d’ailleurs particulièrement travaillée, et pousse à redéfinir la notion du Mal : Jigsaw est-il vraiment un meurtrier, étant donné qu’il ne tue personne ? Ou sommes-nous nous-même des êtres maléfiques ayant besoin d’être remis dans le droit chemin (comme cette junkie redevenue clean après avoir survécu…) ?

Un premier film surprenant donc, qui ne méritait peut-être pas tout le bruit que l’on en a fait, mais qui méritait assurément de ne pas passer inaperçu.

Note : ***